Hier, Vincent Thill, 15 ans, a signé un contrat de cinq ans avec le FC Metz. Avec des perspectives claires : le club grenat le dit aussi doué que Miralem Pjanic. Récit d’une intronisation en grande pompe.
Ceux qui étaient là, le 15 juin 2006, au centre de formation du FC Metz, le jour où Miralem Pjanic a signé son contrat élite d’une durée de cinq ans, ont eu, hier, un vague sentiment de déjà-vu. D’ailleurs, assis aux côtés de Vincent Thill, sa nouvelle petite merveille luxembourgeoise, Denis Schaeffer, directeur du centre de formation du club grenat, n’a pas évité la question de cet ombrageux parallèle et n’a pas forcément cherché à éviter d’y répondre. Trop évident. Et trop dur de s’en cacher : «La comparaison est facile. Ce n’est pas tout à fait le même type de joueur, mais oui, c’est dans la même gamme de qualité.»
En Italie, où Miralem Pjanic fait désormais sa vie du côté de la Roma, on a un mot pour décrire cette «gamme de qualité» : fuoriclasse. Rien de moins. Comment expliquer, sinon, qu’un gosse de 15 ans, avec son petit sourire mi-mutin, mi-crispé, sa dégaine d’adolescent fragile, parvienne à attirer à une même table le président du FC Metz, Bernard Serin, le chargé du recrutement du club, Philippe Gaillot, mais aussi un sélectionneur national, Luc Holtz en l’occurrence, alors qu’en fond de salle, Albert Cartier et Dominique D’Onofrio observent la scène avec pénétration?
Tous étaient là, donc, pour assister à la signature d’un contrat de cinq années dont les trois premières comme apprenti.
> Les agents le harcelaient littéralement
L’idée : assurer au petit (1,70 m à la louche) meneur de jeu dans la mesure du possible une progression linéaire d’une saison dans chaque catégorie d’âge. Vincent Thill va déjà s’entraîner avec les U17 à raison de deux séances par semaine et enchaîner sur les matches et il ne serait pas étonnant, s’il lui pousse les muscles qui lui font encore défaut, de le retrouver quasi majeur et vacciné en CFA, dans l’antichambre du groupe pro, aux alentours de ses 18 printemps.
Et puis, tous les intervenants en ont profité pour souffler un bon coup et pour se féliciter mutuellement de la collaboration qui unit les deux parties depuis une décennie, qui a permis de garder au calme ce joyau à polir, et d’éviter qu’il n’aille se perdre un peu n’importe où, c’est-à-dire trop loin, là où l’argent n’a pas d’odeur. Car Serge, le papa, l’ancien international, le reconnaît sans détour, ces derniers temps, son téléphone «n’arrêtait plus de sonner». «C’est à se demander où tous ces agents ont trouvé mon numéro. Il en venait même qui prenaient contact avec Vincent via son Facebook. On leur disait non, mais ils rappelaient deux ou trois jours plus tard. Ils nous proposaient des sommes folles. On n’en voulait pas, mais à la fin, on a commencé à se poser des questions. Il y avait vraiment beaucoup d’argent sur la table! C’est pour ça que je suis content qu’il ait signé ici. Parce qu’il y est heureux et qu’on va être tranquilles.»
Et parce que tous les Luxembourgeois qui ont signé tôt ce genre de contrat avec le club lorrain ont tous bien fini. Si pour Philipps, c’est encore tout frais, Pjanic est la preuve vivante qu’en matière de talents purs, les Grenats savent faire. Thill, plus gêné de se retrouver là qu’autre chose, a pris le temps de bredouiller que ça lui «fait plaisir» de signer. On n’attend de toute façon pas de grand récital de sa part avant encore trois ou quatre ans. En tout cas, sur la pelouse de Saint-Symphorien. Il n’est pas exclu que d’ici là, celle du stade Josy-Barthel ait déjà eu droit de le voir réciter ses premières gammes.
Julien Mollereau