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[Sélection nationale] Cette génération peut-elle manquer son grand rendez-vous ?


Toute la déception de Danel Sinani. Lui aura encore des occasions, mais les plus anciens ? (Photo : luis mangorrinha)

Les Roud Léiwen frôlent l’Euro du bout du doigt. Une occasion unique pour ce qui pourrait devenir une génération dorée ?

La configuration est exceptionnelle. Pardon, rectification : elle ÉTAIT exceptionnelle. Une Islande sur la pente descendante, une Bosnie pas à son niveau, une Slovaquie tout simplement sérieuse et… en chien fou dans un jeu de quilles, une sélection luxembourgeoise à maturité.

C’est sur la base de cet alignement des planètes que contre toute attente, l’Islande s’était qualifiée pour l’Euro-2016, dans un groupe composé d’une Turquie alors déclinante et de Pays-Bas aux abois. D’où la question : ce que les Islandais avaient réussi à faire il y a sept ans avant de commencer seulement maintenant à replonger dans un relatif anonymat, le Grand-Duché est-il en train de le manquer? Ce qui revient à poser la question suivante : si cette génération échoue à se qualifier pour l’Euro, quitte à ce que ce soit par les barrages de la Nations League, aura-t-elle une autre chance ?

Un renouvellement des cadres nécessaire

C’est l’âge, qui peut nous le dire. Si cette équipe-là est la plus costaude que le pays ait jamais possédée, alors il faut l’envisager à l’aune de ce qu’elle pourrait-être lors de la prochaine campagne, celle des éliminatoires du Mondial-2026, qui débutera en… mars 2025, dans un an et demi. Anthony Moris, Maxime Chanot et Gerson Rodrigues, la base défensive du match de lundi contre la Slovaquie ? Tous les trois auront alors… 35 ans. Ce n’est pas rédhibitoire, mais cela commence à compter, alors Laurent Jans aura lui 33 piges et Mica Pinto 32.

Certes, l’expérience, c’est souvent la quintessence de l’esprit du défenseur, mais c’est à un renouvellement des cadres qu’il faudra s’attacher ces 18 prochains mois. Il y a de la matière : Mahmutovic a 26 ans, Bohnert 25, M. Martins 28, Korac 21 et Dzogovic 20. Sans compter Tim Hall et Vahid Selimovic, pour l’heure à la marge mais pas totalement grillés non plus.

Toutefois, quatre trentenaires dont on se demande où ils en seront en 2025 ne font pas une génération et n’annoncent pas son échec à frapper un grand coup. Déjà, parce qu’il lui reste les demi-finales voire la finale des barrages de Nations League et que l’Euro-2024 n’est pas d’ores et déjà à considérer comme une occasion en or gâchée. Ensuite parce qu’il reste facilement une à trois campagnes à la plupart des cadres actuels (C. Martins, Gerson R., Sinani…), voire bien plus concernant Leo Barreiro, Mathias Olesen, Vincent Thill, Yvandro Borges…

«Je veux bien rêver, mais…»

Mais le passage du Mondial-2026 à 48 équipes et la refondation du mode des éliminatoires, avec des groupes parfois de quatre équipes seulement, rendent hautement improbables désormais la perspective de voir une nation de 650 000 habitants faire un coup. «Je veux bien rêver, acquiesce Holtz. Mais quand vous êtes dans un groupe à quatre avec la France, le Portugal ou l’Angleterre, il faut surtout avoir le sens des réalités.». Les deuxièmes de groupe, en 2025, joueront des barrages. Et la Nations League (qui sera jouée en 2024) délivrera encore des billets. Mais il s’agira encore de matches couperets qu’il faudra apprendre à gérer.

L’expérience y sera donc vitale, or le Grand-Duché n’a pas d’autre choix que de construire des générations sur le long terme et c’est bien ce qui est désolant concernant celle-ci : elle possède dix joueurs à plus de cinquante sélections et quatre autres à plus de trente. Elle représente une fantastique somme d’expériences qu’il eut fallu rentabiliser là, maintenant.

«Mais on me reproche souvent de mettre des garçons trop jeunes, pointe Holtz. Mais on n’en serait pas là si je n’avais pas pris Yvandro Borges à 17 ans pour le mettre en face d’adultes et le laisser apprendre de ses erreurs.» 2025 sera donc la conquête de la génération actuelle mais qui préparera déjà la porte à la suivante, pour l’Euro-2028, avec un Dardari en guest-star annoncée par le sélectionneur, «parce que sur le potentiel, y a pas photo». Une génération chasse l’autre. Mais si l’actuelle peut aller poser des bases encore plus élevées, qu’elle ne s’en prive pas, parce que tous les voyants semblent au vert. Et qu’on ne sait pas quand cela se reproduira.