Le vainqueur du Tour 2010, donne sa vision sur cette édition. Le Mondorfois miserait bien sur un succès du vétéran espagnol.
Dès ce samedi, la télévision du magasin de cycles d’Andy Schleck à Itzig sera allumée en permanence. En marge d’un entretien fleuve à paraître dans notre prochaine édition, nous lui avons demandé, de nous donner sa vision de ce Tour de France 2017 et de ses principaux protagonistes…
Un coureur comme Jakob Fuglsang, que vous connaissez bien, peut-il jouer un rôle d’outsider dans ce Tour de France ?
Andy Schleck : J’avais pensé qu’il avait commis une petite faute en annonçant avant le Dauphiné qu’il comptait quitter Astana (NDLR : l’annonce de sa prolongation est intervenue vendredi après-midi). Cela aurait pu le contrarier. Jakob vient régulièrement me rendre visite, ici, au magasin et je suis content d’avoir cette proximité avec lui. De là à gagner le Tour…
Quel est votre favori ?
J’ai un grand favori, c’est Valverde. Je regarde toujours les courses de près.
S’il l’emporte, on ne l’aura pas vu venir…
Moi, si. J’ai remarqué que c’est la première année qu’il reste si longtemps en tête de course en haute montagne. Jusqu’au Dauphiné, il n’y a qu’à l’Amstel Gold Race qu’il ne s’est pas imposé sur un objectif. J’ai l’impression que les gens donnent une trop grande importance au Dauphiné, dans la mesure où la forme du moment diffère trop de celle du Tour. Valverde a roulé sur le Dauphiné, comme je le faisais moi-même jadis sur le Tour de Suisse. Sans pression. En se faisant plaisir. Sans regarder les classements. Il est prêt et lorsque je lis qu’il se dit prêt à soutenir Quintana à 100% et qu’il ne se voit que comme joker, je ne le crois pas. Pour moi, c’est le favori numéro un.
Certes il y a cette arrivée délicate à la Planche des Belles-Filles puis l’étape de Chambéry. Mais à part ça, il n’y a rien d’insurmontable pour un coureur comme lui. Valverde a généralement du mal sur les sommets qui vont au-delà des 2 000 mètres. Dans ce Tour, cela n’arrivera pas si souvent. Je crois que c’est son Tour. À notre époque, personne ne voyait Evans remporter le Tour (NDLR : en 2011). On dit qu’il est âgé, mais à 37 ans, ce n’est pas âgé. Il est même plus fort qu’avant.
Que pensez-vous de Chris Froome ?
Ses résultats ne sont pas les mêmes. Je n’ai pas d’explications, mais je ne le vois pas. Je sais bien qu’il se trouve dans une équipe qui fait que Froome est ce qu’il est aujourd’hui. Il suit les consignes comme une machine. Sans ça, il ne serait pas là où il en est aujourd’hui. C’est le grand favori, mais je le trouve moins en forme. Ou alors les autres sont plus forts.
Et Richie Porte ?
C’est un talent, oui, un moteur, mais c’est peut-être encore trop tôt. Il se retrouve dans des chutes et fait des fautes en course comme sur le dernier Dauphiné.
Alberto Contador ?
Non, je ne le vois pas. Ce n’est plus le même coureur qu’avant. Si on devait le comparer à une voiture, alors on pourrait dire qu’il roule toujours dans le rouge, à la limite. À fond. Pour une étape, oui, sans doute… Non, pour moi, Valverde, Richie (Porte) et Froome vont se partager le podium. Je ne vois pas Alberto (Contador), ni Quintana. Je ne le trouve pas convaincant.
Entretien avec Denis Bastien