ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL 2022- Cela faisait treize ans et quatorze matches que le Luxembourg n’avait plus gagné en éliminatoires d’un grand tournoi international.
Treize ans ! C’est fou de s’en rendre compte de cette manière, mais en éliminatoires d’une grande compétition internationale, les Roud Léiwen auront finalement attendu plus longtemps entre l’exploit du Letzigrund contre la Suisse (1-2), le 10 septembre 2008, et cet exploit irlandais, qu’entre la longue période de vide intersidérale entre Malte (0-1) le 22 février 1995 et le retour de la baraka à Gomel, en Biélorussie, le 13 octobre 2007 (0-1).
Oh pas longtemps : 34 jours de plus, mais pourquoi cela nous a-t-il paru moins long? Sans doute parce qu’entre 1995 et 2007, l’attente a paru un gouffre sans fond de 29 défaites consécutives en déplacements. Alors qu’entre Zurich et Dublin, non seulement ce groupe forcément presque entièrement renouvelé (où le seul Lars Gerson était à chaque fois présent) n’a quasiment jamais cessé de progresser. Et en plus, il a glané six matches nuls loin de ses bases dans l’intervalle, dont un retentissant 0-0 en France, le 3 septembre 2017.
En face, il y avait six joueurs de Premier League
Luc Holtz aurait pu saisir la perche qu’on lui tendait en acceptant uniquement de reconnaître que ce succès était loin d’être immérité (c’est un fait), mais il a tenu à se resituer dans ce contexte historique : «Cela reste un exploit», a-t-il dit samedi soir.
C’est sûrement la lecture de la feuille de match qui l’a aidé à estampiller de la sorte ce succès pourtant probant. En face, au coup d’envoi, il y avait six joueurs de Premier League qui pèsent, tous ensemble, avec leurs clubs respectifs de Tottenham, West Bromwich, Newcastle et Sheffield, la bagatelle de 113 matches joués cette saison dans un des championnats les plus puissants de la planète. D’ailleurs sont encore entrés Brady (Burnley) et Long (ex-Southampton, transféré cet hiver).
Toujours est-il que le bilan du Grand-Duché en éliminatoires de Mondial se monte désormais à 6 victoires (et 9 nuls en 133 rencontres) et qu’il faut rappeler, comme ça, au passage, qu’il n’a perdu qu’une seule de ses cinq dernières rencontres dans cette compétition, même si elle pique encore puisqu’il s’agit du 8-0 en Suède. Le bilan est meilleur en éliminatoires d’un Euro, puisqu’il se monte à 8 victoires et 11 nuls en 117 matches. À noter que l’Irlande géographique réussit plutôt très bien aux Roud Léiwen, puisque, en 2012, ils étaient venus chercher un point en forme de petit hold-up à Belfast (1-1) avant de remporter une superbe deuxième manche un an plus tard au Barthel (3-2). On prie pour prendre au moins autant de points sur cette double confrontation. Holtz et ses gars accordent une revanche le 14 novembre.
Julien Mollereau
Les notes des joueurs
L’Irlande n’a pas eu énormément d’occasions de but à faire valoir dans cette partie. Cela n’a pas empêché le bloc défensif installé par Luc Holtz de s’en sortir avec les honneurs et au-delà.
LA DÉFENSE
Moris 8/10 : Encore un arrêt décisif sur sa ligne en début de match, mais aussi une parade dans sa lucarne sur un corner rentrant juste après l’ouverture du score. Même quand il s’est agi de simplement accompagner Browne en sortie de but sans le déséquilibrer, il a été bon. De l’excellent boulot.
M. Martins 6 : Après une petite soirée galère à Debrecen côté gauche, le joueur de Casa Pia a été bien plus rigoureux dans les duels et a même envoyé du lourd en deuxième période, relançant avec autorité. Un petit placement aléatoire en première période, mais on le lui passe largement.
Chanot 8 : «C’était une tour ce soir», a dit Holtz à son sujet. On valide. Pour son grand retour aux matches éliminatoires avec le pays, il a non seulement remporté tous ses duels, mais en plus, a été totalement impérial à la relance, même mis sous pression en tant que dernier défenseur.
Jans 6 : Forcé de s’exiler de nouveau côté gauche, comme trop souvent à son goût à Liège, le capitaine a livré une copie solide.
LE MILIEU
C. Martins 6 : Un gros boulot pour la conservation et l’orientation du jeu, pour bonifier le ballon. Pas le match le plus fou de sa carrière, mais un abattage quand même conséquent pour quelqu’un qui est resté aussi longtemps éloigné des terrains et du très haut niveau.
V. Thill 7 : Une capacité à s’extirper des petits espaces, à provoquer des fautes pour permettre de calmer. Une rapidité d’exécution balle au pied qui a cassé quelques reins irlandais. Ne pas avoir eu à se passer de ses services à Dublin justifie amplement l’acharnement de la FLF à le faire venir. Il a été impliqué dans énormément d’occasions de but et il est peut-être celui qui a le plus tenté sa chance. Remplacé par Deville (79e), qui a tenté de faire valoir son gabarit quand il a été question d’allonger pour faire défiler le chrono. Pas inutile.
O. Thill 5 : Il a fait ce qu’il sait faire de mieux, un travail de harcèlement continu et de liaison dans le redoublement de passes du secteur offensif. Il s’est quand même trompé, juste avant le dernier quart d’heure, sur une passe plein axe interceptée aux 25 mètres. Heureusement qu’elle ne fait pas but…
Barreiro 5 : On n’a pas vu le meilleur de Leo, qui a eu du mal à rentrer dans les duels une bonne partie du match et a dû se contenter, parfois, de faire des aller-retours pour combler les vides, gêner les passes. Son grand mérite : cette aile de pigeon de la 85e minute qui met Gerson Rodrigues sur orbite. Ce n’est pas qu’un heureux hasard. À ce moment du match, avec la fatigue, être là et faire ce geste compliqué, chapeau.
Gerson R. 7 : Du bon boulot dos au but et quand il a fallu prendre la profondeur. Il n’est pas en réussite sur son premier tir, contré, mais avant même son but, il tente un truc fou et manque de réussir un lob de 25 mètres d’un sublime enchaînement après un contrôle extérieur pied droit.
L’ATTAQUE
Sinani 5 : Un match assez obscur. Où il s’est plus battu défensivement qu’il ne s’est signalé pour son apport offensif. Il aura d’autres jours plus convaincants. Remplacé par L. Gerson (90+2).
J. M.