Le maillot jaune Christophe Laporte a remporté au sprint jeudi la première étape marquée par la lourde chute sur la ligne de son compatriote français, Justin Jules, qui a fait une sévère embardée et a bien failli emporter le maillot jaune.
Le souffle coupé, Christophe Laporte s’est arrêté une centaine de mètres après la ligne d’arrivée. Il venait de se retourner pour s’assurer qu’il n’avait pas rêvé. On lisait, dans ses yeux embués, la stupeur de celui qui sait qu’il l’a échappé belle.
Dans son dos et sur le côté droit, il avait senti la présence, puis la chute assourdissante de Justin Jules qui après cette ligne, s’était lourdement crashé le long des balustrades. Car il avait parfaitement entendu le vacarme infernal déclenché. Le bruit du boyau de la roue qui explose, des roues qui se brisent. Lors de l’impact, il a même eu le réflexe de se retourner.
Selon les images du direct, on distinguait assez bien le Français de l’équipe Wallonie-Bruxelles qui semblait vouloir forcer le passage pour remonter le maillot jaune, bien en ligne, malgré la courbe d’arrivée. Il n’y avait manifestement pas la place. Déséquilibré, pris au piège des balustrades, Jules esquissa un réflexe qui le renvoyait vers Laporte, lequel fort heureusement, avait échappé à ce qui aurait pu devenir un véritable carnage. Mais le coureur de Wallonie-Bruxelles rebondissait le long des barrières, écrasant au passage une caméra de télévision plantée là.
Soigné par le médecin du Skoda Tour, il fut ensuite transporté vers le Centre hospitalier Émile-Mayrisch. Son équipe rappelait après l’étape qu’il était resté conscient, ce qui était rassurant. Mais il paraît évidemment impensable qu’il soit au départ de la deuxième étape, aujourd’hui.
«J’ai gardé ma ligne»
Dans son malheur, Justin Jules n’a emporté que lui-même à la faute et c’est heureux si on peut dire. Car en pareil cas, ce n’est pas seulement Christophe Laporte qui aurait pu être projeté à terre mais par effet domino, une bonne douzaine de coureurs.
«J’ai gardé ma ligne, j’ai gardé ma ligne, je n’ai rien fait de mal, j’ai eu l’impression que Justin Jules me tombait dessus», répétait alors Christophe Laporte à l’adresse de ses coéquipiers, venus le complimenter ou simplement s’assurer qu’il n’avait pas été touché.
Le maillot jaune évitait de verser dans le triomphalisme. Parce qu’il ne savait rien de l’état de santé de Justin Jules, qui passe la ligne en deuxième position tout en chutant. Et parce qu’il se savait irréprochable, il n’avait rien vu des images. Tout juste avait-il remercié ses coéquipiers pour le travail fourni, en gros un bon tempo derrière l’échappée du jour puis une approche forcément musclée pour le sprint final, qu’il fut dirigé vers le podium pour la cérémonie. De là, il put revoir les images et s’assurer qu’effectivement il n’y était pour rien. Mais un confrère lui suggérer également d’aller s’en assurer auprès des commissaires UCI. Au cas où.
Succès mérité
L’explication de texte ne dura pas des heures, les ralentis confirmant ce que tout le monde savait déjà. Le président du jury le rassura donc. Il pouvait enfin monter sur le podium et savourer ce succès d’étape. Comme l’an passé, Christophe Laporte a remporté la première étape du Skoda Tour. Mais cette fois, avec le maillot jaune sur le dos. «Bon, je suis heureux pour mes coéquipiers qui ont fait un travail remarquable. Ce n’est jamais agréable de voir un rival chuter. Je pense qu’il n’y avait pas la place pour passer à cet endroit», expliquerait-il une bonne dizaine de fois, effectivement certain de sa bonne foi.
Voilà pour la séquence stupéfaction. L’arrivée avait donc tranché avec le reste de l’étape qui avait été d’une tranquillité absolue. Une échappée tenue en laisse par l’équipe Cofidis. On y retrouvait Robin Carpenter (Rally UHC), Szymon Rekita, le valeureux coureur polonais de Leopard, Loïc Vliegen (Wanty) et Raoul Alarcon (FC Porto). Le groupe se désagrégea progressivement. Puis le sprint final se profila.
Outre la chute de Justin Jules, on retiendra donc que Christophe Laporte n’a pas volé son succès. Et il cherchera forcément à remettre ça ce vendredi à Rosport…
Denis Bastien