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[Roud Léiwen] Holtz, prêt à commettre un crime sans témoin


La Serbie espère encore se qualifier, le Luxembourg veut l'en empêcher et pourrait ainsi faire oublier pas mal de frustrations du match aller. (Photo : Luis Mangorrinha)

Le Luxembourg a encore peut-être un rôle d’arbitre à jouer dans ce groupe B des éliminatoires à l’Euro-2020. Et il veut le jouer à fond, ce jeudi soir à Belgrade (20h45), dans un stade vide ou presque.

En football, il arrive souvent que les légendes aient la peau dure et que les efforts de l’UEFA pour les ripoliner ne fonctionnent qu’à moitié. Hier, les Roud Léiwen sont allés s’entraîner en soirée et ont pu vérifier que ce fameux couloir qui serpente sous la Delije Sever, la tribune qui concentre les supporters les plus chauds du Marakana, a en effet été refait mais qu’il reste chargé d’histoires à se pisser dessus. Les murs ont été repeints pour devenir moins oppressants et le vieux sol en bitume craquelé a été recouvert d’une moquette imitation gazon dérisoire qui n’ôte pas au lieu tout son caractère inquiétant.

Car en amont de ce long tube, les tags se multiplient dans la zone des vestiaires et en aval trône encore une gigantesque tête de mort qui en dit long sur le sens de l’hospitalité tel qu’on le conçoit dans les stades serbes et celui-ci en particulier. En un mot comme en cent, le huis clos peut faire rager tant il faut avoir vécu une ambiance de ce genre au moins une fois dans sa vie, mais cela ne fera de mal à personne d’être débarrassé de ce genre de pression.

Car Luc Holtz et ses gars, qui bouclent aujourd’hui une campagne éliminatoire qui restera belle quoi qu’il arrive, ont beaucoup de choses auxquelles penser. Évacuer la variable hooligans n’est pas un luxe. Cela recentre les préoccupations. La récupération déjà. Le staff technique lui a consacré la moitié de son stage. La recomposition tactique née de l’incapacité d’aligner ce qui ressemble désormais furieusement à la paire de récupérateurs des dix prochaines années : «Kiki» Martins (convalescent) et Leo Barreiro (suspendu). «Ce sont deux pions essentiels de notre milieu, a consenti Holtz, visiblement embêté. Et à cause de ça, je ne peux pas vous répondre sur notre organisation mais une chose est sûre, il faudra changer certaines choses.»

Dernier souci majeur de ce déplacement serbe : Aleksandar Mitrovic, qui avait signé un doublé à l’aller. «On va le prendre dans notre équipe, avec lui, on aurait gagné le match aller», a ironisé Holtz quand il lui a été demandé la meilleure manière de mettre l’attaquant de Fulham sous l’éteignoir. «Avec ses capacités physiques, c’est très dur de parvenir à le maîtriser. Ses déplacements sont intelligents, il sait se servir de son corps.» Et le Luxembourg a pris au moins un but à chacune de ses sorties depuis octobre 2018…

Ce groupe B les a «très mal payés»

C’est pourtant sa quatrième place et son bilan d’une année de compétition que le Grand-Duché commence à venir défendre, ici, dans les Balkans. «Ça nous tient à cœur», a reconnu le sélectionneur. Forcément, lui qui n’a de cesse de répéter qu’avec un arbitrage plus clément, les Roud Léiwen compteraient bien plus que 4 points, qu’ils sont globalement «très mal payés» de leurs performances et qu’il n’est pas inconvenant de s’imaginer un destin d’arbitre pour la qualification entre Serbes et Portugais, dans cette ultime semaine de compétition.

Suffirait d’un exploit. C’est ce que redoute son homologue, Ljubisa Tumbakovic : «Le Luxembourg est une équipe qui a un niveau de jeu enviable et nous l’avions vu lors du match aller et sur bien d’autres dans cette poule.» Voyez, il n’y a plus assez de temps de cerveau disponible, dans ce contexte, pour songer à l’atmosphère qui aurait pu être celle d’un match aussi important. La Serbie espère encore se qualifier, le Luxembourg veut l’en empêcher et il faudrait en plus introduire au milieu de tout ça la variable d’un environnement totalement incontrôlable ?

Non, on sera finalement bien, ce soir, les yeux dans les yeux, football contre football. Si Holtz veut pouvoir «un jour rivaliser pour les places donnant accès aux grandes compétitions», il faut commencer à apprendre à ne pas perdre ce genre de match, profiter des circonstances quand elles sont favorables. Même quand l’entrejeu est décimé, même quand les joueurs sont fatigués, même quand l’avant-centre adverse marque but sur but depuis le début de saison…

À Belgrade, Julien Mollereau