Une titularisation et un but un peu fou, vendredi, contre l’Irlande du Nord (1-3) ont fait de Marvin Martins l’un des joueurs les plus (re)demandés lors du voyage vers la Bosnie.
On ne peut visiblement pas taquiner Marvin Martins sur son but contre l’Irlande du Nord, sur ce corner dévié au premier poteau qui lui retombe un peu par hasard sur le crâne même s’il esquisse un mouvement qui ressemble à un réflexe décisif pour infléchir la course du ballon, qui filera sous la barre. Chanceux, Marvin? Ou adroit? Lui veut en tout cas faire de ce deuxième but international (le premier était survenu en 2017 contre la Hongrie) quelque chose d’aussi beau et raisonné que sa célébration a été aérienne : «En fait, c’est exactement ce qu’on avait travaillé en séance au niveau des courses. C’est exactement là que je devais être et j’y étais. Un but, c’est un but, et moi qui en ai déjà marqué du genou, je vous assure que je suis aussi content de celui-là que d’un autre.»
On ne peut pas non plus lancer l’ancien défenseur de la Jeunesse Esch sur sa position haute au coup d’envoi et l’évidence qu’on l’a trouvé bien meilleur en seconde période, quand il a été reculé au poste généralement dévolu au «boss», Laurent Jans. Parce qu’il défend naturellement son bout de gras, son droit à occuper une place, où qu’elle soit sur l’échiquier. «Un peu plus avancé, comme ça, c’est un rôle que j’ai déjà tenu au Portugal et en Ukraine. Je m’y sentais bien. Mais il n’y a pas que moi qui me sois mieux senti en deuxième mi-temps : toute l’équipe s’est sentie mieux.»
Et puisque Jans est très bon à gauche…
La prudence, Marvin a forcément appris à vivre avec. Lui qui a déjà cumulé trois blessures qui l’ont éloigné six mois des terrains, lui qui se bagarre pour la même place que le capitaine de l’équipe et part donc forcément avec un handicap, ne peut décidément pas être trop optimiste. Même pas après qu’en seconde période, ce soit Jans qu’on ait fait migrer sur la gauche de la défense plutôt que lui. Il refuse d’y voir un indice qu’il a peut-être aujourd’hui une chance de remporter le bras de fer et d’expédier Jans de l’autre côté du terrain. C’est-à-dire là où le joueur du Sparta Rotterdam a été très bon contre l’Irlande du Nord et alors qu’il avait déjà fait étalage, la saison passée, au Standard de Liège, de très belles dispositions pour le poste. «Les choix doivent être durs pour le coach en ce moment, se borne à commenter Martins. Il cherche le meilleur système.» C’est en général à ce moment de l’histoire qu’il faut s’attendre au fameux «moi, du moment que je joue», et il a fini par arriver. Mais la tournure en dit finalement toujours un peu plus long que ce que le joueur veut bien dire puisque c’est, justement, le genre de choses qu’on lâche quand on commence à sentir que, justement, on va jouer…
En Bosnie, les choses se dégonfleront peut-être. Ou peut-être prendront-elles, au contraire, de l’épaisseur. Avoir la confirmation qu’il pèse désormais un peu plus lourd dans le couloir des Roud Léiwen maintenant qu’il est titulaire chez un cador autrichien qui se bagarre pour une place en Ligue des champions, pourrait être une excellente nouvelle. Et dessiner un juin en or pour Marvin Martins, avec une qualif européenne et une place sur le terrain pour le retour de la Nations League alors qu’il n’était plus nulle part il y a six mois. «Ah ça j’aimerais bien», sourit le joueur qui n’a pas encore perdu cette année avec l’Austria Vienne. Et aurait aimé que cela soit aussi le cas en sélection…