Jempy Drucker a perdu son maillot sur chute dans le final très nerveux de la deuxième étape vendredi. Heureusement, c’est son coéquipier de BMC Philippe Gilbert qui s’est imposé. Mais le Néerlandais Maurits Lammertink endosse le maillot jaune.
Ce samedi matin, au départ de la troisième étape du côté d’Eschweiler, Jempy Drucker est redevenu le coéquipier zélé de Philippe Gilbert. Il roulera sans compter pour permettre à l’ancien champion du monde de venir bousculer, à Differdange et si ça ne suffit pas, ce dimanche, sur le circuit final de la dernière étape, Maurits Lammertink, le nouveau leader du Skoda Tour.
Voici deux ans, Jempy Drucker prenait le maillot jaune dans cette deuxième étape finissant par cette rampe sèche sur les hauteurs de Schifflange. Vendredi, c’est avec la mine sombre, qu’il a passé la ligne d’arrivée. Il semblait avoir été mis K.-O. debout, par le choc d’une chute sourde, violente, comme cela arrive parfois dans un final tourmenté, nerveux, forcément électrique lorsque l’étape et une partie du classement général, se jouent un kilomètre plus haut, quelques lacets plus loin.
Ce n’est pas nouveau, c’est parfois la règle de la jungle dans le final des courses professionnelles. Un coureur sans foi ni loi, que Jempy Drucker a préféré ne pas désigner, « un autre coureur, je ne sais même pas de qui il s’agissait », donc, est venu lui couper la trajectoire en plein virage, alors qu’il suivait avec assiduité la roue de Philippe Gilbert. Un voyou dont l’action eut comme conséquence de projeter le maillot jaune dans les rembardes. « J’ai été projeté contre les balustrades et j’ai heurté violemment un poteau. Ce fut pour moi, un arrêt sec et net… », expliquera-t-il en soirée.
D’autant plus que son vélo était brisé et inutilisable. Le temps de se faire dépanner, alors qu’une déviation avait déjà fait bifurquer la colonne des voitures suiveuses, cinq minutes s’étaient écoulées lorsqu’il mit un terme à son chemin de croix.
Sans un mot ni un regard pour tous ces spectateurs interdits qui compatissaient à sa propre souffrance. Loin derrière son coéquipier, Philippe Gilbert, lequel, dans un parfait contraste comme peut nous l’offrir le cyclisme, brandissait les bras au ciel en signe de renaissance, après une kyrielle de pépins qui ont pourri son printemps.
La performance d’Alex Kirsch
Oui, la chute de Jempy Drucker dans les rues de Schifflange au bas de la bosse d’arrivée, a changé la face de ce Skoda Tour de Luxembourg.
Ce samedi matin, vu d’ici, on ne s’interroge pas sur le fait de savoir si Jempy Drucker pourra garder son maillot sur les épaules jusqu’à dimanche. C’est définitivement plié. « Ce n’est pas l’idéal pour moi, mais bon, c’est le vélo », dira-t-il encore, quand même bien meurtri. À défaut, tant mieux, d’être touché dans sa chair.
Il lui restera néanmoins son succès dans le prologue. Et l’envie chez ce professionnel aguerri de donner en retour, un coup de main à son coéquipier et leader wallon.
On se demandera également si Alex Kirsch, troisième de l’étape et désormais troisième du général, à égalité de temps avec ce même Philippe Gilbert, à quelques neuf secondes de Maurits Lammertink, le nouveau maillot jaune, pourrait, pourquoi pas, créer une énorme surprise.
Voilà pour le prisme luxembourgeois. Et les enjeux d’un long week-end qui promet une chaude bagarre. Mais après le coup du sort qui a frappé l’équipe BMC, on peut avancer, sans prendre le risque de se tromper que l’équipe BMC va désormais mener la vie dure aux Néerlandais de Roompot qui ne seront sans doute épargnés de rien, à partir de ce samedi sur le difficile tracé differdangeois.
C’est évidemment l’ancien champion du monde belge qui redevient le favori d’une course redevenue imprévisible. « Dommage pour Jempy, le final était chaotique et on s’est perdu de vue. J’ai entendu un bruit derrière moi et j’ai seulement pris connaissance de la chute de Jempy dans l’oreillette alors que je me trouvais dans les derniers hectomètres. »
C’est avec le même sang-froid qu’il s’était imposé, permettant ainsi à son équipe de ne pas tout perdre. « Il n’y a pas de petite victoire et bien sûr que je suis heureux de renouer avec le succès, d’autant plus que j’avais un point d’interrogation au départ de cette épreuve », disait en boucle l’Ardennais qui n’avait plus gagné depuis le Tour de Murcie, le 13 février dernier. Une chute sur Het Nieuwsblad (douleurs dorsales), puis une altercation en avril avec un automobiliste lors d’une séance d’entraînement, se soldant par la fracture d’un doigt de la main gauche, avaient salopé son printemps.
On ne voit pas l’été venir, mais Gilbert redevient Gilbert. Reste qu’il lui faudra encore pouvoir déloger Maurits Lammertink, 25 ans, le nouveau maillot jaune. Il ne paye pas de mine, mais ses résultats cette saison démontrent une certaine consistance (7e de la Flèche Brabançonne, 16 e de l’Amstel) et une aisance affirmée dans les bosses. Il faudra donc sans doute un grand Philippe Gilbert…
Denis Bastien