La Jeunesse sort de deux démonstrations offensives où la vitesse de ses attaquants a fait un carnage. Mais quel type de défense le RFCU, référence de DN, lui opposera-t-il ?
Patrick Grettnich s’agacerait presque. «On n’a pris que huit buts depuis le début de la saison, est-ce qu’on avait vraiment besoin d’un test contre le Titus ?» L’irritation vient d’une question. D’une interrogation plutôt, qui dérive elle-même d’un constat : alors que le coach du RFCU a laissé au repos deux de ses piliers défensifs (Mboup et Henrique) contre Pétange, la défense bien plus véloce qu’il a observée contre un adversaire tout de même privé de Hamzaoui et Abreu était-elle assez convaincante pour être reconduite contre la Jeunesse, samedi ?
C’est-à-dire que ce choc inattendu de la 11e journée entre un dauphin et son leader se jouera peut-être sur la capacité de la défense du Racing à suivre le rythme des attaquants eschois, qui tournent à 2,6 buts en moyenne par match depuis le début de saison.
«Ma défense est le secteur qui me fait le moins de souci», rétorque Grettnich, bravache. Dimanche, contre ce qui était alors le cinquième de DN et la seule équipe à avoir battu la Jeunesse en match officiel, il a fait rejouer Humbert pour la première fois depuis un mois et a offert ses premières minutes de la saison à Nyssen. Et cette défense à trois fut quasi parfaite, dans un style bien plus vivace qu’elle ne l’est avec les monstres physiques que sont Mboup et Henrique, associés au volumineux Simon, seule pièce inchangée de l’échiquier.
«Cela ne va pas encore assez vite pour nous»
Ce coup tactique n’a pas échappé à Marc Thomé. Le technicien eschois salue l’initiative… pour mieux balayer d’un revers de main les incertitudes sur les choix que fera Grettnich pour la prochaine rencontre au stade Camille-Polfer : «Oui, je crois que cette défense-là, celle alignée contre le Titus est un peu plus rapide, mais ça ne change rien : ça ne va encore pas assez vite pour notre attaque !»
La Jeunesse, en ce moment, aligne des avions de chasse. Luisi est en vol plané depuis un bon mois, Kyereh, agacé d’avoir été laissé sur le banc face à Hamm, a été flashé à des vitesses insolentes dans l’espoir de regagner sa place, Er Rafik n’a presque rien à leur envier dans un style bien plus technique que Thomé aimerait apporter de nouveau à son attaque. Le coach n’en dira rien, pas le genre. Mais dans son vestiaire, d’aucuns ont été irrités par les remarques obligeantes de Dino Toppmöller à l’encontre des joueurs offensifs de la Vieille Dame. L’entraîneur dudelangeois s’est servi vendredi de cette impressionnante brochette de pyromanes pour affirmer que la Jeunesse n’a pas le droit de se cacher dans la course au titre. Certains ont relevé que la plupart n’étaient «que n°5 ou 6 au F91» il n’y a pas si longtemps. Ils ont donc des choses à prouver et vite, vite, vite…
Les options défensives du RFCU seront donc déterminantes. Les vieux grognards en forme de «V» ou leurs versions moins lourdes et qui courent le 100 m en deux secondes de moins ? Grettnich «a son idée», mais il ne la formalisera qu’en fin de semaine. Surtout, il doit décider s’il tente de priver la Jeunesse de ballon (son entrejeu en a largement les moyens) ou s’il s’installe bas pour empêcher les attaquants eschois de prendre les espaces. Dans ce cas, Mboup et Henrique feront bien l’affaire.
Pas sûr, d’ailleurs, que cette dernière option fasse les affaires de la Jeunesse. Cela rajouterait deux garçons à plus de 1,90 m à un effectif qui en est déjà riche et qui fait mal à beaucoup d’équipes sur phases arrêtées (en fait, à toutes les équipes). Marc Thomé avoue même que cela l’arrangerait de jouer la même défense du Racing que celle alignée contre Pétange. Le duel psycho-tactique est lancé…
Julien Mollereau