Les titulaires de la sélection nationale de foot ont vécu un mois compliqué. Temps de jeu léger, résultats globalement médiocres. Il faut s’inquiéter ?
Prenez un onze de base d’expatriés. Maintenez-le sous la loupe à partir du moment où il quitte la pelouse de Podgorica, le 13 octobre dernier, sur une superbe victoire face au Monténégro (1-2) et partez d’un principe tout bête : alors que deux victoires à Chypre (14 novembre) et contre l’Azerbaïdjan (17 novembre) lui garantissent de finir en tête de son groupe de la Ligue C de Nations League, il serait bon de retrouver des garçons dans le rythme et en confiance.
Un peu moins d’un mois plus tard, vous pouvez soulever la loupe. Le compte n’y est pas forcément. Anthony Moris et Gerson Rodrigues sont restés en tête de leurs championnats respectifs (la D2 belge et la D1 ukrainienne), Mica Pinto s’est exfiltré de la zone rouge avec le Sparta Rotterdam en D1 néerlandaise, Laurent Jans avec le Standard, Lars Gerson avec Norrköping, Vincent Thill avec le Nacional sont installés dans la fourchette haute en Belgique, Suède et au Portugal, mais le constat reste amer : en moyenne, les hommes de Luc Holtz ont finalement peu joué puisque cinq des dix titulaires (Olivier Thill, qui aurait pu être le onzième, a rompu avec Oufa) observés ont disputé moins de la moitié du temps de jeu total auquel ils auraient pu prétendre. Ils ont aussi, finalement, très peu gagné car sur les 41 matches que leurs équipes respectives ont joué dans l’intervalle, neuf seulement ont été gagnés, soit 22 % de succès seulement. Est-ce inquiétant?
Mica Pinto, c’est treize rencontres en deux mois
On a envie de croire que ce n’est pas si désespérant que ça. Parce que si l’on revisite la statistique sur les matches gagnés en ne prenant en compte que ceux auxquels ont effectivement participé les Roud Léiwen, même symboliquement, on remonte à un petit 35 % de victoires. Et puis il ne faut pas oublier de le ramener à la portion congrue. Il y a en effet dans le lot six matches européens, dont trois de Ligue des champions… dont deux contre la Juventus Turin et le FC Barcelone, pour Gerson Rodrigues bien sûr.
Reste que de l’équipe-type que pourrait être susceptible d’aligner Luc Holtz durant cette semaine internationale, à commencer par l’Autriche de David Alaba, mercredi, quatre seulement sont incontournables en club. Anthony Moris, dans ses buts, a d’ailleurs fait un quasi sans-faute avec l’Union Saint-Gilloise, qui bataillera pour gagner sa tranche après la semaine internationale. Quatre matches, quatre victoires, un seul but encaissé et un penalty détourné. Il y a aussi Mica Pinto, dont on va déjà commencer à se demander de combien de poumons il dispose. En dix-neuf jours, il vient de disputer la bagatelle de cinq parties quasiment dans leur intégralité, avec une prolongation en Coupe. Ce qui lui fait tout de même treize rencontres jouées en deux mois.
Des débuts laborieux pour Laurent Jans
Lars Gerson aussi, aurait joué l’intégralité de ce qui se présentait en club si une alerte médicale qui a fait craindre une contamination au Covid ne l’avait éloigné du terrain contre Elfsborg. Pour ce routinier incontournable, le problème se niche ailleurs, c’est-à-dire dans ce qui s’est passé dans l’intervalle laissé libre par les rencontres de Nations League. L’IFK, qui était sur le podium et européen, n’y est plus et ses chances d’y revenir ont considérablement fondu. Même combat pour Danel Sinani, dont on ne doutait pas une seconde de sa capacité à s’imposer assez vite du côté de Waasland-Beveren et qui a même inscrit son premier but en pro contre La Gantoise, d’une lourde volée du droit pour sauver l’honneur (1-4). Mais ce week-end, il a raté un face-à-face avec le portier d’Eurpen qui aurait permis de tuer tout suspense. Résultat, un nul (1-1) qui enlise son équipe dans le bas de classement. Dommage.
L’ancien Dudelangeois a moins à gamberger, toutefois, que les abonnés au banc de touche. Si Dirk Carlson conserve cette aura un peu particulière du porte-bonheur informel de Karlsruhe qui gagne souvent en 2e Bundesliga quand il joue, même des miettes, le latéral gauche s’est contenté de 11 minutes sur 360 possibles, ces derniers temps. Le KSC remonte au classement un peu sans lui. C’eut été pareil pour Leandro Barreiro s’il n’était pas revenu aux affaires contre Schalke 04. Mayence se passait ouvertement de ses services depuis son retour de sélection et cela ne lui réussissait pas. Il a pris un point ce week-end contre le club rhénan (2-2) dans un match où il a fallu deux penalties pour prendre l’avantage, mais un but contre son camp pour le perdre… alors que Leo venait de quitter le terrain.
Mitigés aussi, le mois de Vahid Selimovic en Grèce et celui de Vincent Thill au Portugal. Le premier a raté deux matches. L’un pour blessure, l’autre pour suspension après avoir pris deux jaunes en sept minutes dont un coûtant un penalty sur lequel il manque de vice. Hier, contre Olympiakos, il perd un duel aérien et un ballon plein axe et l’OFI perd 0-2 contre l’Olympiakos. Les temps sont durs pour l’implacable défenseur central de la victoire sur Chypre (2-0), le 10 octobre. Vincent Thill, lui, commence beaucoup de matches à Madère, mais ne les finit pas. Il en a même quitté deux à la pause. Dont celui d’hier contre Gil Vicente, alors que le Nacional était mené 0-1 et après que son gardien a arrêté… deux penalties. Au final, victoire (2-1) sans lui. Dommage (encore), même si le Nacional s’installe en haut de classement.
Restent les Européens. Jans a joué 201 minutes sur 630 possibles avec Liège. Gerson 246 sur 630 avec Kiev. Le premier n’a pas beaucoup gagné (une victoire, deux nuls, quatre défaites), le second a surtout perdu ses chocs (Juve, Barça et Shakhtar hier, en infériorité numérique pendant une mi-temps). Le premier a dû disputer des rencontres délicates qui l’ont desservi même s’il n’a pas commis de grosses fautes, le second a montré de belles choses en pure perte.
C’est là qu’en sont les Roud Léiwen avant de se retrouver à Lipperscheid. Mais c’est aussi généralement le moment qu’ils choisissent tous pour se transcender. Comme si ce qu’il se passe en club, finalement, ne pesait rien au regard de leurs responsabilités nationale.
Julien Mollereau