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[Tennis] Rodesch : «Une expérience que je n’oublierai jamais !»


Chris Rodesch peut exulter : il vient de remporter à nouveau le NCAA Tournament.  (Photos : virginia media relations)

Chris Rodesch et son équipe des Virginia Cavaliers, déjà sacrés l’an passé, ont encore remporté le NCAA Tournament. Une performance incroyable que le Luxembourgeois, désigné MVP du tournoi, nous fait partager.

Le Luxembourgeois pose avec le trophée de vainqueur.

Qu’est-ce que cela fait de remporter à nouveau le NCAA Tournament?

Chris Rodesch : C’est une expérience que je n’oublierai jamais! C’est vrai qu’en Europe, on ne mesure pas vraiment à quel point c’est quelque chose d’énorme. Mais c’est vraiment très spécial. C’est l’équivalent de la March Madness en basket. Il y avait une atmosphère incroyable. C’était un très bon moment. Je suis tellement fier!

C’est encore plus fort que l’année dernière?

Oui. L’année dernière c’était ma première fois mais après avoir battu Florida, on était les favoris pour aller au bout et c’est ce qu’on a fait. Cette année, on ne pensait vraiment pas être capables de gagner. Il y a eu tellement de soucis, de changements. On a mis beaucoup de temps à trouver nos paires en double, on a beaucoup perdu le point du double durant la saison. Et c’est un problème, car le point du double est toujours capital dans ce tournoi. Surtout dans les tout derniers tours.

Mais finalement, vous l’avez fait. Pouvez-vous nous résumer la saison des Cavaliers?

On a assez mal démarré. Je crois qu’on était à 6-4 en début de saison. On avait beaucoup de problèmes de blessures, on n’était pas dans un très bon état. La saison débute toujours en indoor et ce n’est clairement pas notre point fort. En revanche, en outdoor, on est invaincus depuis deux ans. On a réussi à remporter notre conférence ACC et on a pu accéder au NCAA Tournament en tant que tête de série n° 5. C’était bien, on était un peu les underdogs et ça nous allait parfaitement.

Être les underdogs, ça nous allait parfaitement

Le fait d’être les tenants du titre, ça n’ajoutait pas une pression supplémentaire?

Peut-être. Mais je crois aussi qu’on l’a utilisée à notre avantage. Notre expérience de l’année dernier nous a montrés comment gagner ce tournoi, comment remporter les points qui comptent. Ce que n’avaient pas nos adversaires.

Pouvez-vous revenir sur ce tournoi final?

Le premier tour contre Navy était facile, c’est souvent le cas, même si ce sont des équipes qui ont remporté leur conférence, elles viennent de conférence beaucoup moins fortes. Mais à partir du deuxième tour, les équipes sont vraiment fortes. On gagne malgré tout 4-0 contre Ole Miss et Duke. Mais en Elite 8, face à Kentucky, classé n° 4, c’était beaucoup plus serré. On a perdu le point du double. Et dans les matches de simple, on avait perdu les trois premiers sets en individuel. Mais on est revenus et c’est notre freshman, Mans Dahlberg, qui a gagné 7-6 au troisième set pour nous apporter le point final.

Ce qui vous permet d’affronter Texas en demi-finale?

Oui. Ils étaient numéro 1 au pays et on n’avait jamais joué contre eux cette saison. Ils sont très forts en double et notre entraîneur nous a expliqués que si on parvenait à remporter le point du double, ça les affecterait énormément. Et c’est exactement ce qui s’est passé. Moi et mon coéquipier on a gagné 6-1 notre double, une autre paire a aussi gagné 6-1 et comme il faut remporter deux matches sur trois en double, le point était pour nous. C’est toujours un moment très spécial. Il y a énormément de bruit, c’est un vrai chaos dans les tribunes. Ce n’est pas du tennis, c’est une autre expérience! Une fois le point du double en poche, on a pris l’ascendant psychologique sur eux. Et même si on a perdu trois premiers sets en simple, moi j’ai gagné mon premier set contre le n° 1 du pays (NDLR : Eliot Spizzirri) et ça a mentalement détruit Texas. Finalement, on gagne 4-1 avant que j’aie eu le temps de terminer le mien. Je menais 5-3 dans le dernier set. 

Et en finale, vous retrouvez Ohio State?

C’est un adversaire classé n° 3, qu’on connaît bien puisqu’on a perdu deux fois contre eux dans la saison. Toujours en indoor. Ils sont très forts à l’intérieur mais beaucoup moins à l’extérieur. On s’est dit ça avant le match et ça a marché. On a remporté le point du double. Et ensuite, c’est allé très vite et on l’a facilement emporté 4-0.

Et en plus de la victoire, vous avez été désigné meilleur joueur du tournoi?

Ça aussi, c’est quelque chose d’incroyable. J’ai du mal à trouver les mots pour dire ce que je ressens. C’est un sentiment énorme. Une immense fierté. Aux États-Unis, tout le monde sait combien d’efforts ça demande pour gagner un tel tournoi. Et recevoir cette récompense est un immense honneur. Pour tout dire, j’ai raté la plupart des célébrations car je répondais à des interviews et on est venu m’annoncer que j’avais été désigné MVP. C’est juste dingue!

C’est une telle joie de gagner avec ses coéquipiers

Le back-to-back, 22 victoires de suite pour terminer la saison et le titre de MVP, c’est quelque chose que vous imaginiez possible?

Au petit-déjeuner, le matin, on avait discuté et on s’était dit qu’on voulait le faire à nouveau. Le tennis est un sport individuel. Mais c’est une telle joie de gagner avec ses coéquipiers. C’est vraiment un sentiment incroyable. Et c’est pour cela que même si je joue très bien cet été, je vais de nouveau revenir pour jouer une quatrième et dernière saison. C’est une telle expérience. Je ne veux la rater pour rien au monde!

Vous achevez votre troisième année aux États-Unis. Vous sentez que vous avez beaucoup progressé?

Oui. Je dois vraiment remercier tous mes coachs. Ils m’ont montré comment il faut se préparer pour être un joueur pro. Bien manger. Bien dormir. Être discipliné. Prêt mentalement. Physiquement. Avoir le bon body language. Tous les petits détails qui font la différence.

Quelle est la suite de votre programme?

J’ai encore le tournoi individuel, mais on a bien fait la fête et on verra bien comment ça se passe. Je vais pouvoir jouer détendu. De toute façon, ce n’est pas le plus important (NDLR : il a franchi victorieusement le premier tour lundi). Ensuite, j’ai prévu de rentrer à Charlottesville, de m’entraîner un peu et de retourner en Europe pour jouer quelques tournois là-bas. Je vais terminer dans le top 10 universitaire (NDLR : il est classé 9e), ça permet d’avoir six invitations pour des tournois Challengers. Je vais les utiliser. Et puis je participerai aussi aux deux tournois Futures au Luxembourg.

Jouer en universitaire n’apporte pas de points à l’ATP. Avez-vous une idée de ce que serait votre ranking si vous étiez sur le circuit?

Non, c’est très compliqué à dire. On a vu que l’année dernière, Ben Schelton est directement devenu 36e mondial et j’avais perdu l’année dernière 5-7 au troisième set contre lui. Donc on peut dire que si je joue deux ans, je peux peut-être être top 100, ou top 400. Ça dépend de beaucoup de facteurs.

L’idée, c’est de passer pro à l’issue de la prochaine saison universitaire?

Oui, c’est le plan.