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Sélection nationale – Chanot, seul et contre tous ?


Le défenseur central a semblé très isolé, mardi, après la Turquie. On espère pas au point d’être marginalisé.

Mevlut Erdinc, Maxime Chanot, Aurelien Joachim

Maxime Chanot (au centre), entre Melvut Erding et Aurélien Joachim. (Photo : AFP)

Maxime Chanot a-t-il parlé en son nom ou pour le groupe ? Plus les jours passent, plus on se le demande. Il faut dire qu’immédiatement après le coup de sifflet final du Luxembourg – Turquie de mardi, la plupart des cadres ont dit ne rien savoir des propos qu’allait tenir ou avait tenu leur coéquipier avant de les avoir lus dans la presse. Et après ? La plupart les ont condamnés ou ont même juré ne rien y comprendre.

Démêler le vrai du faux est, en l’état, un exercice périlleux. Combien de joueurs sont-ils à avoir agréé la logique de défiance exprimée par le joueur de Courtrai avant que celui-ci ne descende en conférence de presse ? S’il était impossible qu’il s’exprime, comme il le prétendait, « au nom de tout le groupe » (il a d’ailleurs pris soin de préciser, plus tard, qu’il s’agissait « d’une partie du groupe »), on s’imaginait que l’histoire pouvait concerner quelques cadres ce qui était peu et énorme à la fois. Mais Joachim, Mutsch, Payal et quelques autres interrogés sur le sujet, se sont posés, disent-ils, autant de questions que nous.

Pas Tom Schnell. Son binôme de l’axe central s’est aligné sur la sortie médiatique… du duo Chanot – Holtz. Ses récriminations, même après la Turquie – un match qui aurait pu sceller la réconciliation entre les Roud Léiwen et la presse si tant est que ce fut nécessaire, tournaient toujours autour du fait que les médias sont trop présents. Y compris quand ils sont invités à ne pas l’être, c’est-à-dire aux huis clos décrétés par Holtz. « On a dit ce qu’on avait à dire sur le sujet », a répondu sèchement Schnell. Un soutien, un seul, après une sortie médiatique, cela fait tache. On a tenté de le faire remarquer au sélectionneur, qui, en conférence de presse, avait l’air d’être globalement sur la ligne de son défenseur central et il a volé à son secours mardi soir : « Voilà que vous essayez de diviser le groupe. » La question serait plutôt : Chanot ne l’a-t-il pas divisé tout seul ? Même si c’est plus par maladresse qu’autre chose.

> Est-il heureux ?

Au moment des hymnes, mardi soir, le joueur de Courtrai ne semblait pas hyper-serein. Tendu même, serait-on tenté de dire. Ce qui ne l’a pas empêché d’être bon et de largement se rattraper de son match en Slovaquie, quelques jours plus tôt, à l’image du reste de l’équipe. Son but contre son camp à la 86e minute, on pourrait le voir symboliquement comme le deuxième de ce stage. Jonathan Joubert a pesté contre le sort, d’ailleurs : « S’il ne la touche pas, ce tir (NDLR : de Çalhanoglou), je l’ai ! » Et s’il n’avait pas parlé au nom du groupe, tout, aujourd’hui, irait pour le mieux dans le meilleur des mondes entre la sélection et son environnement. Tout son environnement. Le match face à la Turquie se chargeant d’effacer les quelques légers doutes nés à Zilina. Oui mais voilà, Chanot a parlé…

Pourtant, clairement, les Roud Léiwen ont besoin de lui. De son impact, de son sérieux, de son sens du devoir. Pas de son impulsivité, qui semble lui avoir joué un mauvais tour en le transformant en bouc émissaire d’une grogne de l’équipe qu’on a du mal à cerner. Luc Holtz a tout de même dit, sans l’ombre d’un doute, que son groupe se sent « perturbé » par l’omniprésence des journalistes, et que son rôle, à lui, est de « les protéger pour leur donner de bonnes conditions de travail ».

Vraiment si seul, Chanot ? Toujours est-il que plusieurs sources, mardi soir, ont fait état d’une indécision concernant l’avenir du garçon. Déjà bien marqué psychologiquement par ses blessures à répétition, au point de se demander s’il avait vraiment envie de faire une longue carrière, il inquiète désormais sur sa capacité à s’inscrire sur la durée chez les Roud Léiwen. Est-il malheureux ici ? On n’espère pas au point de se saborder de la sorte. Parce que le Luxembourg aura toujours de la place pour un joueur de ce niveau et un homme de convictions. Même si celles-ci ne sont pas forcément les bonnes…

De notre journaliste Julien Mollereau