BGL Ligue (19e journée) Avant son choc face au Progrès, Sébastien Grandjean estime faire aussi bien, voire mieux, que bien d’autres clubs avec «beaucoup moins de moyens».
Comment votre effectif, qui était décimé la semaine passée, se porte-t-il ?
Sébastien Grandjean : Outre les absents longue durée comme Bensi ou Delgado, Cabral est toujours malade. Cela fait deux semaines. Diallo, Freire et Jacquel sont revenus à l’entraînement mais cela suffira-t-il ? Par rapport à notre match à Rosport, où nous avions, tout cumulé, douze à treize joueurs absents, ça avance. Mais cela suffit-il pour une rencontre telle que celle qui nous attend ce week-end ? J’ai mes doutes. Les problèmes ne sont pas réglés. Mais à Rosport, mes gars ont réagi comme une vraie équipe. C’était beau à voir.
Surtout qu’il lui fallait réagir après une claque contre Differdange.
Oui, on a pris une claque et je suis l’une des raisons pour laquelle nous avons pris cette claque. Lors de ce match, mon coaching n’a pas été exemplaire. J’ai très mal réagi à la perte de Jacquel (NDLR : blessé musculairement juste avant la pause). Je n’aurais pas dû lancer Omosanya, qui est en crise de beaucoup de choses en ce moment, mais plutôt privilégier Caron. J’ai déstabilisé mon équipe.
Toujours est-il qu’après encore pas mal de départs l’été dernier et, fait nouveau, en hiver, avec Pimentel, le Fola est sur le podium avant d’affronter le 2e dans l’espoir de revenir à un point. Miraculeux ?
Non, ce n’est pas miraculeux. C’est dû à l’implication de joueurs qui travaillent beaucoup. On a su faire le deuil de tous ces départs. De très nombreux clubs qui auraient eu à subir une telle saignée se seraient retrouvé en difficulté mais nous, on voit l’émergence de nouveaux joueurs. Freire se révèle, Ahmetxhekaj aussi. Dragovic fait une saison superbe… N’oubliez pas qu’en plus d’avoir perdu Sinani, Hadji ou Sacras, on dispute aussi toute la saison sans Delgado ni Bensi, et que Dikaba est parti… Faites le compte : six joueurs parmi nos titulaires de l’équipe championne ne sont pas là ou plus là. Être troisième dans ces conditions, ça veut dire qu’on s’applique. Et encore, j’estime qu’on ne montre pas encore le visage qu’on pourrait ou devrait montrer ! Mais enlevez Cools, Morren, Sinani et Bettaieb au F91 pour voir comment ils s’en sortent ! Pas sûr qu’ils y arrivent. Nous, oui !
Enlevez Cools, Morren, Sinani et Bettaieb au F91 pour voir comment ils s’en sortent !
Finalement, à des échelles différentes, votre adversaire du jour, Stéphane Leoni, et vous, avez un peu la même vie : comme lui, vous perdez régulièrement des joueurs et devez vous réadapter.
Il y a évidemment un point commun : tous ces départs réguliers, mais avec une énorme différence : quand il perd un joueur, il va en chercher un autre pour compenser. Cet hiver, il prend quand même Pomponi et Peugnet ! En été, Amofa et Azong ! Leurs moyens sont différents, le Progrès a plus de joueurs qui ne font que du foot. Mais n’allez pas croire que je ne suis pas heureux, hein ! J’aime ce qu’on fait avec nos moyens. On a des idées. Mais on se retrouvera quand même à sept points si on perd dimanche… Cela dit, je préfère quand même être à ma place qu’à celle de la Jeunesse, par exemple, qui elle est déjà à quinze. Nous, on doit travailler différemment et plus. Mais c’est jouissif, et le mot n’est pas faible, de se dire que les autres doivent nous regarder en se disant qu’on bosse pas mal avec cette politique anticipative. Elle nous permet dès aujourd’hui de connaître très précisément une bonne dizaine de juniors qui, dans deux ou trois ans, seront, croyez-moi, des joueurs de l’équipe A.
Vous n’en venez pas à vous demander avec fatalité de quel joueur vous devrez compenser le départ, dans trois mois ?
Non mais là, le Fola va quand même arriver à un tournant. Arrive un moment où il faudra quand même essayer de rejouer dans la même cour, financièrement parlant. Quand je vois les moyens que les autres comme le Swift, le RFCU… ont, ce n’est pas possible de faire plus de trois ou quatre ans de suite comme ça. À longue échéance, il faut trouver un autre modèle, se structurer différemment. Mais je ne veux avoir à tenir aucun discours sur le financier. Un coach ne doit pas être impliqué là-dedans, il n’a rien à faire dans ces réunions ou ça peut finir par poser problème.
Puisqu’on parle des finances, conquérir l’Europe est-il important ?
C’est une nécessité financière. Comme pour tous les autres clubs autour de nous. Je ne pense pas que le F91, par exemple, puisse financièrement se permettre de ne pas être champion. Et nous, oui, on a besoin de l’Europe.
Donc la fin de saison sera chaude.
Donc la fin de saison sera chouette.
On a du mal à situer le Fola. Champion en titre et qui a dû accumuler encore de l’expérience, mais flanqué de nombreux jeunes joueurs. Vous, où vous voyez-vous ?
Le championnat est beaucoup plus dur que la saison passée. Et le Fola manque de continuité. Pour qu’on ait des certitudes dans cette dernière ligne droite, il faudrait que l’on récupère tous nos joueurs expérimentés et ça n’arrivera pas. Mais les jeunes ont vu ce qu’on a fait la saison passée et comment on l’a fait. C’est important, mais ça ne nous garantit rien.