Jean-Marie Kayser : Il y a différentes façons de voir les choses. Si l’on regarde le nombre de licenciés, on en compte environ 4 900, ce qui est un bon chiffre et qui représente une augmentation par rapport à l’année dernière.

Maintenant, il faut faire la part des choses entre ceux qui pratiquent le tir en compétition et ceux qui le pratiquent en loisir. Pour ce qui concerne la discipline dont je m’occupe, nous avons trois, quatre très bons tireurs à la carabine, dont une jeune fille qui vient de débuter et qui montre de belles aptitudes. Mais pour elle, tirer trois jours de suite à la RIAC, c’est encore trop compliqué. Ceci dit, sur les grosses compétitions, il nous faudrait être plus représentés.

Luca est blessé au poignet et il reprendra la compétition en janvier. C’est la locomotive au Grand-Duché de notre discipline, car il a prouvé par ses résultats qu’il pouvait être compétitif sur des championnats importants. Il va intégrer l’armée et après son instruction de base, il aura un emploi du temps qui pourra lui permettre de se consacrer totalement au tir. C’est important pour sa progression et ses objectifs.

Elle se situe partout. Un tireur professionnel de haut niveau s’entraîne déjà 6 à 7 fois par semaine. Il est rompu aux compétitions d’un très haut niveau comme les Jeux olympiques ou les championnats du monde. De plus, il a un staff composé d’un préparateur physique, d’un coach mental. Chez nous, les tireurs vont encore à l’école ou travaillent, ce qui, pour la plupart, ne leur offre qu’une à deux séances d’entraînement par semaine.

Les qualités techniques et physiques sont importantes. Je dirais surtout qu’il faut avoir de la patience et de la persévérance. Ce sport nécessite de la pugnacité, la résistance physique est importante car certaines compétitions peuvent durer jusqu’à quatre heures. Pour moi, la clé de la réussite réside surtout dans la patience.

C’est quelque chose de relativement cher. Il y a tout d’abord le choix de l’arme. Pour une carabine, par exemple, il faut compter au moins 6 000 à 7 000 euros. Ensuite, il faut aussi un bon équipement vestimentaire pour pratiquer le tir sportif dans de bonnes conditions. Une fois que l’on a tout compté, on arrive environ à 10 000 euros ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. C’est d’ailleurs là que se pose le problème pour le recrutement. L’investissement est lourd pour parfois une période de pratique qui est courte.
Le tir sportif reste un sport confidentiel. Peut-on en vivre?
Je dirais qu’il est difficile de gagner sa vie avec le tir même lorsque l’on a été champion olympique. À la différence d’autres sports, il y a très peu de publicités, de sponsors dans notre discipline. Faites d’ailleurs le tour ici, vous verrez que les publicités sont très, très limitées. Ceux qui vivent correctement du tir sont ceux qui sont employés par l’armée.

Au Luxembourg, il faut avoir au minimum 11 ans. À cet âge-là, si l’on est accompagné d’un adulte, on peut commencer dans la discipline. La fédération nous fait venir une fois par an des écoles pour leur faire découvrir notre pratique. On va aussi avoir une approche du tir en handisport.
Propos recueillis par Gilles Tarral