(Coupe FLT) On a rejoué en indoor avec des spectateurs, ce week-end au CNT de Luxembourg. Un pas allant forcément dans le bon sens pour Claude Lamberty, le président de la fédération.
On suppose qu’après la tenue des demi-finales et des finales de la Coupe FLT (remportées par le Spora et Esch) ce week-end, vous poussez un « ouf » de soulagement ?
Claude Lamberty : Oui. La phase finale de cette compétition avait été stoppée net par la crise sanitaire et le confinement. Et fin juillet, on s’est dit que si on voulait finir cette compétition avant le début de la prochaine saison indoor (en octobre), il fallait l’organiser juste avant, en septembre. On sait que les joueurs adorent les compétitions par équipes au Luxembourg et comme ils ont déjà été privés des interclubs…
Le dispositif n’était forcément pas le même qu’à l’habitude…
Exactement. Tout le monde portait le masque et la buvette était fermée. Cela en a ennuyé certains, d’ailleurs. Ces derniers demandaient pourquoi nous ne l’avions pas ouverte. Mais dans la situation actuelle, c’est le domaine sportif qui doit prévaloir sur le reste. Donc si l’ambiance était forcément un peu différente, on a surtout pu jouer et retrouver une certaine normalité.
Certes, il y avait eu cinq ou six tournois orchestrés dans des clubs cet été et les championnats nationaux en plein air organisés voici dix jours, mais ce n’est quand même pas pareil. Ici, on était en salle. Avec moins d’espace disponible. Et on sait ce que cela change dans les conditions actuelles…
Tous les autres événements qui devaient se tenir depuis mars dernier sont annulés ou sont-ils reportés ?
Ils n’auront pas lieu. La chance qu’on a eue, c’est que les interclubs, contrairement aux championnats en football, basket… n’avaient pas débuté au moment du confinement. Cela s’est joué à peu de choses chez les jeunes…
Après, libre aux différents clubs qui auraient dû organiser un tournoi cette année de le tenir en indoor. De notre côté, nous avons juste en tête d’orchestrer le Masters, notre compétition de fin d’année qui regroupe les meilleurs joueuses et joueurs de la saison. C’est un des événements phares de notre calendrier. Enfin, on verra comment se passe l’évolution de la crise sanitaire dans le pays…
En plus de l’arrêt des tournois, les interclubs n’ont pas lieu…
Cet été, on a vu Eléonora Molinaro s’envoler pour les États-Unis et l’université du Tennessee. Du coup, Chris Rodesch étant lui à Virginia, les deux plus grands espoirs luxembourgeois sont dans des colleges américains. Cela tend à montrer que le Luxembourg n’est toujours pas capable d’amener ses meilleurs jeunes vers le haut niveau sans une aide extérieure…
Les universités américaines sont un excellent moyen de tenter de faire le saut vers le professionnalisme. Cela permet d’associer études et entraînements de haut niveau dans des structures et infrastructures souvent exceptionnelles. Anne Kremer a montré (NDLR : voici une vingtaine d’années à Stanford) que c’était un chemin qui pouvait mener loin puisqu’elle est montée jusqu’à la 18e place mondiale. Alex Knaff et Raphael Calzi en reviennent, eux. Le premier vient de rentrer dans la section d’élite de l’armée et le second va suivre la même voie…
Pour « Elé », c’est surtout le Covid qui l’a poussée à effectuer ce choix. L’incertitude était grande pour tous ceux qui sont au-delà du top 100 ou 150 mondial (NDLR : Eléonora Molinaro était 234e en mars). Quand vous voyez qu’en plus de l’arrêt des tournois, les interclubs (NDLR : qui sont une belle source de rémunération) n’ont pas eu lieu… « Elé » était sur le bon chemin et, sans cette crise, elle serait peut-être aujourd’hui bien plus haut dans la hiérarchie.
Dans une telle situation, venir d’un petit pays comme le Luxembourg n’est sans doute pas un avantage pour elle…
Cela apporte du positif et du négatif, comme pour tout. C’est sûr qu’une Fédération française de tennis, avec ses gros moyens, a une autre vie que nous. Il y a plus de gens qui bossent sur une édition de Roland-Garros que toutes les personnes qui œuvrent sur le tennis luxembourgeois en un an!
L’annulation tennistique a été mondiale et tous les événements internationaux ITF ou WTA se passant chez nous ont été annulés. Forcément, c’est plus simple dans un pays qui organise 30 tournois pros par an. Vous recevez plus facilement des invitations… On ne peut pas concurrencer ça. On n’aura jamais au Luxembourg la masse critique d’une centaine de jeunes joueurs et joueuses pour monter une académie. C’est donc à chacun d’essayer de trouver son chemin. Avec toujours la possibilité, sur le côté, de demander conseil à des Gilles Muller ou Claudine Schaul, qui ont connu le haut niveau.
Entretien avec Julien Carette