Le skieur luxembourgeois de 18 ans fait coup double : non seulement, il remporte sa première course, mais en plus, il réalise les critères pour participer aux JO, en Corée.
Depuis le mois d’août, ses perspectives avaient changé : d’un seul coup, le rêve de participer aux Jeux olympiques s’était transformé en véritable objectif. Il faut dire qu’en Afrique du Sud, du côté de Tiffindell, Matthieu Osch avait frappé un grand coup en montant deux fois sur le podium d’une course Entry League FIS tout en réalisant, une fois, moins que les 45 points FIS, critère exigé par le COSL (et à réaliser à deux reprises) pour valider son billet pour les JO de Pyeongchang.
Depuis la reprise de la saison, ce week-end, la question n’était pas tant de savoir si mais plutôt quand la bonne nouvelle tomberait. Deux fois deuxième aux Pays-Bas, l’étudiant pour la deuxième saison au sport-études de Saalfelden en Autriche, comptait sur les deux slaloms de Peer, en Belgique et toujours en indoor, pour définitivement valider son billet pour la Corée. Encore une fois deuxième mardi, le Luxembourgeois a cette fois réussi, mercredi, la course parfaite, puisqu’il s’impose au terme des trois manches, en devançant un Slovène de 60 centièmes et son grand rival belge Basile Lefevre, qui avait jusque-là tout gagné, de 67 centièmes. Un succès dans une course FIS pour un Luxembourgeois, c’est du jamais vu depuis… 11 ans, avec Stefano Speck.
Et surtout, le plus important, il réalise 44,47 points FIS et remplit donc les critères du COSL. Du coup, même si ce ne sera officiel qu’une fois que l’organe olympique se sera réuni, Matthieu Osch est bien le premier skieur luxembourgeois qualifié pour des JO, depuis le même Stefano Speck, qui n’avait malheureusement pas pu vivre son rêve à cause d’une très grave blessure, qui l’avait empêché d’aller aux Jeux de Vancouver en 2010.
«Du mal à réaliser»
En fait, la dernière fois qu’on a vu un Luxembourgeois skier aux JO, c’était un certain Marc Girardelli, en 1994… une éternité. «Pour tout dire, j’ai encore du mal à réaliser. J’attends la confirmation, mais comme j’ai fait 40 points en Afrique du Sud et 4 ici, normalement c’est bon.»
Rassuré après sa deuxième place la veille et déjà un joli 46,99, Matthieu Osch abordait ce second rendez-vous de Snow Valley le cœur léger : «Je suis venu avec l’objectif de me qualifier, mais je n’étais bien sûr pas certain à 100% que ça fonctionnerait. J’avais un bon sentiment, je me suis dit que je devais seulement skier comme je sais le faire. Et finalement, tout a marché à la perfection.»
Maintenant que la qualification est officieusement en poche, Matthieu Osch va pouvoir se concentrer davantage sur sa préparation : «Je ne vais plus être obligé de m’aligner sur des courses en me disant qu’il faut absolument faire les points. Je vais me focaliser sur l’entraînement pour tenter d’améliorer mon ski. Pas question de se relâcher en se disant que je vais aux Jeux. Je veux me présenter avec un bon niveau.» Même si cette qualification en slalom devrait lui permettre également de s’aligner en slalom géant, Matthieu Osch compte bien «faire descendre (s)es points» en se présentant au départ de plusieurs géants. En revanche, pas question de le voir dans un portillon de départ d’une descente ou d’un super-G : «Ce sont la FIS et le CIO qui fixent les normes. En gros, il faut faire partie des 500 meilleurs mondiaux et vu que j’ai dû m’entraîner deux ou trois fois maximum en vitesse…»
Que de chemin parcouru pour celui qui a débuté dès l’âge de deux ou trois ans, en suivant ses parents. Il commencera la compétition vers huit ans, mais c’est d’abord vers un autre sport qu’il se tournera. En effet, Matthieu Osch était très fort en volley. Membre de l’équipe nationale, il a même rejoint le Sportslycée dans cette discipline. Là, il était en cours avec le cycliste Tristan Parrotta, le karatéka Jordan Neves ou encore le nageur Ricky Rolko : «Mais à un moment, il fallait faire un choix entre volley et ski.» Il a choisi le ski. Bien vu : il part aux Jeux!
Reste à savoir s’il sera seul. La dernière chance concerne le fondeur Kari Peters, dont la saison démarrera dans quelques semaines. Mais pour qui la tâche s’annonce très compliquée, vu qu’il a déjà perdu un an de compétition à cause d’une grave blessure.
Romain Haas
Et maintenant ?
Officiellement, Matthieu Osch n’a pas encore son billet pour la Corée du Sud. En effet, seul le COSL est habilité à lui délivrer le précieux sésame : «Pour le moment, nous ne pouvons que féliciter Matthieu pour sa superbe performance et son travail», commente Daniel Dax, secrétaire général du COSL. Et de préciser : «L’information doit remonter officiellement au conseil d’administration. Une fois que ce sera fait, ce dernier jugera, au moment opportun, d’évoquer le cas de l’athlète lors d’un prochain conseil d’administration.»
Le CA se penchera sur les conditions dans lesquelles ont été effectuées ces performances. Mais même si Matthieu Osch a remporté une course en indoor, celle-ci fait bien partie du calendrier officiel de la Fédération internationale de ski en tant que FIS Entry League Race. Comme il lui était demandé de réaliser deux fois un total inférieur à 45 points FIS, il semble bien que rien ne s’oppose à cette qualification.
Toujours est-il que, comme c’est le cas à chaque fois pour les Jeux olympiques, c’est bien le COSL qui aura le dernier mot.