Trois pongistes luxembourgeois sont engagés à partir de ce mercredi pour le tournoi de la dernière chance, au Portugal.
Le chemin qui mène aux JO est semé d’embûches pour la plupart des athlètes. Mais peut-être encore plus pour certains que pour d’autres. C’est notamment le cas des escrimeurs. Ou des pongistes…
Côté luxembourgeois, on est d’ores et déjà certain d’avoir une représentante. Ni Xia Lian s’est en effet qualifiée à la faveur de sa médaille de bronze aux Jeux européens de Minsk, en 2019. La pongiste la plus âgée engagée aux Jeux sera-t-elle accompagnée d’un ou d’une compatriote ? On aura peut-être la réponse à l’issue de cette semaine de compétition.
C’est en effet à Guimarães, au Portugal, que se déroule ce qui représente pour beaucoup l’ultime chance de décrocher son billet pour le Japon : le tournoi européen de qualification olympique. Sont réunis, des joueurs venus de tout le continent qui ne sont pas encore qualifiés. Beaucoup d’appelés (36 messieurs et 40 dames) mais très peu d’élus. En effet, seuls 5 joueurs et 4 joueuses atteindront le Graal.
Côté luxembourgeois, ils sont trois à tenter leur chance. Avec trois visions différentes.
De Nutte y croit
Sarah De Nutte aborde la compétition en sachant qu’elle a, sur le papier en tout cas, les moyens d’aller peut-être chercher un de ces précieux sésames. La 75e joueuse mondiale est tête de série n° 7 du tournoi portugais : «Bien sûr, il y a un peu de pression. Mais mon but est de donner tout ce que je peux et on verra si ça suffit ou pas. Pour le moment je me sens bien, après beaucoup se joue dans la tête. C’est la forme du jour mais même la forme pendant les vingt minutes que dure un match qui compte.» Si elle se dit «en forme», la Luxembourgeoise avance un peu dans l’inconnu. En effet, elle n’a plus joué de rencontre officielle depuis la mi-mars, à Doha : «Je suis rentrée au Luxembourg le 18 mars. Je suis repartie à Saint-Quentin (NDLR : en France, où elle joue) pour les demi-finales du championnat contre Metz les 30 mars et 4 avril, mais la rencontre a été reportée.» Et à la différence de ses compatriotes masculins, quel que soit le résultat au Portugal, il lui restera encore une chance : «La dernière possibilité, c’est de passer via le ranking mondial. Un classement qui n’a pas beaucoup évolué depuis un an. Si la logique est respectée et que des filles moins bien classées que moi ne se qualifient pas au Portugal, je pourrais avoir une chance de passer. Mais on ne saura officiellement qu’au mois de juin combien de places seront repêchées au ranking mondial.»
Eric Glod ne s’interdit rien
Le deuxième larron est Eric Glod. Avec son 210e rang mondial, il sait que pour lui, c’est l’exploit ou rien. Mais à 27 ans, le joueur du B75 Hirshals, au Danemark, ne s’interdit rien : «Annoncer que je vais me qualifier, c’est bien sûr irréaliste. Mais je sais que sur ce genre de tournoi, il y a beaucoup de pression. Surtout pour ceux qui doivent se qualifier. Ce n’est pas mon cas. Mais en ce moment, je me sens assez fort. Je viens ici pour, pourquoi pas, créer une petite surprise. Après, battre un joueur du top 100, c’est possible. Mais répéter cette performance et le faire sur plusieurs matches, ce sera vraiment très compliqué. Au vu de mon classement, me qualifier pour la phase de K.-O. serait déjà un petit exploit. Mais l’idée même d’avoir une possibilité de se qualifier pour les Jeux, c’est super excitant !»
Compétiteur dans l’âme, Eric Glod se dit dans la meilleure forme de sa vie : «Pendant l’hiver, j’ai pu me préparer physiquement pour ce tournoi. Et techniquement, je joue le meilleur tennis de table de ma vie.» Il a également l’avantage de savoir à quoi s’attendre : «Il y a quatre ans, en Suède, j’avais terminé quatrième de mon groupe. Je m’étais mis beaucoup trop de pression. Maintenant, je suis plus relax. À Doha (NDLR : au tournoi mondial de qualification olympique en mars), j’étais tout près de battre un Argentin qui vient de se qualifier pour les Jeux. J’ai confiance. Je sais comment entrer dans une telle compétition pour réaliser une bonne prestation.» Après le Portugal, il retournera au Danemark pour disputer la deuxième manche de la demi-finale du championnat : «On a perdu la première, mais je suis sûr qu’on a le talent pour renverser la situation. Et passer en finale.»
Mladenovic profite du moment
Sarah De Nutte a une certaine pression, Eric Glod un peu mais pas trop. Mais que dire du dernier… «Je suis simplement heureux d’être là.» Lui, c’est Luka Mladenovic. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le joueur de Mayence arrive très détendu au Portugal. Et pour cause : «C’est ma première compétition depuis 14 mois. En plus après l’été, je me suis blessé au genou assez sérieusement. J’ai repris doucement il y a quelques mois, j’ai beaucoup travaillé avec les médecins et le kiné. Je ne suis pas encore à 100%, mais je reprends confiance petit à petit.» Le 213e joueur mondial, qui n’a même pas pu jouer avec son club avant que la saison ne soit purement et simplement annulée, se réjouit de pouvoir jouer : «Trois matches de très haut niveau.» Et d’ajouter : «C’est ma toute première qualification olympique. J’ai une motivation énorme. C’est un plaisir d’être à nouveau à la table et de défendre les couleurs du Luxembourg.» Pour lui, chaque point sera une victoire. Et la plus grande : «Que je n’ai pas à penser à mon genou !»
La formule
Étape 1 : huit ou dix groupes de trois ou quatre joueurs qui jouent entre eux sur deux jours. Les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour la suite.
Étape 2 : les 16 joueurs sont intégrés à un tableau en compagnie des 4 premières têtes de série, exemptées de première phase. Les matches sont à élimination directe. Les deux finalistes sont directement qualifiés pour les JO de Tokyo.
Étape 3 : les joueurs encore en lice refont un nouveau cycle à élimination directe. Chez les messieurs, les deux finalistes sont qualifiés directement (la finale ne se joue pas) ainsi que le vainqueur du match entre les deux demi-finalistes. Chez les dames, les deux finalistes se qualifient directement (la finale ne se joue pas) et les deux demi-finalistes sont n°1 et 2 sur la liste des réservistes.
Romain Haas