Mandy Minella est de retour au pays ! Après près de deux mois d’absence, on a retrouvé hier la joueuse eschoise avec un moral au zénith au moment d’évoquer sa demi-finale à Taïwan et sa 78e place mondiale.
Trente heures! Voilà le temps qu’il a fallu à Mandy Minella (31 ans) pour retrouver le Luxembourg en ce début de semaine, après sa demi-finale à Taipei. Un périple qui l’a vue passer par Singapour, Dubai et Düsseldorf. Malgré la fatigue, elle a pris le temps de revenir avec nous sur son très bon début d’année.
Si on avait dit en mai dernier, alors que vous étiez 192e à la WTA, que vous seriez 78e en février 2017, l’auriez-vous cru?
Mandy Minella : Non! À l’époque, je me serais plutôt vue à la retraite, à la maison. Alors que là, je viens de réaliser le meilleur début de saison de toute ma carrière! Je me sentais en forme et je savais que j’en étais capable. Sur le coup, je n’ai pas trop pensé à tout ça. Je n’étais pas dans l’euphorie. Mais avec un peu de recul, je ne peux être que satisfaite de mes résultats.
Dans notre édition papier de mardi, Anne Kremer expliquait qu’elle vous voyait encore aller plus haut que votre actuelle 78e place dans la hiérarchie mondiale, voire plus haut que votre meilleur classement (66e en 2012)…
C’est vraiment très gentil de sa part. Moi aussi, je pense que c’est possible. Je n’ai plus été aussi proche de ce 66e rang à la WTA depuis longtemps (NDLR : juin 2013 pour être précis). Après, faire encore mieux dépend de pas mal de facteurs. Il faut déjà un peu de chance au niveau des tournois, des résultats. Dans les grosses compétitions, on peut récolter beaucoup de points mais avec un mauvais tirage, tout peut aussi s’arrêter très vite.
C’est une bonne chose d’avoir prolongé votre séjour en Australie de quelques jours pour prendre part au rendez-vous WTA de Taïwan la semaine dernière. Vu la demi-finale que vous y avez réalisée…
On y a réfléchi un petit temps. Cela faisait tellement longtemps qu’on était loin de la maison que je voulais rentrer après l’Open d’Australie, pour repartir ensuite vers Taïwan. Puis Tim (NDLR : Sommer, son mari et entraîneur) a dit que cela n’en valait pas le coup. Et on a passé quatre jours de vacances là-bas, avant de s’envoler pour Taipei.
C’est vrai que vous aviez quitté le Luxembourg dès décembre, pour participer à un tournoi à Dubai avant de vous rendre aux antipodes…
Le 10 décembre. Cela fait donc pratiquement deux mois. Sur le moment, je n’ai pas remarqué à quel point cela durait. Je passais de belles journées, j’avais des objectifs clairs avec en point d’orgue l’Australian Open et une certaine tension d’atteindre celui-ci dans les meilleures conditions. Mais en y réfléchissant maintenant, je me dis que cela fait, en effet, assez long. Et si on me disait aujourd’hui qu’il fallait tout recommencer, je ne suis pas sûre que j’en aurais le courage…
Vous avez su rester motivée pour Taïwan…
Après l’Australie, pourtant, j’avais un peu peur que cela retombe. Puis j’ai remporté mon 1er tour à l’arrache. Cela m’a lancée.
Et derrière, vous avez pris la mesure de Caroline Garcia, la 25e joueuse mondiale. C’est la première fois que vous battiez une joueuse aussi bien classée?
C’est vrai. On se connaît depuis un petit moment déjà. Cela devait être un peu spécial pour elle. Vu nos classements respectifs, elle était clairement favorite. Mais en même temps, elle n’avait jamais réussi à m’écarter lors de nos confrontations précédentes. Ce fut une belle journée, où j’ai connu un peu de réussite, il faut le reconnaître. Au fur et à mesure que la rencontre avançait, je me suis tendue. Je me disais : « Houla là, je vais vraiment gagner » (elle rit). Caroline va encore progresser et avec son jeu, si elle ne se blesse pas, elle va entrer dans le top 10.
En demi-finale, Elina Svitolina (WTA 13) fut encore une taille au-dessus (défaite 6-3, 6-2)…
En termes de solidité, oui. Svitolina est moins spectaculaire que la Française mais plus solide. Et de mon côté, j’étais tellement fatiguée. La veille, j’avais terminé mon quart de finale à 22 h face à la Chinoise Zhu. Et je n’avais pas pu m’endormir avant 4 h du matin… Du coup, je n’arrivais plus à me concentrer sur chaque point. Pour un qui était bon, il y en avait trois « pourris » qui suivaient…
Vous allez donc prendre quelques jours de repos désormais ?
Oui, car je suis vraiment exténuée. Il faut que je me repose, surtout psychologiquement. Je vais laisser ma raquette de côté quelques jours, tout en faisant du physique pour garder la « machine en route ». J’ai annulé ma participation au tournoi de Doha (NDLR : du 13 au 18 février), mais je serai à Dubai la semaine suivante. Avant de refaire une petite pause avant Indian Wells et Miami.
La première tournée américaine de la saison et les deux grands rendez-vous du mois de mars ?
Avec mes bons résultats, je suis assurée d’être dans le tableau final en Floride. C’est une super nouvelle. Par contre, ce ne sera pas le cas à Indian Wells, puisque je n’étais pas encore 78e au moment de la fermeture. Je devrai donc passer par les qualifications. Je dois faire attention à ne pas brûler trop d’énergie. Il y a tellement de rendez-vous au cours de l’année. Je voudrais notamment pouvoir prendre part à la Fed Cup (NDLR : le Luxembourg est monté en groupe II Europe – Afrique l’an passé) qui se disputera fin avril en Lituanie.
Avec votre bonne entame d’année, vous avez revu vos objectifs à la hausse pour cette saison ? Ou bien vous gardez le même leitmotiv : prendre avant tout du plaisir et on voit ce qu’il advient ?
Je reste dans la même optique : le plaisir. Tout peut tourner tellement vite en tennis. Ce qui m’anime, c’est la passion du jeu, la bagarre pour remporter la victoire sur le terrain, la montée d’adrénaline… Et je pense que c’est ce que je dois réussir à garder pour continuer à progresser.
Entretien réalisé par Julien Carette