Le ministère des Sports a annoncé, lundi, la mise à disposition de tests antigéniques en vue de la reprise prochaine des championnats. Sans obligation.
Ah, le fameux test antigénique ! Le 27 octobre dernier, dans une interview titrée «Le pessimisme s’explique par une peur partiellement justifiée», Romain Schockmel, président de la FLH, montait au créneau et réclamait son utilisation, conscient toutefois que « ce n’est pas le remède miracle… » mais que c’était mieux que rien. Plus rapide que le test PCR, l’antigénique permet dans un délai relativement court (15 à 30 minutes) à une personne de savoir si elle est porteuse ou non du fameux virus. Enfin, plus précisément si elle est contagieuse. Les plus pointilleux souligneront à raison que le test antigénique n’est pas aussi précis que le PCR, mais cela remet-il pour autant en cause sa fiabilité ? « Il ne faut pas confondre sensibilité et fiabilité, fait justement remarquer Romain Schockmel. D’ailleurs, la Haute Autorité de santé française a validé le test antigénique. »
Pour faire simple – chose peu évidente sans avoir fait des études de médecine –, reprenons les bases : les tests RT-PCR sont utilisés pour diagnostiquer les infections au SARS-CoV-2. Pour cela, on procède à l’amplification, lors de cycles successifs, du matériel génétique potentiellement présent dans l’échantillon. Le nombre de cycles nécessaire à la détection du virus est appelé Ct, soit le seuil de détection. Le taux de contagiosité d’un échantillon est inversement proportionnel à son Ct. Ainsi, une personne à la charge virale élevée (Ct inférieur à 20) est fortement contagieuse. A contrario, une autre personne possédant un Ct supérieur à 35 sera très peu contagieuse.
Alors, bien que moins précis que le PCR, le test antigénique n’en est donc pas moins fiable. « Dans les deux cas, on ne se base pas sur la même chose », explique Thomas Dentzer, virologue, coordinateur général de la direction de la Santé et responsable de la stratégie des tests. « Lors d’un test antigénique, on travaille sur la protéine S (Spike) ou N (Nucléocapside). Ce test est fiable quasiment à 98% lorsque le sujet se trouve au pic de l’infection. Soit dans les trois ou quatre premiers jours. Il l’est un peu moins avec des personnes asymptomatiques par exemple où son taux de fiabilité tourne aux alentours de 80%. »
Si ce test ne constitue pas à lui seul la solution, Romain Schockmel estime qu’il « en fait partie au même titre que le vaccin ou le futur traitement qui sera mis en place ». Chirurgien vasculaire et thoracique, le président de la FLH se veut résolument optimiste et estime qu’avec le temps, les mesures sanitaires finiront par être levées progressivement. Sur ce point, il semble rejoindre Thomas Dentzer : « Ce virus est présent pour des années, mais plus le nombre de gens vaccinés sera important et plus son impact va devenir minime. »
L’expérience que j’ai pu observer en Ligue des champions a démontré que la mise en place de ces tests antigéniques n’a pas entraîné de problèmes d’organisation
Dès lors, certains estiment important de retrouver une vie «normale». Au vu, toutefois, de la conjoncture actuelle et de ses spécificités, le ministère des Sports a souhaité mettre en place un dispositif basé sur des tests antigéniques rapides. Dan Kersch a donc présenté un «projet pilote» basé sur le volontariat puisque n’étant, pour l’heure, aucunement obligatoire. « Pour cela, il faudrait que les fédérations décident de modifier leur statut et cela ne peut se faire que lors d’une assemblée générale », fait remarquer Laurent Deville, coordinateur au ministère des Sports où l’on rappelle que « ce n’est pas son rôle de s’immiscer dans la vie des fédérations ». Ce projet tient en la mise en place de tests rapides 24 heures avant une rencontre. En cas de résultat positif, le joueur serait automatiquement exempté de match avant d’effectuer rapidement un test PCR et d’être placé à l’isolement.
D’après nos informations, les représentants du ministère se sont entretenus à trois reprises, via des réunions à distance, avec leurs homologues des principales fédérations de sport collectif (FLF, FLH, FLBB, FLVB) afin de mettre sur pied ce projet pilote. Celui-ci a-t-il suscité des réticences ? « C’est bien de se poser des questions. C’est très bien de réfléchir mais après, que fait-on ?, fait mine de s’interroger Romain Schockmel. Il me semble que tout le monde a envie de retrouver une « vie normale » et pour cela, appuyons-nous sur les outils dont nous disposons. Et le test antigénique en est un afin de limiter la circulation du virus. »
Lundi soir, le président de la FLH s’entretenait avec les représentants de clubs qui, avant même de les consulter, était persuadé de leur consentement. « Pour tout vous dire, je pense qu’ils sont très favorables à ce projet pilote. Franchement, les tests sont à leur disposition et cela ne leur coûtera rien du tout, juste se déplacer pour aller les chercher », déclare le dirigeant.
Norma Zambon, qui devait s’entretenir également hier soir avec les représentants de clubs de la FLVB, souligne que cette idée « aidera sûrement à détecter et à isoler des cas positifs » mais émet néanmoins un petit bémol : « À voir si les clubs s’alignent à cette idée sachant qu’il s’agit d’un effort logistique supplémentaire. » Pas faux.
Et puis, au vu du contexte et de l’atmosphère anxiogène actuelle, certains s’interrogent sur le bien fondé de finir la saison. « C’est vrai, certains auraient préféré que l’on attende le 21 février (NDLR : la reprise du championnat s’effectue ce samedi avec des matches en retard), voir comme les choses évoluent, confie le patron de la FLH. Mais depuis des mois, c’est ce que l’on fait. Alors, que fait-on ? On ne fait rien ? L’expérience que j’ai pu observer en Ligue des champions a démontré que la mise en place de ces tests antigéniques n’a pas entraîné de problèmes d’organisation. Et je rappelle que l’on ne fait pas ça pour embêter les clubs mais pour éviter d’avoir des clusters. Et cela permettra de récolter des données afin de voir si oui ou non la pratique sportive favorise la propagation du virus. Enfin, davantage que d’être six autour d’une table… »
Charles Michel