Les triathlètes luxembourgeois vont petit à petit se lancer. À commencer par Gregor Payet, le seul à pouvoir vraiment viser une place individuelle aux JO chez les messieurs.
C’est l’année où tout peut se passer pour le triathlon luxembourgeois. Dans l’absolu, la discipline pourrait même avoir quatre représentants à Paris. Même si, il faut bien le reconnaître, ce serait un véritable exploit. On fait le point.
C’est au sud de Fuerteventura que l’équipe nationale a établi sa base. Pendant quatre semaines pour Gregor Payet, qui a été rejoint pour plus de deux semaines par les jeunes pousses de Cyrille Eple. Si Payet est parti plus tôt que les autres, c’est parce qu’il entame sa saison plus tôt, à savoir dès samedi, à Napier, en Nouvelle-Zélande.
Les autres élites ne sont pas venus. Bob Haller, qui vit une période très compliquée, est tombé malade en stage puis s’est fait une entorse, Stefan Zachäus, qui a contracté la maladie de Lyme, est resté à Sarrebruck, Jeanne Lehair se prépare avec son groupe d’entraînement au Portugal, où elle a été rejointe en début d’année par Lucas Cambrésy, qui a décidé de tenter l’aventure pendant quelques mois, lui qui n’avait plus vraiment de partenaire avec qui s’entraîner au Luxembourg. Enfin, Eva Daniëls est toujours en train de récupérer de ses problèmes de commotion cérébrale survenus à la suite de sa lourde chute à l’entraînement en août 2022 quand elle a été renversée par une voiture.
À Fuerteventura, Gregor Payet s’est bien préparé. Et a également fait office de grand frère pour la jeune génération, les David Lang, Linda Krombach, en plein boum actuellement, ou encore Mara Krombach pour ne parler que d’eux : «Les jeunes sont restés un peu plus longtemps que d’habitude. Ils progressent bien. Il faut jouer sur différents leviers», explique l’entraîneur national.
Cyrille Eple est d’ailleurs revenu avec un souvenir un peu particulier des Canaries : «La veille de mon anniversaire, première sortie à vélo, je roule avec les jeunes. Je suis en train de régler le GPS et Mara à côté me dit de faire attention, car il y a de gros trottoirs. J’ai fait un soleil au bout de 300 m et je me suis cassé le coude. J’ai quand même fini la sortie de 50 bornes. Le lendemain, je suis allé passer des radios et j’ai été immobilisé pendant 15 jours. J’ai dû m’adapter.»
Au retour, il a passé de nouvelles radios en début de semaine, la fracture a commencé à cicatriser : «La semaine prochaine, ça devrait aller.»
Objectif top 15-20 en Nouvelle-Zélande
Tout le monde n’a pas le même rythme de préparation. On l’a dit, Gregor Payet est en avance sur les autres car il doit performer samedi à Napier : «On a décidé de venir ici pendant le stage de Playitas au début du mois. À la suite d’une petite blessure cet hiver, Gregor avait pris un peu de retard dans sa préparation. Mais on a fait quelques bonnes séances au stage qui nous ont mis en confiance. On a choisi d’arriver au dernier moment pour perturber le moins possible la préparation globale», explique le DTN Thomas Andreos, présent sur place.
Et d’ajouter, à propos de l’épreuve kiwi : «Ce devrait être la Coupe du monde la moins dense de la saison à cause de l’éloignement. Pour Gregor, il faudrait réaliser quelques tops 20 et un top 15 ici, ce serait super.» Actuellement tout près d’un spot olympique, il va devoir multiplier les compétitions et les bonnes perfs pendant trois mois, jusqu’à la fin de la période de qualification olympique, au mois de mai.
Pour rappel, cette période s’étale sur deux ans au cours desquelles au maximum 12 courses sont validées à raison de 5-7, 6-6 ou 7-5 : «Le but de la saison, c’est de se qualifier pour les JO. C’est pour cela que je suis venu en Nouvelle-Zélande, pour essayer tôt dans la saison de prendre des points. L’objectif, c’est de prendre un bon départ dans la saison et voir ma forme après un bon stage à Fuerteventura.»
Après la Nouvelle-Zélande, il espère être deux semaines plus tard sur la WTCS d’Abou Dhabi, qui verra la rentrée de Jeanne Lehair. Il enchaînera ensuite fin mars avec une Coupe du monde à Hong Kong (le 24 mars), en compagnie de Stefan Zachäus et Bob Haller. Suivant les résultats, il prendra ensuite ou non la direction de l’Australie (Wollongong le 24 avril) puis de la Chine (Chengdu le 29 avril).
En mai, il y aura, si tout va bien, la WTCS de Yokohama (le 11 mai) et la semaine suivante, le même jour, soit le relais mixte à Huatulco, qualificatif pour les Jeux. Soit la Coupe du monde de Samarkand. Avant de terminer la période de qualification olympique à Cagliari, sur une WTCS (le 25 mai).
À l’heure actuelle, Jeanne Lehair est virtuellement qualifiée pour Paris. La championne d’Europe va essentiellement se concentrer sur les WTCS et sur les Jeux. Elle se tient à disposition pour le relais. Mais pour se qualifier, il faut prendre l’une des deux premières places à l’épreuve qualificative de Huatulco : «Si on arrive avec une équipe au top, ce sera déjà très compliqué», expliquent les officiels.
En clair, ils décideront à la dernière minute si le jeu en vaut la chandelle. Tout dépendra notamment de l’état de forme d’Eva Daniëls, qui a suivi un traitement très spécifique en Suisse et qui n’a pas encore repris l’entraînement.
La relève est déjà là
Si les JO sont bien sûr le point culminant de la saison, il ne faut pas non plus oublier les autres. Et notamment les jeunes. Contrairement à d’habitude, où ils allaient chercher très tôt dans la saison une Coupe d’Europe, cette fois, on va prendre le temps.
Les deux fers de lance de la nouvelle génération, à savoir Mara Krombach, qui est de retour après un bon break qui lui a fait beaucoup de bien et qui a toute une équipe médicale autour d’elle et David Lang, qui est en train d’exploser sur la scène internationale (5e aux championnats d’Europe espoirs l’an passé), ont tous les deux décidé de passer leur bac en deux ans. Ce qui leur permet de se concentrer encore plus sur le triathlon.
Quant à Linda, la petite sœur de Mara, elle est en super forme à l’image de son fantastique record national du 1 500 m à la fois U18 et U20 (4’31« 39), qui la qualifie pour les championnats d’Europe U18 en Slovaquie. Le tout, alors qu’elle n’a que… 17 ans. Elle devrait s’aligner sur les championnats de France de sa catégorie, où elle avait terminé deuxième l’an passé.
Tout ce petit monde a pour but de continuer de progresser. Un David Lang va préparer les championnats du monde juniors en octobre et l’idée est peut-être de le mettre sur une ou deux Coupes d’Europe chez les élites. Avant un passage par la case armée en septembre 2025, une fois qu’il aura son bac en poche. Avec, déjà en point de mire, l’objectif des JO de Los Angeles en 2028 : «Maintenant, on a un peu de recul et d’expérience. Avec Thomas, on sait qu’il ne faut pas aller trop vite. Il y a tout le côté stratégique à gérer», indique encore Cyrille Eple.
Pour les jeunes, le premier gros rendez-vous de la saison est fixé au mois d’août, avec les championnats d’Europe. D’ici là, il y aura beaucoup d’entraînement. Et quelques courses de préparation. Notamment une en mai et la Coupe d’Europe de Holten, fin juin. Bref, un programme chargé pour les triathlètes luxembourgeois.