APRÈS LA MÉDAILLE DE BRONZE AUX CHAMPIONNATS DU MONDE Sarah de Nutte, sur un petit nuage, est longuement revenue sur son incroyable semaine à Houston, conclue par une troisième place en double.
SA SEMAINE
«J’aurais signé tout de suite!»
Sarah de Nutte : Honnêtement, jamais je ne pensais pouvoir aller en demi-finale en double. Je me disais que peut-être les huitièmes, voire les quarts si on joue très bien et qu’on a un bon tableau. C’est plutôt en simple où je voulais passer un tour de plus que la dernière fois et me retrouver dans les 32 dernières. Donc, oui, j’aurais signé tout de suite! À 100 %!
SON NIVEAU
«Très contente du début à la fin»
Je suis très satisfaite de mon niveau de jeu du début à la fin de la compétition. Si je regarde bien, il n’y a pas vraiment eu de moment où j’ai mal joué. Ça a commencé dès mon premier match contre (Dora) Madarasz. J’avais bien analysé notre match deux semaines plus tôt en Ligue des champions (victoire de Saint-Quentin contre Carthagène mais défaite de Sarah de Nutte 1-3 contre elle) mais pourtant, à l’échauffement, je ne me sentais pas bien. Mais dès le premier point du match, ça allait mieux. J’ai senti que je pouvais mettre la pression, être agressive sans trop hésiter. J’ai vraiment dominé le match et j’ai été surprise. Au tour suivant, je tombais sur Shin Yubin. Quand j’avais vu mon tableau, je me suis dit que c’était très difficile avec Madarasz que je n’avais jamais battue, Shin Yubin que j’avais juste battu une fois quand elle était très jeune mais depuis c’est trois défaites de suite. En plus elle est vraiment super forte, c’est la vraie n° 1 coréenne même si le ranking ne le dit pas. Au premier tour, elle bat une fille du top 30 4-0 alors qu’elle n’a que 17 ans. Pour moi, elle est d’un niveau Top 30 mondial. Mais je me suis dit que j’allais tout donner. C’est ce que j’ai fait. Je gagne finalement 4-3 mais même si j’avais perdu, je n’aurais pas eu de regrets. J’ai très bien joué.
JOUER LA N° 1 MONDIALE?
«Elle n’a pas de point faible»
Il y a deux ans, j’étais déjà tombée contre Ning Ding au deuxième tour. Elle était aussi numéro un mondiale et championne olympique. À l’époque, j’avais remporté un set et j’avais même eu une balle de set à 1-1. Cette fois, j’ai rencontré Meng Chen, actuelle numéro un mondiale et championne olympique en titre. Je me suis dit que j’allais tout donner mais pendant le match, je ne savais vraiment pas trop comment marquer des points. Elle est très solide, place parfaitement ses balles. Elle n’a pas de point faible, c’est comme cela avec les Chinoises. Si je devais tirer quelque chose de ce match (NDLR : perdu sèchement 0-4), je dirais qu’il me faut travailler la qualité de balle, les placements. C’est vraiment capital pour avoir une chance de mettre la pression à une telle adversaire.
LA VICTOIRE CONTRE TAIPEI?
«Un truc de ouf!»
C’était incroyable. On perd un set alors qu’on menait largement. Et le dernier set, c’est un truc de ouf! On est menées 2-9, à ce moment, on ne sait pas trop si on doit tout risquer ou pas. Mais on est restées concentrées du début à la fin, on a rien lâché. Alors qu’on était revenues à 8-9, Xia Lian rate une balle facile et là je me suis dit : oh mer… Mais on a joué des balles incroyables, notamment le dernier point si bien qu’à la fin, on n’arrêtait pas de rigoler.
LA PROMENADE DE SANTÉ CONTRE L’INDE
«On voulait être préparées»
Tout le monde nous disait que ce serait facile, que c’était un bon tirage de prendre l’Inde (NDLR : en quarts de finale, donc match pour la médaille). Peut-être sur le papier mais il ne faut pas oublier qu’en Slovénie, elles ont battu une paire chinoise et elles ont remporté le tournoi. Une des deux était également en quarts de finale en double mixte ici. On a regardé trois fois leur match contre les Chinoises et la veille au soir, on est allées s’entraîner deux heures avec les picots longs, car on savait que Batra avait un picot long dans le revers. On voulait vraiment être préparées pour ce match. Et finalement, on a mené 10-0 dans le premier set, on n’a eu aucun problème à renvoyer les balles de Batra. On était en pleine confiance, mais c’était grâce à notre préparation la veille.
LA DEMI-FINALE CONTRE LES CHINOISES
«Contentes d’avoir pu les embêter un peu»
Après ce match, on était assurées d’avoir une médaille alors qu’on ne s’y attendait pas du tout. Forcément, il y a sûrement eu un peu de relâchement mais on voulait quand même tout faire contre la Chine. Ne pas se dire qu’on était contentes d’être en demi-finale. Dans les deux premiers sets, ce n’était pas facile. En fait, les Chinoises sont tellement fortes qu’il faut s’adapter à la vitesse, à la qualité de la balle adverse. On a mis deux sets pour entrer dans le match. Mais sur le troisième, on mène, on a même une balle de set en notre faveur. C’est dommage de ne pas l’avoir remportée, mais au moins il y a eu un peu de suspense. On est contentes d’avoir pu les embêter un peu.
SON ANNÉE 2021
«Une très belle année!»
Cette année a été un très grand succès pour moi et le tennis de table luxembourgeois. Aux championnats d’Europe en juin, on est toutes les deux dans les 16 premières en simple. En double, on perd 2-3 contre les Allemandes futures championnes, en quarts. Avec un meilleur tirage je pense qu’on aurait pu aller jusqu’en finale. Ensuite, je me qualifie pour les Jeux olympiques. C’est la première fois que deux Luxembourgeoises le font en simple et je suis la première joueuse grand-ducale d’origine à le faire en simple. Il y a aussi le championnat d’Europe par équipes à Cluj, où on bat la Russie et on se qualifie pour les championnats du monde en Chine l’année prochaine. Et maintenant une médaille de bronze aux championnats du monde… C’est complètement fou! Faire un jour une médaille aux championnats d’Europe, avec un bon tirage, si tout se déroule parfaitement, pourquoi pas. Mais aux championnats du monde, je n’y avais même pas pensé! En résumé, c’était une très belle année!
L’AVENIR
«Je rêve d’autres exploits»
Je dois davantage croire en moi. Penser que je peux battre n’importe qui. Ça influence la manière dont tu joues un match. Être agressif, ne pas subir l’échange. Avoir le courage de tout donner. De ne pas hésiter. Sinon, tu perds le timing et la qualité de balle. Bien sûr, je peux encore améliorer des choses, notamment mon jeu de jambes, je l’ai remarqué pendant le double où parfois je n’étais pas bien placée. Je dois davantage varier mon service. Il y a tout un tas de choses que je peux améliorer. Maintenant j’ai une médaille de bronze, mais je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. J’espère réaliser d’autres exploits dans le futur.
Romain Haas