Pour les quatre matches en dix jours du début de la Nations League 2022, début juin, Luc Holtz a appelé… 26 garçons. Avec des surprises. Dont une énorme.
Entre les 4 et 14 juin, les Roud Léiwen vont se fendre d’un double déplacement (Lituanie puis îles Féroé) avant de recevoir deux fois consécutivement (Turquie, puis îles Féroé). Une configuration inédite, qui crée énormément de stress. On fait le point en quelques questions, alors que la FLF a présenté ses tout nouveaux maillots Erea (le contrat avec Macron est désormais fini) pour la campagne.
1) Quelles sont les caractéristiques de ce rassemblement?
Quatre matches en dix jours, dont deux sur des terrains synthétiques, face à des adversaires «qui nous sont athlétiquement supérieurs, vivent pour le combat, misent beaucoup sur leur corps», a résumé Holtz. Avec ce risque : «Si on tombe sur un arbitre qui laisse jouer…»
Bref, il faudra un groupe extrêmement investi, irréprochable mentalement et costaud physiquement. D’où ce groupe très étoffé, sachant que nombre de joueurs termineront leur saison de club très tard : Sinani a sa finale des barrages de Championship le 29 mai, le même jour que la finale de la Coupe de Russie pour Christopher Martins, alors que le sélectionneur ne sait toujours pas quand ses «Turcs», Oli Thill et Gerson Rodrigues, seront disponibles…
Mais le petit coup de tonnerre de cette liste tient surtout au fait que Dejvid Sinani, excellent depuis deux saisons avec des statistiques pharaoniques au Fola puis au F91, a décliné une sélection que lui offrait enfin Luc Holtz au motif qu’il est «trop fatigué» pour l’honorer. Deux ans qu’on attendait ça, pour ce résultat? Le sélectionneur a-t-il trop tardé au goût du buteur dudelangeois?
2) Pourquoi Gerson est-il de retour et Selimovic à la maison?
Lars Gerson, qui n’a plus remis le pied chez les Roud Léiwen depuis mars 2021, fait son grand retour alors même qu’à Kongsvinger, il continue de faire des séances en solo pour éviter tout risque de rechute après une année 2021 quasi blanche. Mais Holtz manque de centraux de son propre aveu et il a fait le choix de l’expérience : «J’ai vu des bouts de matches de Lars. Il a l’air déjà en jambes, il est intelligent techniquement, il maîtrise… Et puis on ne peut pas exister qu’avec des jeunes.»
Dirk Carlson, Enes Mahmutovic et Vahid Selimovic ont ainsi eu droit à un petit bilan de leurs dernières sorties : tous ont été «un peu en dedans». Mais le seul à payer la note, c’est Vahid Selimovic.
Pourquoi lui, qui ne joue plus depuis mars avec l’OFI Crète, plutôt que Mahmutovic, qui n’a pas encore fait autre chose que des entraînements avec son nouveau club du CSKA Sofia? Parce que Holtz ne voulait pas les éliminer tous les deux et qu’il avait peut-être un peu plus de réserves sur le «Grec» : «Ses dernières prestations n’ont pas été si convaincantes. Je lui ai dit de se concentrer sur son futur, de se trouver un club où il redeviendra titulaire, histoire de retrouver la confiance et la sérénité. Parce qu’avec ou sans ballon, ces derniers temps, il a souvent été en difficulté.»
3) Pourquoi Lohei et Ikene?
Au rayon des petites surprises, il y a bien entendu les retours dans le groupe d’Alessio Curci, qui a enfin retrouvé un peu de temps de jeu avec la réserve de Mayence, en Regionalliga, ces dernières semaines, mais aussi celui de Mickaël Omosanya, qui n’est même plus deuxième choix à l’heure actuelle au Fola.
Leurs profils, forcément, expliquent beaucoup de choses. Mais quel peut-être leur impact au niveau international avec un si maigre temps de jeu?
La question est passée vendredi au second plan, puisque l’attrait de la nouveauté a focalisé les conversations autour du défenseur central Sofiane Ikene et de l’arrière gauche Fabio Lohei, actuellement en Israël avec les U17 (voir ci-dessous). Deux garçons que Luc Holtz veut «récompenser» pour leur progression tout en les mettant face à la réalité de leur marge de progression.
Au sujet de Lohei, le sélectionneur a d’ailleurs indiqué, après avoir visionné son match face à l’Allemagne, jeudi, qu’il «a encore beaucoup d’efforts à faire athlétiquement. Il a été trop gentil dans l’utilisation de son corps. S’il veut exister à Metz, dans un championnat très athlétique, il devra travailler. Mais dans la vitesse cognitive et d’exécution, il est déjà assez loin.»
4) Comment va Maxime Chanot?
Blessé à un œil fin mars en amical, en Bosnie, le défenseur central a eu peur de perdre la vue, ce qui a été très concrètement évoqué dans les premières heures de sa blessure, après son transport à Sarajevo où il a été ausculté dans des conditions effrayantes («Quand le docteur qui vous ausculte tient une cigarette dans une main…», a relaté Luc Holtz) avant de passer une nuit où chaque mouvement aurait pu faire augmenter dramatiquement la pression sur son œil.
Aujourd’hui, il n’a toujours pas récupéré 100 % de sa vision et doit surtout, désormais, jouer avec des lunettes spéciales, façon Edgar Davids, l’ancien international néerlandais de l’Ajax, la Juve ou l’Inter, entre autres. Mais il nous reviendra «très motivé». Vu le challenge qui attend la sélection, y a intérêt…