Contador, leader depuis la veille quand le jeune Slovène Polanc s’était imposé en solitaire, a gardé sa place tout en haut du classement, sans céder de temps à ses adversaires directs, mais n’a pu revêtir le maillot rose sur le podium protocolaire en raison d’une douleur qui le gênait visiblement à l’épaule gauche.
Alberto doit aller passer des examens », a annoncé le manager de l’équipe Tinkoff, l’Italien Stefano Feltrin, en précisant que le Madrilène était touché principalement à l’épaule et à un genou.
En faisant l’impasse sur les journalistes, Contador est monté dans une voiture de son équipe pour rejoindre son hôtel distant d’une vingtaine de kilomètres à Punta Ala : « Avant toute chose, il doit être examiné par notre médecin, le Dr Piet Daneels », a ajouté Stefano Feltrin sans vouloir s’avancer sur les chances du favori du Giro de poursuivre la course.
Car la prochaine étape, la plus longue de cette 98 e édition, propose un parcours marathon de… 264 kilomètres entre Grosseto et Fiuggi, à l’est de Rome.
Contador a fait une cabriole à près de 200 mètres de la ligne. Il s’est retrouvé au sol, en même temps que d’autres coureurs, dans la vague provoquée par la chute, de l’autre côté de la route, de l’Italien Daniele Colli, le plus sévèrement touché. Une chute apparemment provoquée, d’après les images TV et plusieurs témoignages, par le zoom d’un photographe amateur.
La question de la sécurité a été inévitablement reposée. Dans la deuxième étape, dimanche dernier, c’est l’irruption imprévue d’un spectateur à vélo, à une douzaine de kilomètres de l’arrivée à Gênes, qui avait provoqué une chute collective.
Le règlement stipule la neutralisation des écarts pour les coureurs victimes de chute ou d’incident mécanique dans les trois derniers kilomètres (sauf pour les arrivées au sommet). De ce fait, le porteur du maillot rose a été classé dans le même temps que les premiers.
La victoire du «Gorille»
Le sprint s’est conclu en faveur de Greipel qui a devancé nettement les Italiens Matteo Pelucchi et Sacha Modolo au terme de cette étape de 183 kilomètres, intégralement en Toscane.
Le «Gorille» (le surnom de Greipel) de 32 ans a respecté la tradition voulant qu’il enlève une étape à chacune de ses participations au Giro.
Déjà victorieux en 2008 et en 2010 dans la course italienne, il a remporté son 13 e succès dans les grands tours (6 étapes du Tour de France et 4 de la Vuelta) : « J’ai maintenant le maillot rouge du classement par points, mais ce n’est pas mon objectif premier. Ce que je veux, c’est gagner des étapes », a déclaré Greipel, vainqueur pour la quatrième fois de la saison.
La prochaine arrivée, jugée en légère montée (3 à 4 % de pente), lui sera moins favorable. Mais, pour le Giro, le suspense tient avant tout à l’avenir immédiat de Contador qui, à 32 ans, s’est lancé cette saison dans le défi de réussir le doublé Giro-Tour.
La veille, Albero Contador avait pris les commandes sous le ciel bleu d’Abetone, une station de ski de moyenne altitude (1 386 m) qui marque la limite entre la Toscane et l’Émilie-Romagne.
Contador, dans son style sautillant, avait lancé les hostilités à l’approche des 5 derniers kilomètres de l’ascension finale (17,3 km à 5,4 %). Aru et Porte sont revenus sur lui avant que Landa, dans un deuxième temps, se sacrifie pour dicter l’allure jusqu’au dernier kilomètre.
L’offensive n’a pas remis en cause le succès de Polanc (23 ans), un coureur de l’équipe Lampre qui s’est montré le plus fort du quintette échappé dès la première heure de course.
Mais, en imposant un long effort terminal à Contador et à Porte, Aru a terminé sur les talons du Français Sylvain Chavanel, autre membre de l’échappée et deuxième de l’étape.
Après l’arrivée, le Madrilène a plaisanté sur le fantasme d’un moteur caché : « Je n’ai pas un moteur, j’en ai cinq! » Il a défendu ce choix de changer de matériel (« C’est une bonne chose pour le cyclisme »), autorisé par le règlement dès lors que le vélo peut être dûment contrôlé.
AFP