Luc Holtz a dévoilé mercredi sa sélection pour les trois rendez-vous internationaux qui se profilent à l’horizon. Avec une belle surprise à la clé, la présence du latéral jouant aux Pays-Bas Mica Pinto (27 ans), né à Diekirch mais qui était jusqu’à présent privé de sélection par les règlements de la FIFA.
Personne ne l’avait vraiment vu venir. C’est dire si la surprise a fonctionné mercredi en fin de matinée au siège de la FLF à Mondercange. À côté d’un Luc Holtz qui donnait sa sélection pour les trois matches à venir de son équipe, on retrouvait (outre Marc Diederich, le responsable presse) une tête inconnue. Qui s’est révélée être Mica Pinto, le joueur qu’on n’attendait pas dans la liste du sélectionneur. Un nom qui, lui, l’est moins dans la mesure où on parle depuis quelques années déjà dans le giron des Roud Léiwen de ce latéral gauche né à Diekirch voici 27 ans mais qui n’était pas autorisé à jouer avec le Luxembourg en raison de certains règlements FIFA.
«Ce qui se passait», expliquait Marc Diederich, juriste de formation, «c’est que Mica avait évolué avec le Portugal en U18 et U20 alors qu’il ne possédait que la nationalité portugaise via ses parents parce que le droit du sol au Luxembourg est assez récent. Or les règles de la FIFA disaient que le fait qu’il n’avait pas la nationalité luxembourgeoise (NDLR : il l’a obtenue en 2019) lorsqu’il a porté le maillot lusitanien lui interdisait à tout jamais de jouer pour nous».
«Je le connais depuis qu’il est gamin»
Et c’est cette réglementation qui a été assouplie ces dernières semaines. «Le changement de statut est intervenu le 18 septembre dernier et lorsqu’on s’en est rendu compte avec Luc, on a immédiatement pris contact avec Mica pour construire un dossier. Ce dernier a été vraiment très réactif et on a pu déposer une requête détaillée auprès de la fédération internationale le 24 septembre. Et, en faisant jouer nos relations, on a reçu une réponse positive dans la journée.»
Voilà donc Luc Holtz tout heureux de pouvoir compter dorénavant dans son groupe un nouveau joueur évoluant au haut niveau. Car après avoir passé 13 ans au Sporting Lisbonne, Pinto a évolué à Belenenses, à l’Union Madeire et du côté de Huelva (Espagne). Avant de se rapprocher en janvier 2018 du Luxembourg en rejoignant les Pays-Bas. D’abord au Fortuna Sittard, puis au Sparta Rotterdam dont il porte aujourd’hui le maillot.
«Je tiens à saluer ici tout le travail effectué par l’administratif de la FLF dans ce dossier. Parce qu’en récupérant ce genre de joueur, on peut peut-être encore franchir un palier et faire progresser ce groupe en augmentant la concurrence au sein de celui-ci», lançait de son côté le sélectionneur. «Quand j’ai vu l’assouplissement du règlement FIFA, j’ai tout de suite pensé à Mica et envoyé un message à Marc le concernant. Mica, je le connais depuis qu’il est tout petit. J’ai même dû l’entraîner lorsqu’il avait une dizaine d’années. On voyait déjà tout le talent qu’il possède. J’ai toujours eu peu de doutes sur le fait qu’il réussirait. Et j’ai suivi son parcours par la suite. Au Portugal, puis aux Pays-Bas. On savait qu’il souhaitait jouer pour nous. Et l’envie était réciproque de notre côté.»
Et pour se convaincre de la motivation du garçon à rejoindre les Roud Léiwen, il suffit de savoir qu’il s’est déplacé mercredi jusqu’au Luxembourg uniquement pour être présent lors de cette conférence de presse. Et qu’il repartait dans la foulée de celle-ci pour Rotterdam, où il sera testé pour le Covid ces jeudi et vendredi. Avec l’espoir d’être négatif et de pouvoir participer au match face à l’AZ Alkmaar dimanche, avant de revenir au pays le lendemain pour le stage de préparation en vue des trois matches prévus dans les quinze jours qui viennent : le Liechtenstein en amical au Barthel mercredi prochain, puis deux matches de la Ligue des nations face à Chypre (samedi 10 octobre) et au Monténégro (mardi 13 octobre).
Julien Carette
«Luc Holtz voulait me faire venir à Ettelbruck»
Mica Pinto, le néo-Roude Léiw, a connu les sélections de jeunes du Portugal mais s’est toujours senti «luxembourgeois autant que portugais. Jouer pour cette sélection est donc tout naturel.»
Une dizaine de sélections avec les U18 portugais, une quinzaine et une Coupe du monde disputées avec les U20, 13 années au Sporting Portugal… Des anciens équipiers s’appelant William Carvalho, André Gomes… Le CV de Mica Pinto est impressionnant.
Quel a été votre parcours avant de vous retrouver désormais aux Pays-Bas, au Sparta Rotterdam ?
Mica Pinto : J’ai commencé le foot à Diekirch et c’est là-bas que j’ai évolué jusqu’à mes 11 ans. Passant également mes mercredis sur ce site de Mondercange. Après, j’ai effectué six mois au FC Metz avant d’opter pour le Sporting Lisbonne où j’ai évolué pendant 13 ans. Parce que je savais que c’était la meilleure formation possible. Et ce fut un super choix. J’y ai notamment paraphé un contrat de cinq ans en revenant de la Coupe du monde U20 disputée en Turquie en 2013.
Avec un tel parcours, vous avez forcément dû penser à la Seleção portugaise ?
Si je vous répondais non, je vous mentirais. C’est normal d’y avoir pensé. Encore plus quand vous avez vécu une expérience comme celle de 2013. Mais j’ai toujours eu le Luxembourg dans mon cœur. Encore plus quand les choses sont devenues plus difficiles dans ma carrière.
À quel moment avez-vous pensé que vous n’alliez peut-être pas faire la grande carrière que vous espériez ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
C’est le genre de chose auquel on pense tout le temps. Il y a des moments clés dans une carrière. Et quand le train est passé, eh bien, il ne repasse pas une deuxième fois. Certaines opportunités ne se sont pas présentées. J’avais besoin de temps de jeu pour progresser et il n’y en avait pas… Que ce soit au Sporting ou dans les clubs qui ont suivi : Huelva en Espagne, où j’ai été prêté six mois, Belenenses ou l’Union Madère. C’est pour ça que lorsque le Fortuna Sittard, qui était alors en D2 néerlandaise, s’est présenté en 2018, je n’ai pas hésité une seconde. Parce que je savais que je jouerais. Et puis, cela me permettait de me rapprocher de ma famille qui habite toujours Diekirch.
Luc Holtz a expliqué qu’il vous avait côtoyé quand vous étiez enfant…
Il entraînait à Ettelbruck et moi, je jouais à Diekirch qui est un grand rival. On a été souvent en contact. Et il voulait me faire venir à Etzella, mais je n’ai jamais accepté (il rigole). Mon enfance, c’était Diekirch. Depuis que j’évolue aux Pays-Bas, j’y reviens tous les quinze jours. Je me sens autant luxembourgeois que portugais. Donc jouer pour les Roud Léiwen n’est pas un choix. C’est quelque chose de naturel pour moi. Je me sens fier de faire partie de cette sélection.
Avec trois défaites en trois matches, le début de saison du Sparta Rotterdam est compliqué en Eredivisie…
On avait un calendrier compliqué pour débuter, avec notamment l’Ajax et Vitesse. Et là, on va jouer l’AZ et Feyenoord. On savait donc que les cinq premières journées seraient compliquées. Mais avec le groupe que nous possédons, on va relever la tête par la suite.
Recueilli par J. C.