Dan Da Mota deviendra-t-il le deuxième joueur de l’histoire à passer le cap des cent sélections, dimanche soir, contre l’Écosse ? Pour son acharnement, il le mériterait.
C’est une force de la nature qui peut entrer dans l’histoire et se placer en position de devenir, en septembre prochain, le joueur du pays le plus capé de tous les temps devant Mario Mutsch, recordman absolu avec 101 matches sous le maillot des Roud Léiwen. Une force mentale aussi puisqu’on ne va pas s’en cacher, plus personne ne l’attendait vraiment de retour sous le maillot de la sélection. Mais il faut croire qu’alors que certains de ses anciens coéquipiers se sont lassés (Joachim, Bensi ayant tous deux lâché l’affaire en un laps de temps d’une petite année), lui refuse de lâcher l’affaire. Tant mieux pour lui et pour Holtz : c’est qu’avec deux historiques en moins et Turpel en train de se soigner, la force de percussion de la sélection avait pris cher.
Dan Da Mota, 36 ans, est donc revenu alors qu’on ne l’attendait plus et un peu comme si de rien n’était. Reprenant son rôle de joker du dernier quart d’heure, celui que Luc Holtz lui donnait le plus souvent ces dernières années avant que Da Mota, en froid avec sa direction au RFCU, ne choisisse d’aller explorer d’autres horizons que la DN, faisant de la Serie D ce que l’on pensait être une fin de carrière peinarde et ensoleillée.
C’est un homme discipliné, respectueux, toujours bienveillant avec les jeunes
D’ailleurs, quand Holtz a dévoilé sa liste, il y a deux semaines, la plupart des médias ont dû se retenir de faire une comparaison osée et même hasardeuse avec le come-back chez les Bleus de Karim Benzema. L’histoire n’est pas la même, mais les errements judiciaires qui continuent de poursuivre l’ailier incitent forcément à une curiosité malsaine. Le sélectionneur avait balayé en disant que «tout le monde a droit à une deuxième chance». Holtz avait aussi tenu à dire que ce n’était «pas un cadeau» octroyé à un joueur qu’il avait lui-même lancé au début du siècle, à Etzella. Et il l’a redit vendredi, après avoir fait entrer Da Mota pour un minuscule quart d’heure face à la Norvège : «Je ne l’ai pas fait entrer pour lui “donner” une sélection. Je pensais me servir de sa vitesse dans une situation de contre. Il s’est beaucoup investi mais a couru dans le vide. Si je pense qu’il peut nous apporter quelque chose contre l’Écosse, alors il aura sa centième.»
Il paraît que les deux hommes n’en ont pas parlé de tout le stage. Mais l’information n’a pas échappé au reste du groupe et Dirk Carlson s’est fendu d’un hommage vibrant au professionnalisme de son aîné : «Je serais très content pour lui qu’il y arrive. C’est un homme discipliné, respectueux, toujours bienveillant avec les jeunes.»
Carlson avait 15 ans, le jour où Dan Da Mota a commencé à graver sa légende dans le marbre. Parce qu’on n’atteint jamais un tel total de sélections sans laisser une trace forte. Et s’il ne doit rester qu’une chose de l’ancien Ettelbruckois, devenu patron à Dudelange, ce sera forcément ce but venu d’ailleurs pour ouvrir le score contre le pays d’origine de ses parents, le Portugal de Cristiano Ronaldo, le 7 septembre 2012 (1-2). Da Mota, ce n’est pourtant pas que ça. Il y a eu aussi le doublé victorieux contre la Slovaquie d’Hamsik, en février 2011, ou ce but égalisateur contre l’Irlande du Nord en toute fin de match, quatre jours après la Seleção.
Auteur de sept buts pour la FLF, il étire surtout son investissement sur une période folle. Il dispute en ce moment sa quatorzième année avec les Roud Léiwen. Chez les grands, ceux dont on mesure l’empreinte à la longévité internationale, seul Carlo Weis (20 ans) et Jeff Strasser (17) ont fait mieux. Et si Holtz a la bonne idée de le rappeler après l’été, il aura une chance de participer à une rencontre des éliminatoires du Mondial-2022 et à sa neuvième campagne. Et là encore, seuls Strasser et Weis (dix campagnes) font mieux.
C’est dire le podium sur lequel il est monté et ce à quoi on aurait aimé le confronter. Malheureusement, le sportif irréprochable sur le terrain n’a pas encore réussi à prendre le pas sur l’homme meurtri du civil. Son image aussi, est vécue en décalé par le reste du pays. Le sportif qu’il ne veut pas cesser d’être n’en profitera donc pas comme il l’aurait mérité…
Julien Mollereau