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Tour des Flandres – Forcément, ça ouvre des perspectives


La plupart des prétendants au siège laissé vacant par Fabian Cancellara se sont prêtés au jeu de la conférence de presse, vendredi. Un rituel de bon aloi. Rien de plus qu’une formalité qui ne renseigne cependant en rien sur la manière dont le Tour des Flandres va se dérouler, dimanche.

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Geraint Thomas et sa garde des Sky ont le champ libre. Vraiment ? (Photo : DR)

Le tenant du titre a beau ne pas être là physiquement, puisque blessé, on a néanmoins beaucoup reparlé de lui ces derniers temps. D’abord par la résurgence des soupçons concernant son éventuelle utilisation d’un moteur lors de son doublé Tour des Flandres-Paris-Roubaix… version 2010 ! Nos confrères de L’Équipe sont revenus dessus dans un dossier de deux pages nourries par la remarque de la Commission indépendante du réforme du cyclisme, qualifiant cette hypothèse comme « un problème très sérieux ».

Longtemps après les faits et après plusieurs de ses victoires qui avaient suivi, on entendit le Bernois répondre de sa voix profonde : « Oui, le moteur, je l’ai bien, un moteur dans les deux jambes… »

Cela remonte à cinq ans, mais le souvenir de son irrésistible attaque au Grammont, clouant sur place un Tom Boonen incapable de suivre son rythme fou, trotte encore dans toutes les têtes. Psychologiquement, ce jour-là, Spartacus avait littéralement mystifié tous ses adversaires. Alors, bien plus tard, ces deux dernières années, pour être exact, lorsque le coureur suisse est de nouveau parvenu à inscrire son nom au palmarès, l’histoire des soupçons de son utilisation en 2010, d’un moteur, est à chaque fois revenue alimenter les rumeurs.

Comme cette fois-ci, Cancellara sera chez lui, bien au chaud et devant sa télé, on ne pourra pas le soupçonner de quoi que ce soit. Un appréciable répit, car évidemment, la polémique est appelée à rebondir dès que le Suisse qu’on devine sur le déclin, si on en juge par la dernière édition de Milan-San Remo où il paraissait moins incisif que d’ordinaire, refera sa réapparition. Sa chute survenue vendredi dernier dès les premiers kilomètres du Grand Prix E3 qu’il quitta avec une fracture de deux vertèbres a eu le don de libérer les énergies.

> Le contre-exemple de Paolini

De la même façon que son éternel rival, Tom Boonen, avait semblé sur le déclin lors de l’ouverture flandrienne (sur le Het Nieuwsblad), avant lui aussi de chuter lourdement (sur Paris-Nice) et de devoir renoncer aux classiques, cette double absence ne pouvait que favoriser l’appel d’air déjà observé. La jeune génération impulsée par Zdenek Stybar et Geraint Thomas, impérial à Harelbelke, était en train de renvoyer les vieux et leurs vieilles histoires crapoteuses au rancart. Vite, du balai !

Mais voilà que ce bon vieux Luca Paolini s’est rappelé au bon souvenir de tous en remportant voici pile une semaine un Gand-Wevelgem d’anthologie. Il n’a pas rendu service à ses pairs, le coureur italien. Comment faire désormais pour rendre la course aussi belle ?

On peut parier les yeux fermés que ce sera tout bonnement mission impossible. Mais bon, les plus grandes classiques flandriennes restent à gagner. Et le Gallois Geraint Thomas aura ce dimanche une très belle pancarte dans le dos. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il s’imposera. « Il est au-dessus du lot, c’est clair et net. Mais derrière, il y une dizaine, voire une quinzaine d’outsiders qui peuvent s’imposer », rappelle un Jempy Drucker qui s’exclut de la liste. C’est vrai que les Stybar, Terpstra, Vanmarcke et bien sûr Kristoff semblent avoir dans les jambes un possible succès.

Le coureur luxembourgeois, pour revenir à lui, aura en effet la lourde tâche de porter son leader Greg Van Avermaet vers un succès auquel le coureur flamand aspire naturellement. Alors, s’il le peut, mais ce ne sera clairement pas la priorité, Jempy Drucker se contentera d’une place d’honneur.

Tout permet de croire, vu ses précédentes sorties, que le coureur de l’équipe BMC peut bien faire dimanche entre Bruges et Oudenarde. Son principal moteur ? S’installer durablement dans la galerie restreinte des spécialistes des classiques flandriennes dont le « Ronde » est manifestement la plus marquée, la plus courtisée, même si dans une semaine, il sera question de Paris-Roubaix. Une autre histoire…

De notre journaliste Denis Bastien