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Tirreno-Adriatico : une chance en or pour Bob Jungels


Derrière Tony Martin et juste devant Zdenek Stybar, Bob Jungels (maillot blanc) s'amuse... (Photo : DR)

Après l’annulation de la grosse étape de montagne pour cause de neige, la cote du Luxembourgeois, cinquième du général, est remontée en flèche.

Le contre-la-montre final, demain, procédera à la sélection finale. Et ce n’est pas Bob Jungels qui va s’en plaindre.

Et si demain, en fin d’après-midi, Bob Jungels remportait le classement final de Tirreno-Adriatico? L’hypothèse, inenvisageable voici deux jours encore, est devenue assez crédible pour qu’au lendemain de l’annulation de la cinquième étape de Tirreno-Adriatico (à cause du mauvais temps et notamment de la neige tombée sur le Monte San Vicino, où devait être jugée hier l’arrivée), le rouleur luxembourgeois devienne le favori. Certes, il reste encore l’étape d’aujourd’hui, longue de 210 kilomètres entre Castelraimondo et Cepagatti, une étape a priori favorable aux sprinteurs, mais où des attaques sont à attendre, vu ce retournement de situation assez incroyable.

Mais à l’évidence, tout le monde pense déjà au contre-la-montre individuel de 10,1 kilomètres à San Benedetto del Tronto, qui clôturera cette édition de «la course des deux mers». À tel point qu’hier matin, à la fraîche, lors de la séance d’entraînement de l’équipe Etixx-Quick Step, Bob Jungels est carrément sorti avec son vélo de chrono… Si aujourd’hui, après une étape sans difficulté le classement général reste le même, ce qui est donc fort probable, alors Bob Jungels, cinquième du classement général ce matin, à dix secondes de son coéquipier Zdenek Stybar, deviendra l’un de grands favoris du classement général final.

«Je le vois bien remporter en effet le classement général si l’étape de ce lundi ne change pas les choses. Il sera le favori, même si mes coéquipiers, Greg Van Avermaet et Tejay Van Garderen, auront des ambitions. Surtout Tejay qui vient de remporter le chrono de la Ruta Del Sol», juge Jempy Drucker, le coureur luxembourgeois de la BMC. En effet, le Tchèque Zdenek Stybar, leader de Tirreno-Adriatico et coéquipier de Bob Jungels, n’a, jusqu’ici, jamais brillé en contre-la-montre. Dix secondes d’avance sur dix kilomètres, c’est très peu.

Derrière, à neuf secondes, on retrouve Damiano Caruso, un grimpeur, médiocre rouleur. Puis, dans le même temps, ses leaders de BMC : Van Garderen et Van Avermaet. L’Américain est réputé bon rouleur. Sur la dernière Ruta Del Sol il avait en effet remporté le chrono, long de 21 kilomètres, devant le Néerlandais Wilco Kelderman (avec 2″ d’avance) et le Français Jérôme Coppel (7″).

Quant à Van Avermaet, il s’était placé récemment quatrième du chrono du Tour du Qatar, long de 11 kilomètres et aussi plat que celui de Tirreno. Ce qui peut avantager ce routier sprinteur, adepte des grands braquets. Sur une si courte distance, il devrait parvenir à limiter la casse.

On le sait, d’une course à l’autre, les conditions des uns et des autres, les paramètres évoluent. Mais on connaît la valeur de Bob Jungels. Au classement général, derrière lui, on ne voit pas qui pourrait le gêner. Les plus dangereux seraient selon toute vraisemblance Michal Kwiatkowski et Wouter Poels, respectivement 16e et 17e. Le Luxembourgeois possède quand même la bagatelle de 19″ d’avance sur les deux hommes de la Sky!

Jungels : «Ce sera un combat»

Rappelons quand même que Wouter Poels, récent vainqueur du Tour de Valence, avait construit son succès en raflant le contre-la-montre long de 16,25 kilomètres, alors que Bob Jungels, alors septième, avait concédé 27″. Un peu plus d’un mois plus tard, les données sont forcément différentes. À la veille du chrono, Bob Jungels, qui disait récemment craindre la grande étape de montagne, étape annulée, possède donc une chance en or de démontrer ses talents de rouleur. Au point de devenir au fil des heures le favori logique, même si évidemment, rien n’est fait.

Évidemment, du côté de l’équipe Etixx-Quick Step, où rappelons-le, Zdenek Stybar reste leader, on se gardait bien de tout triomphalisme. «Il reste deux étapes», jurait le coureur tchèque, tandis que le Luxembourgeois rappelait non sans malice que si leur coéquipier Fernando Gaviria l’emportait au sprint ce lundi, il prendrait les dix secondes de bonification… Des bonifications qui ne profiteront pas à un coureur comme Van Avermaet, potentiellement dangereux dans une arrivée groupée.

«Nous avons de bonnes cartes à jouer dans le chrono de mardi et, bien sûr, je vais essayer de la jouer à fond. Si quelqu’un m’avait dit que je me retrouverais à la cinquième place du classement général à ce moment-là de la course, j’aurais signé tout de suite. Si je termine mieux, alors ce sera un bonus. C’est une bonne situation pour nous, mais sur dix kilomètres, des gars comme Van Garderen, Van Avermaet et même Kwiatkowski qui n’est pas loin, seront dangereux. Ce sera un combat», prophétisait hier un Bob Jungels concentré comme jamais. On le comprend.

Denis Bastien