Voici deux ans, on découvrait Leandro Barreiro face aux Autrichiens. Demain, il sera peut-être le joueur de cette génération qui pourra tutoyer les sommets européens.
Le 27 mars 2018. Le public du stade Josy-Barthel découvre pour la première fois sur la pelouse un jeune milieu de terrain qu’on reconnaît à ses (courtes) dreadlocks dont les pointes sont rouges comme le maillot qu’il porte. Il a fait ses débuts avec la sélection cinq jours plus tôt lors d’une victoire à Malte. Mais c’est face à l’Autriche, dans ce match amical, que tout le monde peut vraiment le voir. Il n’a alors que 18 ans, n’est pas très grand (annoncé à 1,74 m), pas très épais non plus, joue avec les U19 de Mayence, mais possède une hyperactivité et un volume de jeu rares.
«À ses débuts, il faisait un peu « léger »», se souvient d’ailleurs Sébastien Grandjean, l’entraîneur du Fola qui analyse les matches de la sélection pour notre journal. «Aujourd’hui, il est devenu un athlète. On sent que l’encadrement professionnel dans lequel il évolue au jour le jour l’a fait beaucoup progresser sur le plan physique.»
«Je ne le connais pas bien sur le plan personnel, mais pour ce que j’en ai vu, il a le gabarit, le physique, pour s’imposer. Il est costaud sans l’être. Il faut savoir mettre et surtout encaisser les coups comme il le fait aujourd’hui en Bundesliga. Jouer dans ce championnat, physiquement parlant, cela n’a rien de simple», complète l’ancien sélectionneur et directeur technique Guy Hellers. Un Guy Hellers qui, lorsque nous l’avions interrogé voici quelques jours sur la confrontation en Ligue des champions entre Gerson Rodrigues et Miralem Pjanic, avait glissé le nom de Leandro Barreiro comme leur possible successeur à ce niveau. C’est même le tout premier nom qu’avait lâché l’ancien joueur du Standard, avant celui de «Kiki» Martins. «C’est celui de cette génération-là que je vois aller le plus loin», confirmait-il mardi.
«Vous l’avez déjà entendu réclamer davantage de temps de jeu ?»
Hellers, comme Grandjean, voit une «marge de progression énorme» chez ce garçon de 20 ans. «Sa postformation est finie. Maintenant, il doit grandir, prendre encore davantage de place dans sa position de „fourmi travailleuse“ en milieu de terrain. Pour moi, il sera au sommet dans deux ans. D’ici là, il doit continuer son écolage, bosser, se remettre en question…», explique le technicien belge.
Si tous les deux croient tellement en ce garçon, c’est aussi parce qu’il possède une qualité pas si évidente à trouver chez les jeunes joueurs de la génération actuelle : l’humilité. «Vous l’avez déjà entendu lui ou son entourage dire qu’il ne joue pas assez avec Mayence (NDLR : trois titularisations et une montée au jeu en sept matches de Bundesliga cette saison) ? Qu’il regarde à un nouveau club pour obtenir davantage de considération? Non», reprend Hellers. «Il est dans le vrai, il franchit étape après étape. Et sait prendre son mal en patience pour réussir.» Avant de conclure : «Pour réussir à ce niveau, il ne faut pas seulement savoir manier un ballon. Il faut avoir la tête sur les épaules. Et c’est ça, au-delà de ses qualités de footballeur ou de son intelligence de jeu, qui me fait dire qu’il fera son chemin.»
J. C.