LUXEMBOURG OPEN La dernière édition du tournoi de Kockelscheuer a été marquée par le clash entre la WTA et les organisateurs. Mandy Minella nous livre ses impressions.
Son regard bleu électrique n’avait rien de larmoyant. Tout juste pouvait-on percevoir une colère contenue. Un agacement palpable et, au fond, une évidente déception. On ne met pas un terme à une aventure de 25 ans sans un pincement au cœur. Dimanche, aussitôt le trophée remis à Clara Tauson, Dan Maas déboula en salle de presse. Soutenue par l’équipe du tournoi, elle en annonça donc la fin. Principale raison, une WTA quelque peu dictatoriale. «Nous n’avons pas travaillé en équipe, déplora à plusieurs reprises la directrice du feu tournoi. On a eu trop de problèmes, trop de contraintes et une réglementation qui étaient quasiment inapplicables. Cette semaine, du plaisir, il n’y en a pas eu…»
Je ne sais vraiment pas qui a pondu cette règle
À l’image de ces conférences de presse en visioconférence. Dans les faits, la joueuse s’enfermait dans un bureau, se plaçait devant un écran d’ordinateur (avec son masque) et répondait aux questions des journalistes situés de l’autre côté du mur. «C’était vraiment ridicule! Je ne sais vraiment pas qui a pondu cette règle, s’interroge Mandy Minella. C’était absurde!» Absurde aussi cette remise des trophées où après avoir joué durant près de deux heures sur un court au milieu de centaines de spectateurs, Clara Tauson et Jelena Ostapenko durent remettre le masque et s’emparer elles-mêmes des trophées. Xavier Bettel, le Premier ministre, s’en amusa au point de soulever la table sur lequel ils reposaient… «Pour la WTA, ce n’est pas forcément facile dans la mesure où elle organise des tournois dans le monde entier et tous les pays n’appliquent pas les mêmes politiques sanitaires», plaide «Minoulle» sans pour autant perdre de son franc-parler : «Mais, à un moment, il faut arrêter de jouer la comédie. Les masques, c’était bien pour les photos et les caméras. Regardez, nous sommes de bons élèves…»
Kerrilyn Cramer, superviseuse de la WTA, aurait-elle mérité un bonnet d’âne? Que lui a-t-il donc pris d’avancer le 2e tour de Mandy Minella face à Alizé Cornet, prévus jeudi soir à 18 h par les organisateurs et RTL, au mercredi après-midi? «Elle a fait une boulette, confie l’Eschoise. Quand je lui ai demandé des explications, elle tremblait sur place. Mais voilà, quand le programme est imprimé, on ne peut plus le modifier…» Après la rencontre, elle apprit l’arrêt du tournoi de la bouche même de Dan Maas. «Je suis allée la voir pour lui dire que j’aimerais m’investir dans l’organisation. Et elle m’a dit qu’il n’y aura pas de tournoi. Ça m’a fait un choc. Kockelscheuer était devenu un rendez-vous incontournable.»
La disparition du Luxembourg Open interpelle. Que désire donc vraiment la WTA? À cette interrogation, Minella n’a pas la réponse, mais lance une piste : «Quand on voit les difficultés que rencontrent des tournois comme Linz ou Hambourg, c’est inquiétant. Bien sûr, si l’Asie décide de s’offrir des tournois de tennis, elle le fera. Mais bon, c’est triste un tournoi en Chine. Ils sont quasiment obligés de payer les spectateurs pour venir…» Alors, le Luxembourg Open, victime du covid-19 ou de la fièvre asiatique ?
Charles Michel