Depuis la 29e place de Nic Frantz en 1926, les Luxembourgeois n’ont plus connu de top10, mais cela paraît justement dans les cordes de Jempy Drucker ce dimanche. Chiche…
Jempy Drucker (2e en partant de la gauche) était hier en reconnaissance sur le Tour des Flandres où son leader, Greg Van Avermaet (à droite), imprime le rythme. (Photos AFP)
Mine de rien, ça fait bien longtemps quand même qu’un coureur luxembourgeois n’est pas parvenu à rentrer dans le top 10 d’un Tour des Flandres. Au fait, combien de temps exactement ? Euh, dimanche, cela fera 89 ans précisément. C’est à dire une éternité…
Même dans l’ère moderne du cyclisme luxembourgeois, les coureurs grand-ducaux eurent toutes les peines du monde à bien y figurer. Et Jempy Drucker nous le rappelait dans notre entretien du mercredi : il n’a réussi à finir le Ronde qu’une seule fois, lors de sa première saison chez les pros de Vérandas Willems (il termina 102e).
Ces 20 dernières années, seulement cinq coureurs ont pris part au Tour des Flandres. On passe sur Ben Gastauer pour qui ce fut un passage imposé dans sa première saison pro. Le Tour des Flandres, c’était la course fétiche de Tom Flammang. Trois fois, il prit le départ (2001, 2002 et 2003). Trois fois, l’ancien coureur de Cofidis fut contraint à l’abandon.
Kim Kirchen était du même avis. Le Tour des Flandres était sa classique préférée, ou du moins sa plus fantasmée. Ses qualités de grimpeur-puncheur lui permettaient de rêver. Mais la réalité fut assez cruelle pour le vainqueur de la Flèche Wallonne 2008. La première fois, en 2001, il abandonna. La deuxième, trois ans plus tard, (87e), il donna l’impression de danser sur les pavés, pas vraiment à son aise.
La dernière, en 2007, pour sa dernière saison chez T-Mobile, il aborda l’épreuve avec de solides ambitions, mais sembla se consumer sur le final alors que jusque-là, tout s’était à peu près bien passé. « Kim était sans doute le coureur de notre génération qui possédait le plus de classe et de force. Et je pense qu’il avait les qualités pour briller sur le Tour des Flandres où les grimpeurs ne sont pas exclus à condition qu’ils passent bien les pavés, ce qui est rare. Mais le problème pour lui, c’est que généralement, il s’éteignait après le seuil des 200 kilomètres », nous explique Benoît Joachim.
> « Pour se placer, Jempy devra anticiper »
Le Mondercangeois, avec sa 31e place de 2003, est celui qui, chez les jeunes retraités, affiche donc le plus grand vécu sur le « Ronde ».
Lui aussi rêvait de bien faire. Mais son statut d’équipier ne l’a pas aidé. « J’ai souvent dû bosser pour des leaders qui s’appelaient George Hincapie, Leif Hoste et Stijn Devolder. C’est clair que lorsqu’on travaille comme équipier, on ne peut pas vraiment viser une place. Ou alors il faut bénéficier de circonstances particulières. Personnellement, ce sont souvent les jambes qui ne suivaient pas. Je me souviens qu’en 2004, j’étais dans l’échappée matinale. Avec une vingtaine de coureurs. Dont Leif Hoste qui a fait deuxième.
Cette année-là, j’ai lâché prise au pied du Mur de Grammont. Hoste était juste un poil mieux, ça se jouait à pas grand-chose… », souligne-t-il avant de rappeler les clés du « Ronde ».
« Le Tour des Flandres pour les Flamands, c’est le top du top. Une classique où il faut savoir frotter, être adroit sur le vélo et aussi avoir de l’endurance et être capable de grimper des bosses. Ce qui n’est pas utile, par exemple, sur un Paris-Roubaix. C’est une classique à part. Si on la compare par exemple à l’Amstel, un coureur qui finit à Valkenburg à deux minutes du vainqueur peut passer une journée assez tranquille. Pas sur le Tour des Flandres où tous les dix kilomètres, à partir du Vieux Quaremont où la course démarre vraiment, des mecs passent par la fenêtre. C’est une classique d’un tout autre calibre, il suffit de regarder les podiums. »
Et que pense-t-il de Jempy Drucker ? « Il réalise une bonne saison chez BMC et continue de progresser. Il aime frotter et ça se voit. Sa forme est bonne, mais s’il veut accrocher le bon wagon, il devra anticiper un peu et je ne sais pas si ce sera possible pour lui en tant que qu’équipier. S’il accroche le bon wagon, ce qui est possible, il peut se faire une place car il va vite au sprint. »
Denis Bastien