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[Sélection nationale] Pour «Yvi», ce n’est pas encore le printemps


Alors que la fenêtre internationale de mars devait être l’occasion de le relancer, Yvandro Sanches a vécu un rassemblement contrarié, conclu mardi par une entrée ratée en Suisse.

Si certains des principaux dirigeants politiques mondiaux n’y atterrissaient pas pour se rendre à la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos (Suisse), le très modeste aéroport de Saint-Gall – Altenrhein serait du genre oubliable. Mais Yvandro Sanches se souviendra peut-être longtemps de l’échange qu’il y a eu avec Luc Holtz, hier matin, dans les minutes précédent l’embarquement des Rout Léiwen à bord du vol les ramenant au Grand-duché, au lendemain de la défaite luxembourgeoise en Suisse (3-1).

L’affaire n’était peut-être pas aussi grave que cela, mais elle était tout de même suffisamment importante pour que le sélectionneur préfère prendre l’ailier du Borussia Mönchengladbach entre quatre yeux, dans un lounge situé à l’étage de l’aéroport, plutôt que par l’épaule, en public, comme il a pu le faire au bagage claim du Findel avec Dirk Carlson ou Brian Madjo. Le contenu de la discussion n’a pas filtré, mais celle-ci a duré suffisamment longtemps pour que Holtz et Sanches soient les derniers à rejoindre le tarmac et monter dans l’avion.

Son échauffement très light ? Une «consigne»

La veille, en conférence de presse d’après-match, le sélectionneur luxembourgeois avait été questionné sur l’attitude pour le moins troublante du joueur de 20 ans (21 le 24 mai) durant l’échauffement, que ce soit avant la réception de la Suède, une rencontre qu’il n’a pas disputée, ou à Saint-Gall, où il est entré à la 59e minute. Au stade de Luxembourg, Sanches était resté de longues minutes immobile (et même assis sur un ballon), le regard dans le vide, en marge d’une nuée de joueurs en mouvements. Il n’était pas beaucoup plus actif, mardi au Kybunpark, se contentant de tripoter le cuir et de jongler mollement à l’écart des autres remplaçants, qui s’adonnaient à des «toros» ou des «Brésiliennes».

Mais son comportement relevait en fait, d’après Luc Holtz, d’une «consigne» du staff des Rout Léiwen à l’encontre de l’ailier, arrivé blessé à la cheville au rassemblement, privé des premiers entraînements et préservé samedi «pour ne pas qu’il rechute», comme l’avait expliqué le sélectionneur après l’exploit face à la Suède. C’est le même principe de précaution qui a justifié cet «échauffement» individuel, dont l’objectif était d’éviter que la cheville de Sanches ne chauffe puis refroidisse, une fois sur le banc des remplaçants. «Il n’a fait que des entraînements individuels, a justifié Holtz mardi. On a progressé dans l’intensité de l’entraînement, mais la consigne était de ne pas trop charger la cheville. C’est la raison pour laquelle il s’est entraîné un peu plus à l’écart.»

Dans ces conditions, y avait-il lieu de le convoquer pour cette fenêtre internationale puis, une fois constaté son état physique global, de le mettre sur la feuille de match (aux dépens du Thionvillois Michael Omosanya, 24e homme lors des deux matches) contre la Suède, puis de le créditer de sa 26e sélection (3 buts) mardi à Saint-Gall? Dans la logique de Luc Holtz, qui souhaitait profiter de ce rassemblement pour donner du temps de jeu à des garçons qui en manquent cruellement en club comme Mahmutovic, Marvin Martins ou Vincent Thill, oui. Mais pour Sanches, qui a enchaîné les pépins physiques et n’a joué que 25 minutes avec la réserve de Mönchengladbach depuis la mi-novembre et son retour officiel de blessure après sa rupture des ligaments croisés, la marche semblait encore plus haute que pour les trois autres.

«Sa rentrée en Suisse a été catastrophique»

Et si son flegme naturel peut prêter à confusion, son «body language très mauvais» n’a pas manqué d’interpeller notre consultant, Sébastien Grandjean. «Je me demande s’il y a un malaise avec Sanches, pose l’entraîneur de la réserve du Standard. Son échauffement contre la Suède était en total décalage avec l’intensité que les autres joueurs mettaient, et sa rentrée en Suisse a été catastrophique. Il n’a pas touché dans la balle et n’était jamais dans le tempo. Était-il heureux d’être là? Je ne le crois pas. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais est-ce qu’un jeune joueur sélectionné peut se permettre une telle attitude? Non, tout simplement.»

«Il a beaucoup de qualités, mais il n’est encore personne, tonne l’ancien coach du Fola. Qu’il joue ou pas, il doit grandir, avoir le sourire, faire ce qu’on lui dit, travailler et se mettre au service du collectif. S’il n’est pas content, qu’il reste à la maison, et qu’on prenne un autre jeune. Mardi, contre l’Albanie (victoire 1-0 des Espoirs à Hosingen), j’en ai vu, des U21, qui ont faim.»

Un U21, c’est ce qu’est encore Yvandro Sanches, né en 2004. Mais en Allemagne, cette catégorie n’existe pas : après les U19, les jeunes basculent en équipe première, dont l’ailier, prêté lors du premier semestre 2024 à Nimègue (D1 néerlandaise) par «Gladbach», n’a plus porté le maillot depuis le 15 décembre 2023, ou en réserve (Regionalliga), où il n’est apparu qu’une fois cette saison, le 3 février. Faute de grives, ce serait déjà bien qu’«Yvi» se remette à manger du merle.

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