Ça ressemble à quoi, les semaines qui suivent une prestation hors normes pour un petit nouveau chez les Roud Léiwen? On est allé demander au Pétangeois Aldin Skenderovic.
Changement de statut, maturation à vitesse accélérée : depuis Toulouse, le défenseur-récupérateur a des soucis de grand.
À la façon dont il est installé dans son fauteuil, on jurerait qu’Aldin Skenderovic, 20 ans, a déjà pris des manières d’homme en place. Il a le droit : contrairement à cinq garçons qui ont contribué aux exploits du mois dernier, lui a été rappelé par Luc Holtz malgré les retours des habitués (ou habituels) des listes du sélectionneur.
Bien enfoncé, main sur les accoudoirs, le défenseur-milieu de terrain s’est replié à l’exercice de l’interview moins de deux semaines après y être déjà passé, à la suite de sa grosse prestation face aux Bleus (0-0), à Toulouse. Pourquoi? Pour redire les mêmes choses? Non : parce qu’alors, rien ne lui était encore vraiment arrivé. Il avait simplement croisé ses partenaires pétangeois à l’entraînement, qui avaient rigolé de cette aventure et l’avaient félicité.
Pas « idole» mais «référence»
C’est l’après qui nous intéressait. Ce qu’il n’avait pas encore expérimenté. Et sa gestion, celle qui permet d’éprouver la maturité d’un garçon qui rêve tout haut d’étranger comme nombre de ses coéquipiers mais qui, lui, a eu les propositions en main ces dernières semaines. Combien? Il dit ne pas savoir mais semble visiblement plutôt se taire. «Moins d’une dizaine», reconnaîtra-t-il. Mais assez pour se dire «surpris de voir à quel point cela va vite en football». Un club danois lui a envoyé une offre notamment. «Les conditions n’allaient pas.» Aucun ne convenait d’ailleurs.
Et Skenderovic a décidé, a priori de «ne pas partir cet hiver, de finir la saison avec Pétange et de voir l’été prochain. Je sais très exactement comment je vais procéder.» Vu la caisse de résonnance qu’a représenté le Stadium de Toulouse, jouer en sélection doit impérativement faire partie du «processus». Alors forcément, après avoir guetté les nominations, jeudi («Le mois dernier, initialement, je n’avais pas été retenu et j’étais très énervé et déçu»), l’ancien Differdangeois a eu tout le loisir de se rendre compte que certains retours étaient actés.
Mutsch dans l’entrejeu, mais aussi Mahmutovic derrière qui pourrait libérer Philipps pour un retour au milieu… Comment prend-on le fait d’avoir été au cœur du miracle contre l’équipe de France et d’avoir à envisager un retour sur le banc un mois plus tard? «C’est la seule façon de progresser. C’est un peu chiant, oui, mais je vais devoir travailler aux entraînements.»
Et ce n’est pas forcément une naïveté coupable que d’énoncer cette platitude car le joueur s’est fait sa religion de la position de Luc Holtz. Jadis, le sélectionneur misait surtout sur l’expérience et le rythme des joueurs qui grandissent hors des frontières. «Mais je pense que le mois dernier a changé sa vision. On y a montré qu’en DN aussi, on savait jouer au foot. Ça a peut-être déplacé sa réflexion vers le fait qu’un mental fort peut être aussi important que la qualité.»
«On est passés à autre chose»
Parlons de la DN alors. En revenant aux affaires, Skenderovic a éprouvé ce que presque tous ses autres coéquipiers-héros de sélection ont ressenti à leur échelle : une aura toute neuve, des performances en hausse, un rapport tout neuf à leur monde. Voire à leurs coéquipiers. «Oui, c’était différent. J’ai ressenti plus de respect, une écoute différente. C’est trop fort de dire « idole », mais « référence », oui… J’ai ressenti plus de responsabilités aussi.»
Celle qu’il a désormais vis-à-vis de sa fédération, c’est de chercher à enchaîner, de ne pas laisser retomber trop vite le soufflé. C’est en Suède que ça se passera et c’est déjà une autre histoire. D’ailleurs, la France, entre eux, les héros n’en parlent déjà presque plus. «Juste deux ou trois mots comme ça en début de stage, assure Skenderovic. Mais pas plus. On est passés à autre chose…»
Julien Mollereau