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[Sélection nationale] Barreiro, sportif de l’année 2023 : «C’est un trophée collectif»


Dix mois après avoir été élu sportif de l’année 2023 au gala de Sportspress.lu, Leandro Barreiro a enfin reçu son trophée, mardi à Hollerich. (photo Jeff Lahr)

Leandro Barreiro a enfin reçu ce mardi 8 octobre son trophée de sportif de l’année 2023. Un prix individuel qu’il doit autant aux sacrifices de ses parents qu’aux performances des Rout Léiwen l’an passé.

Tout va vite, dans la vie de Leandro Barreiro, encore plus depuis qu’il évolue au Benfica Lisbonne et joue tous les trois jours, Ligue des champions oblige. Si vite que le milieu de 24 ans ne prend jamais le temps de regarder dans le rétroviseur ou qu’il n’avait pas encore pu recevoir officiellement son prix de sportif luxembourgeois de l’année 2023. La réception donnée hier matin en son honneur au siège de la BIL, qui parraine le trophée, était l’occasion de faire les deux, mais aussi d’évoquer son récent changement de vie et les échéances passées et à venir avec les Rout Léiwen, attendus samedi (18 h) en Bulgarie, puis mardi en Hongrie par le Bélarus. Mais pas Benfica, qui avait autorisé son international luxembourgeois (56 sélections, 2 buts), à la présence rare dans les médias, à répondre à la presse, à condition de ne pas parler de son employeur. Dont acte.

Habituellement, dans le football, ce sont les joueurs offensifs qui reçoivent les distinctions personnelles.

C’est un signal positif! C’est un prix destiné à tous les sportifs, pas seulement aux footballeurs, et je suis heureux que mon travail avec mon ancien club (Mayence) soit récompensé, heureux de voir que mes performances aient été bien vues et que les gens aient estimé que je méritais de gagner ce trophée. N’être que le cinquième footballeur* à le remporter en près de 70 ans, c’est énorme.

L’année 2023 était-elle la meilleure de votre carrière ? 

C’est difficile à dire. Il faudrait que je m’assoie trente minutes et que je réfléchisse à ma carrière. Mais c’était une année avec des hauts, des bas, beaucoup de bons moments, et très positive au final.

Comment vivez-vous l’éloignement quotidien avec votre famille, à présent que vous vivez à Lisbonne ?

À vrai dire, je gère plutôt bien cette situation. J’ai aussi de la famille au Portugal et mes parents me rendent souvent visite à Lisbonne.

Avec la Ligue des champions, vous voyagez plus que quand vous évoluiez à Mayence. Est-ce difficile à gérer ?

J’ai toujours voulu jouer au très haut niveau, à l’international, et cela implique de voyager. Cela ne me dérange pas du tout, je suis au contraire très heureux d’avoir atteint ce niveau. J’adore jouer tous les trois jours. C’est un rythme complètement différent.

Passer de la paisible Mayence à la métropole de Lisbonne a-t-il été un bouleversement ?

En avril, je n’avais eu que deux jours pour venir à Lisbonne et choisir mon futur logement, mais j’étais déjà venu plusieurs fois dans la ville pour rendre visite à des proches. Au niveau climatique, le changement est positif. Je me suis vite senti à l’aise à Lisbonne, d’autant que je parle la langue. Je n’ai eu aucun problème d’adaptation.

Pouvez-vous encore sortir sans être alpagué par les fans ?

À Mayence, c’était très tranquille : les gens étaient contents de croiser un joueur et pouvaient demander une photo, mais ils gardaient toujours une certaine distance. À Lisbonne, c’est différent, car les fans vivent pleinement leur passion pour le club. Mais jusqu’à présent, je peux aller à la plage ou au restaurant sans problème. Et quand les gens me reconnaissent, les échanges sont très positifs. Ils sont heureux que je sois là et m’encouragent.

Et au Luxembourg, le regard des gens a-t-il changé ? 

Le truc, c’est qu’ici, je suis avec l’équipe nationale, où je suis le Leo qu’ils connaissent depuis des années. Je n’ai pas changé parce que je joue dans tel ou tel club. Peut-être qu’à l’extérieur, on me perçoit différemment, mais je ne le ressens pas, car je suis vraiment focalisé sur mon travail avec la sélection. Je n’ai jamais beaucoup de temps pour me promener ou prendre des vacances au Luxembourg, mais quand je croise des supporters, je sens que je suis aimé. Mais c’était déjà le cas quand j’évoluais à Mayence.

Quand j’entends des gens parler de mon parcours, ça me rend fier

Vous êtes venu accompagné de vos parents à la cérémonie. Quelle influence ont-ils eue sur votre carrière ?

Sans eux, rien de ce que j’ai accompli n’aurait été possible. Ils ont fait énormément de sacrifices pour moi, ont toujours tout fait pour que je puisse me concentrer sur le football. Je suis très reconnaissant de leur amour, leur éducation et leur soutien permanent. Je n’ai que 24 ans, mais on a déjà vécu beaucoup de belles choses ensemble. Parfois, c’est difficile de repenser à tout cela, car ça passe tellement vite et il y a toujours de nouvelles choses qui arrivent, mais ils sont très fiers et heureux de mon parcours, et encore plus de ma personnalité et des valeurs que j’incarne.

Mesurez-vous le chemin parcouru depuis vos débuts à Erpeldange, à l’âge de quatre ans ?

Mes amis me demandent souvent s’il m’arrive de m’asseoir et d’y penser, mais je n’en ai pas le temps. Pendant la saison, il faut être focus sur les matches, les objectifs collectifs et individuels, et quand viennent les vacances, je n’aime pas penser au foot. Puis la saison recommence! Mais quand, comme aujourd’hui (NDLR : hier), j’entends des gens parler de mon parcours, ça me rend fier.

Difficile de ne pas associer votre titre de meilleur sportif aux résultats des Rout Léiwen en 2023. Peut-on le considérer comme un prix collectif ?

Bien sûr. C’est tous ensemble qu’on a écrit l’histoire. Ce n’était pas suffisant pour aller à l’Euro, mais c’était quand même la meilleure performance du Luxembourg en qualifications. Ça doit nous servir de motivation : c’est la preuve que même pour un petit pays, tout est possible si on travaille. On a bien travaillé en équipe pendant cette campagne, donc c’est un trophée collectif.

Est-ce difficile, psychologiquement, de passer d’une année 2023 aussi aboutie à cette année 2024 sans victoire ?

Avoir des hauts et des bas, ça fait partie du foot, de la vie. Après avoir atteint le pic historique de l’équipe nationale, c’est normal que les choses ne puissent pas continuer de la même façon. On a été si proches de notre objectif qu’il faut qu’on s’en remette. Personnellement, ça a été très dur de digérer cette défaite en Géorgie (2-0 en demi-finale des barrages de l’Euro-2024 en mars). Ça prendra peut-être un peu de temps, mais comme je l’ai dit avant, on n’a pas le temps : il faut préparer ces deux déplacements qui s’annoncent difficiles. On a reçu la Bulgarie il y a quelques années (0-0 en novembre 2022), c’était très dur, et ce n’était qu’un amical. Je suis sûr qu’ils mettront la même intensité, voire plus, il faudra donc être prêts. À nous de nous concentrer sur les points positifs et de voir ce qu’on peut faire de mieux qu’en septembre (défaites 2-0 en Irlande du Nord et 0-1 face au Bélarus) pour bien finir cette Ligue des nations.

* Après Louis Pillot (1968 et 1969), Robby Langers (1987), Guy Hellers (1990 et 1995) et Jeff Strasser (1999 et 2001)