Deux U17, le milieu Enzo De Pina Duarte et l’attaquant Brian Madjo, ont sauté deux catégories d’âge ce jeudi pour se retrouver dans la liste de Luc Holtz pour les matches amicaux de mars contre la Suède et la Suisse.
Pour peu que son aventure à la tête des Rout Léiwen s’étire au-delà du 31 décembre 2025, date à laquelle son contrat actuel s’achèvera, il arrivera peut-être un jour où Luc Holtz convoquera des garçons qui n’étaient même pas nés le jour où il a pris les rênes de l’équipe nationale du Luxembourg, le 3 août 2010. Nouveaux appelés en sélection hier, pour les matches amicaux de mars contre la Suède (le 22 au stade de Luxembourg) et la Suisse (le 25 à Saint-Gall), le milieu Enzo De Pina Duarte et l’attaquant Brian Madjo n’avaient, eux, que 18 mois quand il est entré en fonction.
Mais plus que de l’incroyable longévité de Luc Holtz*, leur première convocation, à tout juste 16 ans (ils les ont fêtés en janvier), dit surtout quelque chose de la grande précocité des deux gamins évoluant respectivement à Dortmund et à Metz. Si la présence de De Pina dans la liste est une surprise totale, quand bien même il est considéré comme le plus grand talent intrinsèque de sa génération, voir Brian Madjo chez les Rout Léiwen dès 2025 était une hypothèse évoquée pas plus tard qu’il y a deux semaines dans nos colonnes.
Mais à l’époque, le natif d’Enfield, au nord de Londres, ne possédait pas encore la nationalité luxembourgeoise, lui qui pouvait aussi représenter l’Angleterre et le Cameroun, le pays d’origine de ses parents. C’est désormais le cas : arrivé très jeune au Grand-Duché, où il a fait ses armes à Mersch, au RFCU ainsi qu’au CFN de Mondercange avant de rejoindre le centre de formation du FC Metz en décembre 2023, Madjo a été officiellement naturalisé lundi et pu être intégré à la liste d’un Luc Holtz qui n’en est pas à son coup d’essai. Vincent Thill, pour ne citer que lui, n’avait en effet que 16 ans, un mois et un jour quand le sélectionneur lui a offert la première de ses 53 capes, le 25 mars 2016 contre la Bosnie.
«Je n’ai pas peur de sélectionner de jeunes joueurs, a rappelé le technicien en conférence de presse, hier. Pour le développement de l’équipe nationale, c’est une bonne chose de rafraîchir, d’avoir des jeunes, et qu’ils continuent à progresser.» Présent dimanche au match des U19 de Metz (victoire 3-0 contre Sochaux), dont Madjo a déjà porté le maillot 20 fois (5 buts cette saison), Holtz a vu un garçon «plein de talent», dont «les qualités et le physique» (il approche déjà le mètre 90) lui laissent penser qu’il est déjà taillé «pour jouer chez les seniors».
Les deux ados devraient avoir du temps de jeu
Celles-ci n’ont échappé ni à la direction du club lorrain, qui envisage déjà très sérieusement de lui proposer son premier contrat pro, ni aux Anglais de Southampton, qui font le forcing pour le recruter, comme révélé par notre journal le 28 février. Dans ce dossier, la proximité de Manou Cardoni avec le joueur a pesé, et le directeur technique nationale a dû se féliciter hier de voir qu’un autre diamant de la génération 2009 poli à Mondercange, Enzo De Pina Duarte, avait également sauté deux catégories pour passer directement des U17 aux A.
Un deuxième grand saut en moins de deux mois pour le milieu de terrain relayeur, transféré fin janvier des U17 du Swift à ceux du Borussia Dortmund, avec lesquels il a déjà marqué deux fois en quatre apparitions dans le championnat national allemand de la catégorie. «Enzo, j’en ai discuté avec Manou, et c’est apparemment le meilleur ou l’un des meilleurs au niveau des jeunes Luxembourgeois, a lâché hier Luc Holtz au sujet de cet excellent manieur de ballon, capable de casser les lignes balle au pied comme par la passe, bon tireur de coups de pied arrêtés et doté d’un excellent jeu long, selon la description qu’en fait Cardoni. C’est quelqu’un de très développé, techniquement.»
C’est moins vrai – mais c’est de son âge – au niveau physique, et il faudra sans doute un peu plus de temps à cet ado encore assez fluet et introverti pour s’imposer chez les grands qu’à un Madjo, dont le gabarit et l’engagement sur un terrain le rapprochent déjà plus des adultes. L’un comme l’autre, en tout cas, n’ont «aucune pression, a rappelé Holtz hier. Je fonctionne comme je l’ai fait avec un Yvandro Sanches ou un Tiago Pereira. Je les ai fait monter relativement tôt pour qu’ils s’acclimatent au niveau des seniors et s’intègrent au groupe.»
«Je prépare déjà les prochaines qualifications (au Mondial-2026, qui débuteront en septembre), et c’est important pour moi de donner à ces gamins la possibilité de goûter aux A, a poursuivi le sélectionneur. Je sais que la première fois qu’on est sélectionné, émotionnellement, il y a toujours une certaine nervosité, On va utiliser ces deux matches-là pour, justement, bien intégrer les gamins, les faire progresser comme joueurs et comme hommes, qu’ils prennent le plus de maturité le plus vite possible.» Des propos qui sous-entendent clairement que les deux bizuts ne seront pas là pour effectuer un simple stage d’observation en mars.
* Seul le sélectionneur d’Andorre Koldo Alvarez, nommé en février 2010, est en poste depuis plus longtemps.