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Tennis : pourquoi Roger Federer est le meilleur joueur de tous les temps


Le Suisse a soulevé son 8e trophée à Wimbledon, dimanche. Un record. (photo AFP)

En devenant le roi incontesté de Wimbledon dimanche, avec un 8e sacre, Roger Federer a donné un peu plus de gages à ceux qui le considèrent comme le meilleur joueur de tous les temps. Pourquoi est-il tant admiré ? Éléments de réponse en quatre points.

Son jeu complet et varié. Difficile de trouver une faille dans le jeu du maestro helvète. Son service ? Il n’a pas la puissance de celui du géant (1,98 m) Marin Cilic (qui pointe à 235 km/h) ou de l’immense (2,08 m) John Isner (flashé à 253 km/h), mais il n’en est pas moins redoutablement efficace grâce à la variété de ses effets et sa capacité à toucher les lignes. A Londres, il a dépassé le seuil des 10 000 aces en carrière, franchi par deux joueurs avant lui depuis que l’ATP les recense en 1991 : les Croates Ivo Karlovic et Goran Ivanisevic. Son coup droit est resté son point fort.

Au filet, le Suisse n’a rien à envier aux meilleurs serveurs-volleyeurs. Son revers à une main, pourtant un modèle d’esthétisme, avait montré ses limites contre un joueur comme Rafael Nadal. Mais en 2017, il l’a rendu plus agressif, en prenant la balle plus tôt et en réduisant les slices, pour ajouter une arme fatale à son arsenal. Certains de ses coups sont si spectaculaires qu’ils font florès sur les sites d’hébergement de vidéos.

Son élégance et sa longévité. Federer plaît aussi pour son élégance; un style offensif et aérien donnant l’impression de jouer sans effort. Il n’a pourtant rien d’un colosse sur le plan athlétique (1,85 m, 85 kg). L’ancien joueur et consultant décédé en 2015, Patrice Dominguez, avait fait ses louanges dans l’ouvrage Le Virtuose (2013) et qualifiait son style de « musical ». A bientôt 36 ans (le 8 août), Federer est devenu le plus vieux lauréat de Wimbledon dans l’ère professionnelle (début en 1968), dépassant les 31 ans et 361 jours de l’Américain Arthur Ashe en 1975.

Quatorze ans se sont écoulés entre son premier et son dernier sacre à Londres. La « clé » d’une telle longévité, « tient dans son programme et sa gestion des temps de repos », estime le Britannique Tim Henman, ex-n°4 mondial, et quadruple demi-finaliste à Londres. Federer n’a que très peu subi de blessures. La plus grave, au genou gauche, l’a contraint à prendre une demie-année sabbatique en 2016, qui s’est révélée bénéfique. Le Suisse a fait un « reset » et la machine est repartie mais avec une version « upgradée » du logiciel « victoire ». Résultat : déjà deux titres majeurs cette saison, pour la première fois depuis 2009.

Son éternel esprit de conquête. « RF » ne cesse de répéter qu’il « adore » son sport. Et c’est avec plaisir qu’il court encore après les trophées et les records. Il déteste toujours autant perdre et sait encore s’émouvoir de ses triomphes, comme l’ont montré ses larmes en finale à Londres. Pour opérer un tel come-back, il faut aussi être sûr de soi et Federer déborde justement de confiance en lui-même. Selon Rémi Capber, co-auteur de l’ouvrage Roger, mon amour, le Suisse a « un ego assez monstrueux », celui « du champion », et « un orgueil très important », qui « fait partie de ce que l’on pourrait appeler sa part d’ombre ».

Son palmarès en Grand Chelem. Si le plus grand palmarès se mesure en nombre de titres majeurs, Federer est bien le meilleur. Il est le seul joueur masculin à en compter dix-neuf; soit quatre d’avance sur le deuxième dans la hiérarchie, son grand rival Nadal (15). Mais dans leurs confrontations directes, c’est l’Espagnol le meilleur (23 victoires à 14), même si « RF » a remporté les quatre dernières, dont trois cette année. Le « Taureau de Manacor » s’est aussi payé le luxe de détrôner le Suisse dans son royaume de Wimbledon (2008) et n’a en revanche jamais perdu contre lui sur son terrain de jeu préféré qu’est Roland-Garros. Nadal est par ailleurs le seul joueur de l’histoire à compter un bilan à deux chiffres dans un même tournoi majeur (10 à Paris).

Enfin, Federer a certes réalisé le Grand Chelem en carrière, mais jamais sur une année calendaire comme l’illustre Rod Laver (1962 en amateur et 1969 en pro) ou même sur deux saisons, tel Novak Djokovic, lauréat des quatre couronnes à la suite entre juillet 2015 et juin 2016.

Le Quotidien/AFP