«Je me suis fait rouler dessus» ou bien «je me suis fait exploser», voilà ce que déclarait Gilles Muller après sa défaite face au 5e joueur mondial à Indian Wells, Kei Nishikori. On vous explique ce qui s’est passé.
6-2, 6-2! Quatre petits jeux marqués et quatre breaks concédés sur sa mise en jeu, cela fait longtemps que Gilles Muller n’avait plus pris une telle «tôle», comme il qualifiait lui-même cette défaite mardi soir. Tentative d’explication.
UNE PREMIÈRE BALLE EN PANNE
«Je n’ai pas livré un si mauvais match, mais j’ai très mal servi dans cette rencontre. Et quand c’est le cas, c’est toujours compliqué pour moi…», lançait «Mulles» après son lourd revers.
Pourtant, tout avait bien commencé pour lui avec un premier jeu de service remporté «blanc» et, au passage, trois aces infligés au joueur japonais. «Et dans le deuxième, je recommence par un autre ace et mène encore 40-15», glissait le 28e joueur mondial. Puis, tout s’est véritablement grippé pour le Reckangeois, qui ne parvenait plus à passer une seule première balle. Or, lorsque celle-ci est votre arme la plus affutée et que vous vous retrouvez face à un joueur comme Kei Nishikori, c’est évidemment fatal. Il suffisait de voir la joie dans le camp nippon pour se rendre compte de l’importance de ce premier break réalisé dans le match.
Le souci pour Muller, c’est que ces problèmes sur son premier service vus dans ce jeu se répétèrent encore quelques fois durant la suite de la rencontre (à peine 50 % de premières balles sur tout le match!). «Or, ce premier service est primordial dans mon jeu. C’est la base chez moi de la construction d’un point.» Alors, Nishikori s’en donnait à cœur joie sur la deuxième balle du Luxembourgeois (71 % des points remportés!). «Et dans ces cas-là, je veux tellement bien faire sur ma deuxième balle qu’il m’arrive de la rater.» Comme lors des trois doubles fautes consécutives qui lui ont coûté son deuxième break dans le deuxième set… Un match à oublier donc sur ce plan là.
NISHIKORI ÉTAIT IMPRESSIONNANT
La raison principale de la défaite de Muller, c’est avant tout son adversaire. Et le match réalisé par celui-ci. «N’importe quel joueur qui se fait agresser sur le court comme je l’ai été vit une partie très compliquée», expliquait le Reckangeois de 33 ans.
Le cinquième joueur mondial, tête de série numéro 4 à Indian Wells, a totalement asphyxié le gaucher du Spora. «C’était très difficile de suivre le rythme. Il était meilleur que moi dans l’échange du fond du court et il ne commettait quasiment pas de fautes, soufflait «Mulles». Il m’a mis la pression en revers mais aussi en coup droit, en liftant et bombant fort ses frappes. Et ça pendant une grosse partie du match. Bref, je me suis fait exploser. Il m’a roulé dessus.»
Mais quand Kei Nishikori joue ainsi, cela devient complexe pour 99 % du circuit. Surtout quand votre meilleure arme est en rade…
CE QUE «MULLES» EN DISAIT
«Je me pose beaucoup de questions après cette rencontre», expliquait quelques minutes après celle-ci le meilleur joueur luxembourgeois de tous les temps. «Maintenant, il ne serait pas bon d’en sortir frustré. Car je viens de livrer dix très bonnes journées à l’entraînement. Certes, j’ai pris une « tôle », mais j’ai tout de même continué à chercher la solution pour essayer de prendre le meilleur sur mon adversaire. Face à Jo-Wilfried Tsonga, au deuxième tour à Rotterdam début février, j’avais aussi passé un sale quart d’heure et j’en étais devenu passif, à simplement « pousser la balle » de l’autre côté du terrain. Ici, j’ai continué à prendre des risques, à l’agresser. Par moments, c’était un peu kamikaze, mais cela aurait pu payer dans le deuxième set lorsque j’ai obtenu une possibilité de break pour recoller à 3-3.
Malheureusement, mon coup droit est sorti de peu de choses…» Et le match a continué à lui échapper.
Julien Carette