Les Roud Léiwen peuvent remporter leur groupe de Nations League ce samedi soir à Nicosie (18 h), contre l’adversaire qui leur a posé le plus de soucis dans cette campagne, Chypre.
Gerson Rodrigues s’est arrêté poliment et avec un petit sourire navré, mercredi soir, en croisant l’officier de liaison venu récupérer les Roud Léiwen à l’aéroport de Larnaca. Il l’a attrapé gentiment par l’épaule pour lui signifier qu’il y avait une petite erreur sur le pannonceau qu’il portait et qu’il a affublé la sélection luxembourgeoise du drapeau… de la République tchèque. Il faudrait peut-être y voir le signe qu’il est plus que temps que ses adversaires apprennent à situer le Grand-Duché sur la carte du football continental !
C’est justement ce que Luc Holtz et ses hommes sont venus faire à Chypre. Conserver la première place du groupe 1 devant le Monténégro pour envisager d’aller finir le boulot mardi soir au Barthel (si nécessaire), malgré cette désespérante certitude que ce qui serait le plus bel aboutissement de l’histoire footballistique du pays, une première place de groupe, pourrait se fêter dans l’anonymat des restrictions sanitaires, après plus d’un siècle de frustrations.
Mais même avec ce coronavirus qui gâche beaucoup de choses, cette semaine de vérité peut être historique. L’événement serait sans doute moins grand, aux yeux des béotiens du ballon rond, qu’un match nul en France (0-0, septembre 2017), qu’un autre partage en Italie (1-1, juin 2014), qu’une victoire en Suisse (1-2, septembre 2008) ou même que cette campagne des dix points (1995) dont on parle aujourd’hui de moins en moins. Reste que sportivement, tendre toutes les forces d’une fédération vers un objectif et parvenir à l’atteindre a autrement plus de puissance qu’un exploit d’un jour ou une superbe campagne datant de 25 ans et restée dans les mémoires pour la forme. Cela marque moins les esprits et pourtant, c’est bien plus costaud car cela nécessite de durer sur plusieurs mois et de résister à la pression qui colle aux basques des ambitieux.
Cinq joueurs menacés de suspension !
Au Neo GSP Stadium, ce samedi soir, les Roud Léiwen chercheront à marcher sur les traces du F91, vainqueur ici même en phase de groupes d’Europa League (3-4) grâce à un doublé de Danel Sinani contre l’APOEL le 19 septembre 2019. Ce soir, ils peuvent plier l’affaire. Il suffirait de s’imposer et que, dans le même temps, l’Azerbaïdjan gagne chez lui contre le Monténégro. Tout dans cette phrase est de l’ordre du possible et même du raisonnablement crédible, même si Chypre, qui ne peut plus rien espérer dans cette poule (d’ailleurs, son sélectionneur belge, Johan Walem, joue un peu sa tête cette semaine), est aussi l’équipe qui a le plus perturbé le leader luxembourgeois sur cette campagne.
Le Luxembourg, toutefois, ne calculera pas, dixit Luc Holtz. «On ne pense qu’à ce match contre Chypre», dit-il dans la tournure facile des coaches qui disent qu’ils veulent se concentrer sur le «prochain match». C’est pourtant l’un des corollaires majeurs de cette rencontre : le Luxembourg comptera, au coup d’envoi, la bagatelle de cinq joueurs majeurs sous la menace d’une suspension en cas d’avertissement pour un match contre l’Azerbaïdjan qui pourrait s’avérer décisif mardi. Jugez plutôt : Laurent Jans, Gerson Rodrigues, Dirk Carlson, Vincent Thill, Leandro Barreiro. Ce dernier a indiqué vendredi faire abstraction de cette inquiétante menace. «J’aimerais ne pas prendre de carton jaune bête, mais des fois, c’est mieux d’évacuer ça de son esprit, sinon c’est comme ça qu’on en prend.» Et c’est aussi à craindre de ne pas faire le boulot qu’on se rate. Il y a pourtant l’histoire à écrire, ce samedi soir…