En entrant mercredi à Metz contre la France, le milieu de Wiltz a mis fin à une disette de quatre ans et demi avec les Roud Léiwen.
Témoin, avec Metz, du premier triplé de Kylian Mbappé en Ligue 1 (le 11 février 2017, sous les couleurs de Monaco), de la première du trio – la fameuse «MCN» – qu’il formait avec Cavani et Neymar au PSG (le 8 septembre 2017), Chris Philipps était aussi sur le terrain quand le natif de Bondy a effectué ses débuts en équipe de France face au Luxembourg, le 25 mars 2017 à… Metz (3-1). Mercredi, au sortir d’un match amical que le désormais capitaine des Bleus venait de marquer de son empreinte (deux passes décisives puis un but, son 47e en 78 sélections), qui donc pouvait mieux commenter son évolution que le milieu de Wiltz, également présent lors de l’exploit luxembourgeois (0-0) du 3 septembre 2017 à Toulouse?
Dans le fond, y avait-il vraiment lieu de demander à Philipps si Mbappé avait changé, entre 2017 et 2024? Sa réponse («Il a passé un cap. Il a pris un peu d’expérience et est devenu plus efficace dans son jeu. Avant, il y avait encore des gestes un peu inutiles dans son jeu, mais maintenant, dès qu’il a le ballon, ce qu’il recherche, c’est le but»), après tout, était assez attendue. Le panache aurait plutôt été de demander à Mbappé de comparer le Philipps de 2024 à celui de 2017, mais puisque «Kyk’s» ne s’est pas plus présenté en zone mixte que Griezmann, Giroud ou Kanté (seuls Youssouf Fofana et Ibrahima Konaté se sont prêtés à l’exercice), le plus simple était encore de poser la question à Philipps himself. Réponse de l’intéressé, dans un sourire : «Il a beaucoup changé. Il a certainement moins de jambes, mais plus d’expérience».
Plus d’expérience, mais pas beaucoup plus de capes internationales. Alors qu’il honorait à Toulouse sa 38e sélection, il y a bientôt sept ans, le capitaine wiltzois a enfilé mercredi le maillot du Luxembourg pour la 56e fois. Surtout, il l’a fait pour la première fois depuis le 14 novembre 2019 et une défaite en Serbie (3-2) en éliminatoires de l’Euro-2020. Alors placardisé au Legia Varsovie (D1 polonaise), le milieu avait rebondi l’hiver suivant (en janvier 2020) à Lommel (D2 belge), juste avant la pandémie de Covid-19, puis l’hiver d’après (en janvier 2021) au FC Wiltz, dans sa ville natale, au sortir de quelques mois de chômage et d’une année 2020 quasi blanche.
1 665 jours d’attente, 35 minutes de maîtrise
Depuis, son histoire avec la sélection se résumait à une série de rendez-vous manqués : appelé en renfort en juin 2021, il n’était pas entré contre l’Écosse, puis il avait déclaré forfait pour les rassemblements de juin 2022 et 2023, à chaque fois en raison de blessures contractées lors de la dernière journée de BGL Ligue. La guigne. Mais cette année, Philipps a vaincu le signe indien. Invité surprise de la liste dévoilée le jeudi 23 mai par Luc Holtz en vertu de sa capacité à jouer en défense centrale comme dans l’entrejeu, le joueur formé à Metz, aussi «surpris» que «content de revenir», a fait l’impasse sur l’ultime déplacement à Dudelange trois jours plus tard.
De là à le voir participer à l’une des deux rencontres de prestige de juin, il y avait toutefois plus d’un pas, que les forfaits d’Olivier Thill et Lars Gerson la semaine dernière puis les blessures successives de Sébastien Thill et Mirza Mustafic mercredi ont franchi un à un. À la 55e minute, flanqué d’un numéro 7 qui est aussi le sien en club, le Nordiste a ainsi mis fin à une disette de 1 665 jours en sélection. Non sans «satisfaction, après une année compliquée en club», ni «beaucoup d’émotions», ce retour s’étant effectué à Metz, «là où tout a commencé»*.
Mais avec brio, à en croire un Luc Holtz conquis par sa grosse demi-heure aboutie et «heureux» pour lui : «Il est très bien entré. Il s’est vite mis dedans. Il a été très juste dans tout ce qu’il a fait, offensivement comme défensivement, très précis, mais aussi saignant dans les duels». Autant d’attributs qui, couplés à son «expérience» et sa «maturité du haut niveau» (dixit Holtz), au forfait acté de Mustafic et celui, probable, de Sébastien Thill, devraient inciter le sélectionneur à lui offrir, en sortie de banc, voire dès le coup d’envoi, une 57e cape samedi (20 h) contre la Belgique à Bruxelles.
*Il y a passé dix ans de janvier 2008 à février 2018, disputant 44 matches en pro.