Ce Luxembourg – Moldavie qui nous a de nouveau offert un match nul vierge après les deux derniers de 2008 et 2009, n’a pas toujours brillé par son rythme, mais au moins interrompt-il la série luxembourgeoise de six défaites consécutives en matches internationaux.
Ce n’était pas pour rire. Mario Mutsch l’a dit au coup de sifflet final : les Roud Léiwen avaient été conditionnés pour jouer la gagne contre les Moldaves avec un objectif tangible, c’est-à-dire améliorer le ranking FIFA, à un mois et demi du tirage au sort des éliminatoires du Mondial-2018.
On était donc loin, très loin, des préoccupations du rendez-vous officiel et compliqué de dimanche, contre l’Ukraine. La réception des Moldaves pouvait même être regardée officiellement comme potentiellement bien plus rentable. Sauf à considérer que le Luxembourg peut aller chercher un ou trois points à Lviv, ce qui reste une perspective assez saugrenue…
Cinq tirs, c’est un peu mieux qu’en mars
On a donc dû se pincer à la lecture de la feuille de match. Même en y mettant beaucoup de mauvaise volonté, jamais on aurait pu imaginer ça. Ça? Accrochez-vous, on ose à peine vous le révéler mais voilà, Mario Mutsch a joué avant-centre hier soir face à la Moldavie. Seul qui plus est, en l’absence de Joachim qui prend de plus en plus des tournures de drame national quand cela survient.
Coup de théâtre tactique, donc. L’histoire ne dit pas (encore) comment l’ont pris les autres spécialistes du poste que sont Maurice Deville et Dave Turpel (auquel il sera sûrement fait appel au coup d’envoi, dimanche) mais le match, lui, a raconté que le Luxembourg, c’est logique, a manqué devant d’un point d’ancrage pendant toute la première période pour donner un sens à sa possession de balle.
Mutsch, auteur tout de même d’une belle accélération sur une hésitation du portier moldave (31e) qui aurait pu se transformer en but, a-t-il pris du plaisir dans ce rôle? Le doute est permis, pas la certitude. Et puis après tout, Luc Holtz a gagné le droit de tenter des coups de coaching, même les plus fous. Celui-ci n’a pas vraiment marché.
À cinq jours de l’Ukraine, tout juste peut-on acter la reconduction du 4-1-4-1, si intéressant en mars contre la Turquie. Face aux Moldaves, il se transformait en 4-3-3 en possession de balle et ça n’a pas fait grimper les statistiques de tirs au but, déjà historiquement bas en début d’année par rapport aux trois dernières saisons.
Les Roud Léiwen ont frappé trois fois au but en Slovaquie et trois fois contre les Turcs. Ils se sont contentés de tenter leur chance à cinq reprises hier soir. C’est faiblard mais ne leur faisons pas de mauvais procès : les hommes de Luc Holtz se sont retrouvés confrontés à un problème qu’ils rencontrent finalement encore peu souvent, c’est à dire avoir à faire le jeu.
Et ce n’est visiblement pas une mince affaire. Ils ont construit de derrière en ne confiant pas assez souvent le ballon à Philipps et alors que d’autres se sont un peu trop cachés au milieu et mal comportés devant.
La question ne se posera pas à Lviv et ce n’est pas plus mal. Le Luxembourg est pour l’heure encore plus excitant (et plus dangereux) quand il est outsider et c’est ce qu’il sera ce week-end : un caillou dans la chaussure ukrainienne dans le meilleur des cas.
Reste que défensivement, il a perdu au moins un pion important (Jänisch, lire ci-dessous) et peut-être son remplaçant naturel (Malget) et que cette ligne à quatre qui a été énormément sollicitée pour la relance a concédé quelques occasions de but qui ne pardonneront pas face aux Ukrainiens. Ce n’est pas une promesse, c’est une certitude.
Dans ce match lent, ennuyeux même par moment, le Luxembourg a failli perdre plus souvent qu’il n’a failli gagner. Une tactique ambitieuse d’accord, pleine de bonnes intentions O. K… mais presque mortelle.
Julien Mollereau