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[Sélection nationale] À Belgrade, les Roud Léiwen ont connu un dur retour sur terre


Maurice Deville, frustré à l'image de son équipe (Photo : Ben Majerus)

Deuxièmes de leur groupe de qualification au Mondial-2022 en cas de succès en Serbie, les Roud Léiwen n’ont jamais été en mesure d’espérer un tel scénario samedi à Belgrade, d’où ils sont repartis avec une large défaite.

Il faut reconnaître à Gerson Rodrigues une certaine clairvoyance. Lorsqu’il lui avait été demandé, vendredi en conférence de presse, comment il appréhendait ce match où il toucherait sans doute bien moins de ballons que contre l’Azerbaïdjan mercredi, l’attaquant avait eu cette remarque pleine de malice : «Je ne suis pas sûr que la Serbie aura plus de possession que nous». Le néo-Troyen disait vrai. Au coup de sifflet final, samedi au stade Rajko-Mitic de Belgrade, Serbes et Luxembourgeois étaient à égalité sur ce plan, 50-50.

Une statistique en trompe-l’œil, ce qu’a longtemps été aussi le score de ce Serbie – Luxembourg à sens unique, finalement largement remporté par les premiers, à la faveur de deux buts tardifs et après une pelletée d’occasions manquées. Les Roud Léiwen, donc, ont eu le cuir la moitié du temps, samedi. À ceci près qu’ils l’ont essentiellement possédé dans leur partie de terrain, voire dans leurs trente mètres, dont ils ont eu toutes les peines du monde à s’extirper en première période, contenus qu’ils étaient par des Serbes pressants, tranchants et beaucoup plus appliqués balle au pied.

Il a ainsi fallu attendre la 9e minute et ce tir contré de Sinani pour enfin voir les hommes de Luc Holtz sortir de leur camp et se signaler, timidement. Un leurre : derrière, la Serbie a passé la seconde, combinant avec une facilité déconcertante et créant des brèches dans une défense rapidement dépassée, à commencer par Jans. Au bout de ces séquences souvent aimantées par Tadic, qui a poussé Moris à la parade (19e), il y avait quasi systématiquement un homme : Aleksandar Mitrovic, que ni Mahmutovic, ni Chanot et surtout pas Carlson – pas aidés il est vrai par un entrejeu inexistant à la récupération – ne sont parvenus à éteindre.

Oublié par Carlson sur ce caviar de Kostic (16e) qu’il n’a pu qu’effleurer et sur ce centre de Tadic qu’il n’a pas suffisamment smashé (28e) le meilleur buteur de l’histoire de la sélection serbe (41 buts au coup d’envoi) a entretemps profité de son alignement approximatif pour s’en aller battre Moris (1-0, 22e). L’attaquant de Fulham a également profité du marquage très lâche de Mahmutovic pour doubler la mise de la tête, à la réception d’une galette de Kostic (2-0, 28e), et pris le meilleur dans les airs sur Chanot, poussé au CSC sur l’action (3-1, 82e).

Un bilan offensif proche du néant

Avant cela, les hommes de Luc Holtz avaient réduit la marque via Olivier Thill, qui a forcé Gerson Rodrigues au une-deux en lui arrachant le ballon des pieds pour surprendre Rajkovic à 18 mètres (2-1, 77e), sur ce qui aura constitué leur seule frappe cadrée de la soirée, Barreiro ayant dévissé (25e, 45e+3), Sinani n’ayant pas ajusté sa volée (42e) et Olivier Thill ayant été contré dans la surface (49e). Un bilan offensif bien léger, auquel leur sélectionneur s’attendait, «vu l’adversaire et le scénario», mais peut-être pas dans ces proportions.

Et que Luc Holtz a imputé à une absence «de justesse, de précision dans les trente derniers mètres en première mi-temps», à l’incapacité de son équipe à trouver la profondeur après le repos et à un manque, déjà identifié, «de puissance et de vitesse» rédhibitoire «contre un adversaire athlétiquement très solide» et «très fort dans les airs – je ne sais pas s’ils ont perdu un duel aérien –, surtout sur phase arrêtée». Cela s’est vu sur ce dernier coup franc concédé par Gerson, vite écarté à gauche par Milinkovic-Savic vers Jovic, auteur d’un centre parfait pour Milenkovic (90+6). 

Mais même si cela a tardé à se concrétiser au tableau d’affichage, la faute notamment à la gourmandise de Milinkovic-Savic (45e) et à la maladresse de Vlahovic (78e), Milinkovic-Savic (80e) ou Radonjic (90+3), c’est surtout dans le jeu et grâce à ses individualités que la Serbie a constamment fissuré l’arrière-garde luxembourgeoise, qui sera sans doute un peu moins tourmentée demain contre le Qatar, un adversaire face auquel on tolèrerait moins facilement tant d’errances défensives.

Simon Butel