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[Tennis de table] Mladenovic : «J’y croirai quand ce sera officiel»


Luka Mladenovic ne veut pas laisser tout de suite éclater sa joie. Il préfère le faire une fois que ce sera sûr, en début de semaine prochaine! (Photo : dr)

Luka Mladenovic a du mal à réaliser qu’il s’est qualifié pour les JO. Il a toutefois accepté de confier son sentiment. Dans l’attente de l’officialisation, en début de semaine prochaine.

Comment vous sentez-vous?

Luka Mladenovic : J’ai encore du mal à réaliser. Je sais que normalement, c’est bon. Que j’y suis. Mais je suis encore sous le choc. Je suis qualifié, mais je ne le suis pas tant que ce n’est pas officiel. Je crois que j’ai du mal à accepter que je l’ai fait. Jeudi, avec ma copine, on était tous les deux choqués. Je ne peux pas rire ou pleurer. J’y croirai quand j’aurai le document officiel dans mes mains. 

Mais vous êtes sûr d’y aller?

Oui. Peter Teglas (NDLR : l’entraîneur national) m’a confirmé que c’était bon. Mais quelque part, il y a encore un petit pourcent en moi qui refuse d’y croire tant que ce n’est pas officiel. 

Quel que soit le verdict, quel parcours depuis un an! Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé?

Par le passé, il m’arrivait de venir m’entraîner parce que je devais le faire. Mais maintenant, je sais exactement ce que je veux faire, ce que je dois faire. Être en mode guerrier. Être capable d’être constant dans mes performances et d’avoir des séances d’une extrême qualité. Et surtout, j’ai progressé au niveau mental. En octobre, je perdais des matches parce que je jouais peut-être à 10 % de ce que faisais à l’entraînement. C’est à partir de ce moment que je me suis dit qu’il fallait que je change quelque chose. Je ne pouvais pas entrer dans un match en mode passif. Il fallait aller chercher chaque point, chaque set, chaque match comme un fou. Avec la même agressivité et la même explosivité qu’à l’entraînement. Et à partir de la fin décembre, j’ai commencé à jouer de manière constante à très haut niveau. Ce qui me permettait de pouvoir battre beaucoup de monde.

Vous avez enchaîné les performances au point d’être cité sur le site de la fédé internationale comme l’une des plus grosses progressions de l’année. Y prêtiez-vous attention?

On m’avait envoyé l’article à ce sujet. Mais je m’en suis surtout servi comme d’une motivation. Par le passé, j’avais déjà battu plusieurs joueurs du top 100. Et je savais que si je commençais à trouver cette régularité dans les performances, si j’étais capable de jouer au niveau auquel je peux jouer, les résultats allaient s’enchaîner. Et mon classement allait progresser.

Ce fut le cas puisque vous avez été le premier pongiste masculin luxembourgeois à intégrer le top 100?

Oui. Il y a un an j’étais encore aux alentours de la 215e place mondiale. Mais il fallait, comme je l’ai déjà dit, que je trouve de la constance dans mes performances. Que je puisse les enchaîner tournoi après tournoi pour grimper au ranking.

À partir de quand vous êtes-vous dit que Paris, c’était possible?

Au départ, la plus grande chance d’y arriver était via le double mixte. Malheureusement, on perd en finale. Et on est la première équipe non qualifiée via le ranking. C’était une grosse déception. Mais tout de suite après, Tommy (NDLR : Danielsson, l’entraîneur) m’a dit que si je continuais comme cela, je pouvais me qualifier pour Paris. J’avais fait des tournois incroyables en mars et en avril et dans ma tête, je me suis dit que je devais y aller à fond. Et tout donner.

Lucky loser, j’ai pris ça comme une seconde chance

Et c’est ce que vous avez fait. Avec une période un peu dingue et l’enchaînement de quatre tournois, Rio, Mendoza, Zagreb et Ljubljana. Avec le recul, tout aurait pu s’arrêter dès Rio?

Oui. Je perds en qualification. Après j’ai passé deux heures avec ma copine au téléphone, j’étais en train de pleurer. De me demander pourquoi j’avais fait tout ça. Investi tellement de temps. Fait tellement de sacrifices. Et puis après avoir raccroché, je regarde le main draw, je voulais voir contre qui j’aurais pu tomber. Et je vois que je suis dedans. Je n’ai pas compris. Après, j’ai su que j’étais lucky loser et c’est un coach portugais qui avait tiré mon nom au sort. D’ailleurs, au tournoi suivant, je lui ai rapporté une bouteille de vin pour le remercier. Et j’ai pris ça comme une seconde chance. Que je n’avais pas le droit de gâcher.

Et vous avez atteint les quarts!

Oui. Avec deux victoires (NDLR : face au Mexicain Marco Madrid, 71e mondial et au Canadien Edward Lyn, 39e) où j’ai beaucoup mieux joué que pendant les qualifs.

Si bien que vous vous retrouvez à Ljubljana en position de qualifié. Mais sous la menace. Quel est alors votre état d’esprit?

J’avais un très bon feeling. Bien sûr la tête et le corps n’étaient pas à 100 %. J’étais en mode survie. Mais je me disais qu’il fallait faire un tout dernier effort. Que je devais envoyer tout ce que j’avais même si je ne me sentais pas super bien. Et contre (l’Italien) Mutti, je fais un de mes cinq meilleurs matches durant cette période. Je ne l’avais jamais battu en deux matches. Il y a des trucs qui ont bien marché, j’étais hyper agressif et offensif. Le revers de la médaille, c’est qu’après un match pareil, le lendemain tu es complètement à plat. Je voulais gagner. Mais je n’avais plus rien à donner. Et dans ces conditions, contre un adversaire aussi fort (NDLR : le Croate Frane Kojic), tu ne peux pas espérer gagner. Je n’avais pas de regret. J’avais donné tout ce que j’avais. Avant, je n’avais jamais enchaîné plus de deux ou trois tournois de suite. Là, c’était huit ou dix. Je suis très fier de ce que j’ai fait. D’avoir donné à chaque fois le max. Et de ne pas m’être blessé.

Cet après-midi là, j’ai vécu des moments très désagréables

On imagine qu’à partir de ce moment, c’est compliqué psychologiquement?

C’est atroce. Cet après-midi-là, jusqu’à 22 h, j’ai vécu des moments très désagréables. Je n’avais plus rien entre les mains. Et mes concurrents Nuytinck et Kubik venaient de gagner. En plus je venais d’apprendre qu’il n’y avait plus 13 places mais seulement 12. Si bien qu’alors que je pensais qu’il fallait que trois personnes me dépassent pour me sortir, il n’y en avait plus que deux. J’ai stressé comme un fou. Et je dois vraiment remercier Sarah (De Nutte). Elle m’a sorti. On est allés boire un coup et passer une bonne soirée pour m’éviter de rester sur mon lit à trop gamberger.

Et le lendemain, ça se passe comment?

Au réveil, je me suis dit que je ne pouvais plus rien changer. Que mes rivaux avaient été bons. Mais que leurs adversaires le seraient aussi. Je vois que Nuytinck gagne. Mais Peter Teglas m’explique qu’on est à égalité mais que dans ce cas, c’est moi qui passe devant lui. Et comme il devait affronter encore Félix Lebrun, je savais que ce serait très compliqué pour lui. Ensuite, dans l’avion, Sarah regarde et me dit que Kubik a perdu. Et là, je savais que c’était presque fait. Et le soir, dans la voiture du père de ma copine, je suivais le match d’Olah (NDLR : le Finlandais, dernier rival potentiel). Quand je vois qu’il a perdu 3-0, c’est comme si je recevais une décharge dans tout mon corps. J’étais pétrifié. Je ne savais pas quoi dire. Et d’ailleurs, c’est toujours le cas. En plus, c’était clair et net, exactement ce qu’il me fallait après la journée de stress de la veille.

Et maintenant, quelle est la suite du programme?

Déjà je ne touche plus une raquette pendant une dizaine de jours. Je vais faire des trucs avec mes potes. Je vais jouer 5 heures au tennis, faire une sortie à vélo avec mon meilleur copain. Faire du cardio. Mais avec du fun. Je vais faire 1 000 trucs différents. Et après, je vais commencer la préparation. Notamment avec les jeunes qui préparent les championnats d’Europe. Pour arriver comme une beast à Paris!

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