En difficulté dans son club russe d’Oufa où il a perdu sa place de titulaire, Olivier Thill a retrouvé avec plaisir une sélection qu’il sait sur le bon chemin. Interview avant la rencontre de qualification pour l’Euro mardi soir, contre la Serbie.
Vous étiez titulaire avec la sélection jeudi soir en Irlande du Nord. Cela a dû vous faire un bien fou vu que vous êtes sur le banc depuis la mi-août avec Oufa, en Russie…
Olivier Thill : C’est clair, oui. J’étais réserviste lors des trois derniers matches en Premier League russe… Cela fait toujours plaisir de voir que le sélectionneur national te fait confiance. Quand j’ai débarqué en début de semaine dernière, on a discuté cinq à dix minutes ensemble. De la manière dont mon équipe évolue tactiquement, mais aussi de ma situation à Oufa. Je lui ai parlé des choses pas très normales à mes yeux qui se sont passées en Russie. Il voulait voir si je n’étais pas trop affecté. En même temps, il me connaît bien. Il sait que je suis quelqu’un qui ne se pose pas trop de questions et qui se donne toujours à fond. Et ça, même si je ne suis évidemment pas content de ne pas jouer davantage…
Qu’est-ce qui s’est exactement passé dans votre club russe ?
On a joué un match à Tula (NDLR : le 11 août) où nous n’avons pas été très bons, alors qu’on pouvait s’attendre à mieux. Et après cette rencontre, il y a eu un souci dans le vestiaire. J’ai senti qu’on me pointait du doigt comme le principal fautif… Après, je n’ai pas trop envie d’en dire plus…
Vous en avez reparlé avec votre entraîneur, Vadim Evseev ?
Oui. Mais depuis lors, je me suis retrouvé sur le banc. Je ne peux que l’accepter, en espérant que ce ne soit qu’une petite phase… Comme je l’ai dit, je ne me pose pas trop de questions. Je bosse aux entraînements, je me donne à fond. Si je fais mes matches, l’entraîneur n’aura pas trop le choix, il devra me mettre sur le terrain.
Je continue à me sentir bien en Russie
Cela n’a pas l’air toujours simple avec celui qui est votre coach depuis mars dernier…
Oui, c’est un peu compliqué…
Oufa a perdu son dernier match (1-2). C’était à domicile face au dernier, Orenburg. Or vous avez réussi une bonne entrée, avec une passe décisive à la clé. Cela peut changer la donne ?
Je l’espère. Je suis bien monté au jeu lors de cette partie. C’est à moi de faire tout ce qui est en mon pouvoir lorsque je serai rentré en Russie après cette trêve internationale pour montrer mon envie, que je peux apporter quelque chose en tant que titulaire lors de notre prochaine rencontre face au Dynamo Moscou. Même si j’ai donc connu quelques soucis dernièrement, globalement, je continue à très bien me sentir là-bas. Surtout que ma copine vit désormais avec moi en terre russe. Et que ma maman et mon petit frère sont également venus me rendre visite. Oufa n’est pas le plus grand club de Russie, mais je continue d’y progresser.
Le vœux d’une saison « plus sereine »
Voici un an, lorsque vous êtes arrivé à Oufa, votre club était dans une belle dynamique. Aujourd’hui, après un dernier exercice difficile où vous vous êtes sauvés de justesse, le climat doit forcément être plus lourd ?
C’est vrai que voici un an, le club sortait d’une belle sixième place et d’une première qualification en Europa League. Forcément, après, quand tu enchaîne les défaites comme la saison dernière… On ne jouait pas si mal que ça, mais on connaissait des soucis devant le but et on prenait souvent le but qu’il ne fallait pas en fin de match… Ici, par contre, notre début de saison est correct. Dommage cette défaite face à Orenburg, parce que, sinon, on était assez tranquilles (NDLR : Oufa est 8e, sur 16, avec 10 points après 8 journées). De la 6e à la dernière place, c’est très serré. Mais je suis certain qu’on va connaître une saison bien plus sereine.
Pour en revenir à l’équipe nationale, que retenez-vous de ce match amical livré en Irlande du Nord ?
Qu’on méritait plus que cette défaite 1-0. Tout le monde a vu que, dans les 30 derniers mètres nous n’étions pas assez décisifs… Avec les joueurs de qualité que nous possédons, il y a moyen de faire mieux. On ne peut jamais perdre cette rencontre. On doit au moins tenir le nul… On a eu la possession de la balle. Footballistiquement, nous étions tellement meilleurs que notre adversaire britannique. Mais il faut garder en tête que cela ne reste qu’un amical. L’important, c’est mardi.
« Rendre la vie dure à l’adversaire »
Dans ces qualifications de l’Euro-2020, vous avez bien bousculé l’Ukraine. Mardi justement, on peut espérer la même chose face à la Serbie ?
Nous avons bien joué face au Ukrainiens mais, au final, nous avons été battus deux fois (NDLR : 1-2 au Barthel et 1-0 en déplacement). Dans le vestiaire après le match, on avait les boules, on était tristes et fâchés. La mentalité a changé ces dernières années. Désormais, on est là pour rendre la vie dure à notre adversaire. Plus pour tenter de limiter la casse. Il n’y a plus trop d’équipes dont on doit avoir peur. Avec la qualité de ce groupe, notre système… Le chemin qu’on suit est le bon. Après, on sait bien que sur papier, la Serbie est au-dessus de nous. On sait aussi que si on s’aligne à 90 % de nos moyens, on va se prendre une raclée. Mais avec ce groupe, il n’en sera pas ainsi. On croit en nous et on se focalise sur nous-mêmes. Et nous savons également que si tout le monde donne le maximum de ce qu’il a dans le ventre, on a une chance! Et puis, notre adversaire a un peu la pression en se déplaçant chez nous.
Vu les résultats obtenus ces derniers temps, le public attend de plus en plus de vous…
Il faut toujours bien garder dans un coin de sa tête que nous ne restons « que » le Luxembourg. Il ne faut pas se voir trop beau. Il faut garder les pieds sur terre. Après, tout le monde a bien remarqué notre progression. Et il reste encore une marge de progression. On a encore besoin de temps. On a bien vu, par exemple, jeudi dernier que face à un adversaire regroupé, on peut connaître encore des soucis. On doit encore bosser tactiquement, nos mouvements… On reste une jeune équipe. Mais je suis convaincu que le foot luxembourgeois sera beau à voir dans les prochaines années.
Entretien avec Julien Mollereau