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[Route du vin] Pol Mellina courra pour son papa


Pol Mellina a décidé de s'aligner sur cette Route du vin, en hommage à son papa (Photo : Julien Garroy).

Terriblement marqué par le drame de la récente disparition de son père Mathis, Pol Mellina a malgré tout décidé de s’aligner sur la Route du vin, dimanche à Remich.

Le 5 septembre dernier restera à jamais gravé dans la mémoire de Pol Mellina : «J’étais justement chez mes parents. Je suis rentré un peu tard du bureau, vers 19 h 30 j’ai dit à mon père que je sortais faire mon entraînement d’une heure et à mon retour, je l’ai trouvé, mort.»

Les mots sont terribles. Et on a du mal à imaginer la douleur qui fut la sienne à cet instant : «C’était clairement le pire moment de ma vie», reconnaît le jeune avocat. Cette tragique disparition, totalement inattendue, a forcément eu un énorme impact sur Pol Mellina : «Ça a perturbé mon entraînement, bien sûr. Pendant une semaine, je n’ai pas pu m’entraîner correctement. Mais je n’ai jamais pensé à raccrocher», explique Pol Mellina.

«Je sais qu’il aurait dû être là, il aurait été présent»

L’athlète du Celtic a bien travaillé pendant l’été et il a à cœur, dimanche à Remich, de montrer ce qu’il sait faire. Pour son père : «Je sais qu’il aurait dû être là, il aurait été présent. Sur cette Route vu Vin, je vais courir pour lui. Courir, c’est une forme de thérapie, ça m’aide à mettre de l’ordre dans mes idées.»
Sur le plan purement sportif, en revanche, c’est avec beaucoup d’humilité que Pol Mellina se présente au départ : «C’est toujours la même histoire. Je travaille 45-50 heures par semaine et je dois me débrouiller pour m’entraîner après. Dimanche, je pars avec l’objectif de me battre pour la deuxième place.»
En effet, il désigné un favori pour le titre, ni plus ni moins que le tenant du titre, à savoir Bob Bertemes : «On est coéquipiers et je peux vous dire qu’il s’entraîne pratiquement comme un pro depuis deux ans. Cette année, il en est à une vingtaine de semaines de stage, dont trois en altitude. Il a des conditions idéales pour s’entraîner. Pour comparer, vingt semaines de stage, c’est à peu près ce que j’ai accumulé lors des six ou sept dernières années.»

Compétiteur dans l’âme

S’il s’estime suffisamment en forme pour viser les 1 h 10, voire un peu moins sur le semi de Remich, le Diekirchois, qui avait dû abandonner aux alentours de la mi-course l’an passé à la suite d’une contracture au mollet,  sait également qu’il n’a plus la forme de ses meilleures années : «Au meilleur de ma forme, je valais 30 minutes aux 10 km. J’en suis très loin désormais.»
Compétiteur dans l’âme, Pol Mellina ne s’avoue toutefois pas vaincu pour autant. Et l’humilité n’empêche pas l’ambition : «Bob n’a participé qu’à un seul semi-marathon jusqu’à présent. J’ai pour moi l’expérience. Mais il se retrouve un peu dans la situation que j’ai connue, il y a quelques années, quand j’étais jeune et que Vincent (Nothum) et Pascal (Groben) étaient là. J’avais envie de les battre, mais j’éprouvais énormément de respect pour eux.»

Un scénario connu d’avance

Pol Mellina sait à quoi s’attendre : « Sur la Route du Vin, on connaît le scénario. Le premier paquet avec les Africains part devant, ensuite il y a un énorme vide avant de retrouver les autres. Dans ce vide, on va me retrouver moi ainsi que Bob. Et là, il faudra voir. S’il part sur des bases très élevées, comme 3’05 » au kilomètre, je ne pourrai pas le suivre, je ne suis pas capable de courir 1 h 06′ au semi. En revanche, s’il part à un rythme qui me convient mieux, on verra bien ce qui se passera. Il sait qu’il est plus fort que moi. Moi, je sais que pour le battre, il faudrait qu’il se loupe. Mais j’ai plus d’expérience, alors on verra bien. Je peux aussi m’appuyer sur lui pour tenter de faire un bon chrono.»

De son côté, Bob Bertemes s’est bien préparé. Et il vise clairement la victoire : «L’an passé, je partais un peu dans l’inconnu. Désormais, je sais un peu plus à quoi m’attendre. Je sais notamment que j’avais eu trop tendance à faire attention aux autres au lieu de m’occuper de moi», explique l’étudiant en kiné, qui a splitté son année afin de se laisser du temps pour se préparer correctement. Et effectuer plusieurs stages en altitude.

Bob Bertemes a attendu de voir ce qui se passait sur la Kulturlaf, dont il a remportée le 10 km au début du mois : «Le test était concluant. On a décidé de faire la Route du Vin.»

Romain Haas