Mondial polémique au Qatar, l’adversaire du jour, non-libération de Vincent Thill : Paul Philipp se désole, on ne parle plus de football à l’heure actuelle.
Affronter le Qatar en amical, en ce moment, est-ce périlleux vu les accusations assez graves portées contre l’organisation de sa Coupe du monde, l’année prochaine ?
Je crois que tout le monde connaît les problèmes qu’il y a là-bas… à ce qu’il paraît. Tout le monde a vu les chiffres publiés, notamment sur le nombre de morts (NDLR : d’ouvriers décédés dans la construction des stades qui seront utilisés lors de la compétition). Ce n’est pas à nous de dire si c’est la vérité. Nous, on a juste à estimer que la FIFA et l’UEFA font ce qu’il faut pour que tout ce qui est dit soit évité le plus possible. Rappelons-nous aussi qu’il n’y a pas que le football qui aille au Qatar ces dernières années. Quand je vois toutes les compétitions qu’on y organise, de plein de sports différents…
Pas facile, dans ces conditions, de prendre le risque de laisser joueurs et staff libres de leur parole, si ? Ont-ils été briefés pour éviter tout incident diplomatique ?
J’ai lu une interview de Laurent Jans (NDLR : accordée à nos confrères du Wort) où il dit grosso modo qu’il ne se focalise pas trop sur l’adversaire, point à la ligne. Et non, nous n’avons briefé personne, ce serait contre-productif. Les joueurs n’y peuvent de toute façon rien du tout et puis nous avons bien d’autres problèmes à gérer, comme le Covid. Finalement, en partant, ce matin, j’ai dit à ma femme : on parle de la pandémie et de ses conséquences, on parle du Qatar, mais plus personne ne parle vraiment de football.
Qu’aimeriez-vous que l’on dise sur cette rencontre face au champion d’Asie, qui doit mettre les Roud Léiwen sur orbite avant le début des éliminatoires ?
Si c’est nous qui avions dû choisir, on n’aurait jamais joué ce match-ci, dans un endroit qui, en plus, n’arrange pas grand monde.
En 1994, on jouait des matches à midi, à Disney World, par 50°C
A-t-on le droit de vous demander ce que vous en pensez, de ce Mondial au Qatar ?
Est-ce opportun ? Rien que les températures posent un problème énorme. Mais je ne suis pas contre l’ouverture, on ne peut quand même pas que jouer en Allemagne ou en Angleterre. Et puis, rappelez-vous en 1994 ! Là, nous jouions des matches de Coupe du monde à Disney World par 50°C, à midi, pour que nous puissions avoir les matches en prime time en Europe !
Les Qatariens se déplacent peu au stade, mais regardent beaucoup leur football à la télé. Ce match vous rapporte-t-il plus d’argent en droits télé ?
Non. On n’a rien de plus. Cela rentre dans le cadre du contrat que nous avons avec l’UEFA, un peu comme si, au lieu d’être dans un groupe à cinq, nous étions dans un groupe à six. Mais je m’attends forcément à ce que cette rencontre soit bien plus suivie au Qatar que chez nous, parce qu’eux, demain (NDLR : ce mercredi), ils commencent à préparer leur Mondial.
Trouver un lieu pour cette rencontre a été difficile. Vous avez dû organiser initialement un déplacement à Vienne avant de le relocaliser à Debrecen. Cela vous a-t-il coûté de l’argent ?
On avait pris les devants. L’avion était commandé, l’hôtel réservé, mais on avait fait mettre une clause au contrat indiquant que rien n’était valable si le match n’était pas confirmé. De toute façon, c’était l’une des conditions à l’intégration du Qatar dans ce groupe : que les déplacements restent abordables sportivement et financièrement.
Pourquoi ne pas jouer dans le nouveau stade en juin avec 30% de la capacité et des tests antigéniques ?
L’autre dossier de cette reprise, c’est la non-libération de Vincent Thill par son club du Nacional Madère.
J’aurais envie de lui dire que ce qu’il vit, moi aussi je l’ai vécu, il y a longtemps, où les dates internationales n’étaient pas bloquées et où les fédérations faisaient un peu comme elles voulaient pour s’organiser. Alors avec les clubs, une fois ça allait, une fois ça n’allait pas. Cela dépendait du classement, de comment on avait joué le week-end d’avant et à chaque fois, c’était surtout des discussions sans fin dans lesquelles le joueur n’est jamais gagnant. En fait, Vincent est aujourd’hui dans la pire des situations possibles, mais si je devais le conseiller, je lui dirais de rester là-bas. Ou alors c’est qu’on aura réussi à trouver un accord avec son club. Une chose est sûre : on ne fera rien sur le dos du joueur !
Laurent Jans, aussi, a des soucis avec son club. Et il se murmure que vous aussi avez entendu parler de façon assez précise de cet accord contractuel qui impose des bonifications au Standard au cas où le défenseur dépasserait un certain nombre de matches, ce qui justifie actuellement sa mise à l’écart.
Ce sont des bruits qui courent effectivement et je les ai entendus. Mais je n’en ai pas encore eu confirmation. Après… ce genre de choses se fait plus souvent qu’on ne le pense. Et dans ce cas, un joueur qui est en balance dans l’esprit de son coach doit s’attendre à ce genre de répercussions. Et aujourd’hui, cela ne fait ni les affaires de Laurent ni les nôtres.
Mercredi dernier, lors de sa conférence de presse, Luc Holtz a confirmé la tenue de matches en juin. Vous pouvez nous en dire plus ?
En fait, on est obligés. Cela rentre dans le cadre du contrat avec l’UEFA. Nous en aurons deux et on va essayer de faire en sorte d’en jouer un à domicile et un à l’extérieur. Celui à domicile, on aimerait bien le faire dans notre nouveau stade et si possible avec la jauge FIFA. Dans leur règlement, on indique qu’on peut jouer à 30% de la capacité, ce serait déjà bien, même s’il faut en passer, pour ça, par des tests antigéniques. Pourquoi pas ?
Entretien avec Julien Mollereau