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[Tour de Luxembourg] Démare sur la sécurité : « il n’y avait pas les mesures nécessaires »


Arnaud Démare s'est montré le plus fort hier à Hesperange devant Jasper Philipsen (à g.) qui a eu une belle frayeur en début d'étape (Photo : Jeff Lahr).

Arnaud Démare revient sur son 10e succès de la saison et la neutralisation d’une partie de cette 2e étape, mais aussi sur la forme de son équipier Kevin Geniets qu’il voit bien jouer sa carte.

Maillot de champion de France sur le dos, casquette vissée sur le crâne, Arnaud Démare s’est présenté hier derrière le podium, en zone mixte, avec le sentiment du devoir accompli après le sprint victorieux où il a devancé Jasper Philipsen (UAE) et Alexander Krieger (Alpecin-Fenix). Un succès quelque peu éclipsé par un mouvement de contestation qu’il met lui-même en lumière : «La sécurité est un point essentiel.»

Une belle victoire au sprint au terme d’une journée un peu spéciale…
Arnaud Démare : Très content de cette victoire, la dixième, avec vraiment un collectif très fort. Ça s’est fait sur 40 km de course. Pour en revenir à la neutralisation de l’étape, les coureurs ont poussé un coup de gueule en raison de la présence, hier et encore ce matin, de plusieurs véhicules sur la course. On l’avait signalé hier (mardi) et ce matin (hier) l’ensemble des coureurs a décidé de s’arrêter et de s’expliquer avec l’organisation. Je sais que c’est triste : on est conscient de la difficulté que représente l’organisation d’une course, mais la sécurité est le deuxième point le plus important. Et aujourd’hui (hier), c’était dangereux.

Revenons un instant sur ce sprint, vous avez été bien aidé par vos équipiers…
Vraiment une équipe solide qui a fait le travail à la perfection. On savait que le final était très sinueux. On y est passé deux fois avant. Dans les 500 derniers mètres, j’étais encore très bien placé dans la roue de Ramon (Sinkeldam) et Jacopo (Guarnieri). Ensuite, j’ai fait le sprint qu’il fallait pour l’emporter.

Pas les mesures nécessaires pour pouvoir s’exprimer sans danger

La question de la sécurité est-elle réglée pour ce jeudi?
Je ne sais pas. Je sais juste que dans le final d’aujourd’hui (mercredi), c’était encore compliqué avec des voitures garées en sens inverse. Il faut trouver une solution, car, malheureusement, c’est dangereux.

Faut-il s’attendre à ce que les coureurs prennent eux-mêmes une décision ?
Nous sommes acteurs, nous sommes là pour faire la course, mais quand notre sécurité est mise en danger, il faut dire stop. Entre hier et aujourd’hui, il n’y avait pas les mesures nécessaires pour pouvoir s’exprimer sans danger.

Les coureurs repartiront-ils demain matin (ce jeudi) ?
Moi, je veux courir, j’ai besoin de courir. Ça ne me plaît pas de faire une journée comme aujourd’hui. Je suis très déçu, mais, malheureusement, il faut le faire savoir. Et donc le dire. Je ne suis pas tout seul à le penser, même si là je m’exprime en mon nom. Le peloton s’est arrêté. À ce moment-là, j’étais à l’arrière, j’ai vu des bras se lever et j’ai compris. Et bien sûr, je comprends. Je partage la situation de tout le monde. Je le dis et le répète : c’est dur de dire ça à une organisation dont c’est tout à son honneur d’organiser une course. Les routes sont magnifiques, on a un temps exceptionnel : on a tout pour avoir une superbe course, mais la sécurité reste un point très important à régler. Après, comme je l’ai dit, je veux courir. J’ai le Giro à préparer et je viens d’avoir quatre jours de coupure. J’ai le besoin et l’envie de courir. Mais si le problème n’est pas réglé, ce n’est pas moi qui déciderai, mais le peloton voudra encore s’arrêter.

Le conducteur ne savait pas qu’il y avait une course de vélo

Qui est à l’origine de ce mouvement de contestation ?
J’ai vu les mains se lever après le passage d’une voiture sur la gauche du peloton. Je pense que la personne s’est retrouvée un peu en mode panique. Visiblement, elle ne savait pas qu’il y avait une course de vélo. Elle a dû croire qu’on s’entraînait. Du coup, elle accélère, double le peloton, puis redouble l’échappée qui se trouvait devant. Juste après, en 500 m, tout le monde s’est arrêté. On n’a pas mis deux kilomètres à discuter… Tout le monde est allé dans le même sens.

Comment voyez-vous Kevin Geniets sur ce Tour de Luxembourg ?
Kevin est très fort et c’est un excellent équipier. Il a été un élément essentiel lors de mon succès au Tour de Wallonie. Après les championnats de Luxembourg, on le sait, il était en pleine bourre. Je pense que sur ce Tour de Luxembourg, s’il y a une occasion un peu punchy qui se présente, Kevin sera là.

Comme l’étape de vendredi ?
Vendredi ou samedi, qui sera difficile. Il va monter en puissance.

Mardi soir, il regrettait de ne pas avoir pu jouer le coup à fond en raison d’une double crevaison à moins de 15 kilomètres de l’arrivée…
Il avait carte blanche dans la dernière bosse. Je lui avais dit « si tu y vas, j’essaie de te suivre. Si je n’y arrive pas, c’est que je ne peux pas gagner ». On était tous un peu à bloc, c’était notre course de reprise et moi-même, hier (mardi), je n’avais pas les jambes.

Ce succès d’étape en appelle-t-il d’autres pour vous sur ce Tour ?
L’objectif était d’aller chercher une étape. Si on peut aller en chercher une autre, on ira. Pour mon objectif futur, le Giro, c’est un parcours idéal avec un tracé idéal, assez difficile chaque jour. On va jouer chaque fois et, si on peut gagner, on ne s’en privera pas.

Entretien avec Charles Michel

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