Florian Bohnert fait des étincelles en DN, repositionné en latéral droit par Stéphane Leoni au Progrès. Assez pour bousculer une hiérarchie professionnelle chez les Roud Léiwen?
Les suiveurs de la Division nationale vont devoir se faire à l’idée qu’un jour les joueurs qu’ils croisent à la buvette aux alentours de 18 h 30, chaque week-end, pour débriefer dans une convivialité bien de chez nous la journée de championnat ne fouleront plus la pelouse du stade de Luxembourg à l’occasion des matches internationaux.
Leur proximité avec la sélection y perdra ce que la qualité de cette dernière y gagnera, mais cela sera à n’en point douter un gros pincement au cœur.
Déjà, l’identification s’estompe. Aujourd’hui, ils ne sont ainsi plus que deux joueurs de champ dans la liste de Luc Holtz pour la venue de l’Irlande du Nord et le déplacement en Bosnie : le Dudelangeois Edvin Muratovic et le Niederkornois Florian Bohnert. Comment ces deux garçons vont-ils exister en ce mois de mars au milieu de ce groupe de compatriotes professionnels?
Deuxième meilleur joueur de DN en 2022
C’est une question que l’on se pose un peu plus pour Bohnert, qui se trouve à une curieuse croisée des chemins : revenu au pays pour «faire des statistiques», comme il l’a dit lors de la conférence de presse de sa signature, victime d’un violent coup de mou à l’automne, il a été repositionné arrière droit à l’entrée dans l’hiver.
Visiblement, ça l’a sauvé puisqu’il est, en 2022, l’un des tout meilleurs joueurs du pays. Au même niveau qu’un Abreu (Pétange) ou qu’un Alagbe (Jeunesse). Seul l’Hesperangeois Dominik Stolz fait mieux en termes de notes…
Accepter de reculer, c’est sans doute la meilleure décision que j’ai prise depuis longtemps.
«Accepter de reculer, c’est sans doute la meilleure décision que j’ai prise depuis longtemps, concède l’ancien joueur des réserves de Mayence et Schalke. Stéphane Leoni était le deuxième coach à m’en parler en deux ans. Je sais qu’il a aussi évoqué la question avec Luc Holtz, mais je ne sais pas ce qu’ils se sont dit.»
Pas besoin de demander au coach du Progrès ou au sélectionneur de dévoiler leur intimité de techniciens. La présence de Bohnert dans la liste, alors qu’un Skenderovic par exemple, lui, n’y est pas («Ça lui a fait un peu mal, mais il garde la tête haute»), parle en faveur du choix de Leoni, de l’acceptation par le joueur et de ce qu’il en est ressorti : «Là, j’ai les jambes pour mettre le feu pendant 90 minutes.»
Jans? Martins? Costaude, la concurrence
Oubliée, loin derrière, la déception du mois d’octobre dernier et de sa non-sélection pour les rencontres face à la Serbie et au Portugal.
Bohnert l’a même plus que compris, ce choix douloureux du sélectionneur : «C’était très raisonnable. Il a eu tout à fait raison et il faut le dire très clairement : je n’étais pas performant. Même si ça fait mal, il n’y avait aucune injustice là-dedans. J’ai compris et je le lui ai dit.»
Pas sûr pourtant que sa cause ait énormément progressé depuis, malgré son rappel chez les Roud Léiwen.
À 24 ans, alors que son club évoque le départ «probable» de deux à trois nouveaux joueurs vers le monde pro cet été, on voit difficilement comment il pourrait ne pas être concerné.
Alors que Luc Holtz en personne a indiqué jeudi dernier que Bohnert n’allait «pas tarder à redevenir pro»…, il se retrouve quand même en concurrence frontale, au poste d’arrière droit, avec le capitaine de cette sélection, Laurent Jans, mais aussi avec un Marvin Martins qui lorgne une place en Coupe d’Europe avec l’Austria Vienne.
Injouable? Bohnert, malin, contourne l’obstacle : «Je reste polyvalent. Je peux jouer à gauche. Et puis je suis encore un ailier! C’est quand même un poste que j’ai occupé pendant dix ans!» En concurrence, d’accord, mais pas frontale.
Et même s’il parle de sa nouvelle vie de défenseur comme d’une «position idéale» qui ne l’empêche pas de rechercher à faire du chiffre (deux buts et une passe depuis début décembre), son objectif chez les Roud Léiwen reste de jouer. N’importe où.
Et même si l’on fait partie des 9,5 % de joueurs de champ à être toujours amateurs…