Alors que le Tour de France est reporté de façon inédite à la fin de l’été, les coureurs luxembourgeois livrent leur regard sur cet événement majeur.
Alex Kirsch : «C’est une nouvelle importante, oui. Mais il faut dire que c’est une date mise sans qu’on ait trop d’informations. Ces derniers jours, on avait des indications selon lesquelles la situation semblait s’améliorer et que l’économie pourrait repartir tout doucement. De toute façon, on doit courir pour sauver notre sport. Désormais, on a une idée de quand on va pouvoir recommencer, mais il faut encore attendre les autorisations des différents gouvernements. Ce ne sera pas une saison normale. Ce seront ceux qui parviendront le mieux à s’adapter qui s’en sortiront. Avec autant de courses regroupées en quelques mois, tout le monde va beaucoup courir. Dans mon esprit, je vais faire un grand Tour cette année. Je le veux et je le mérite.»
Michel Ries : «Désormais, on a l’idée de faire un certain programme et ce serait bien que ça se déroule ainsi. Maintenant, il faudra bien évidemment voir quelle sera l’évolution de la situation d’ici là. Ce qui est bien, c’est que tout le monde a désormais une idée de ce à quoi cette saison pourrait ressembler. Mais la décision finale n’interviendra que dans plusieurs semaines, voire les mois prochains. Après, que le Tour se déroule en juillet ou en août, ce n’est pas un problème en soi. Le plus important, c’est que ça ait lieu. Toutes les équipes ont une trentaine de coureurs dans leur effectif, je pense qu’elles n’auront pas de problème pour tout organiser.»
Tout ce qu’on fait à l’entraînement n’est pas vain
Kevin Geniets : «C’est une excellente chose que le Tour de France soit maintenu. C’est très important, que ce soit pour le cyclisme, les sponsors, notre équipe. En plus, on voit que les autres courses vont se dérouler, alors je suis certain de courir de belles courses cette saison. Tout ce qu’on fait à l’entraînement n’est pas vain, ça commence à prendre forme et maintenant on sait pourquoi on s’entraîne. L’enchaînement des grands tours devrait rendre le fait de doubler impossible. Avant la saison, on avait parlé de la Vuelta. À moi d’être en forme pour avoir le droit de faire mon premier grand tour cette saison.»
Jempy Drucker : «Le fait d’apercevoir une petite lumière au bout du tunnel, c’est positif. Tout le monde est content d’avoir quelque chose en vue. Peu importe comment le calendrier est constitué, mais l’important, c’est qu’on puisse de nouveau courir. C’est une date raisonnable, car on peut espérer que le virus aura beaucoup diminué. De mon côté, j’ai hâte de pouvoir participer à nouveau aux monuments flandriens que j’avais ratés l’an dernier.»
Denis Bastien
[Commentaire] Advienne que pourra
Une belle bouffée d’oxygène. La piste d’un départ du Tour de France fin août, qui s’est donc vue confirmée hier, a opéré comme une opération de salut public auprès d’un peloton sens dessus dessous depuis le début du confinement quasi généralisé et l’avant-dernière étape de Paris-Nice qui mettait un point final et brutal à la première partie de la saison.
Chacun connaît aujourd’hui parfaitement l’histoire et le parcours de ce virus ravageur. Son impact sanitaire, médical, économique, scolaire, culturel et sportif. Qu’il y ait bien plus urgent que le sport justement, ce fut une évidence et cela le reste, il n’en demeure pas moins que l’annonce de la reprise de la saison sonne comme une petite renaissance. Une lueur d’espoir. Pour le cyclisme bien sûr, mais aussi pour le monde du sport, puisque le Tour reste plus que jamais, sans doute, la course phare du calendrier et le troisième évènement annuel sportif mondial. Même décalé de plusieurs mois, fait inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Tour, fortement compromis jusqu’à lundi soir et le discours d’Emmanuel Macron, paraît devoir être relancé. Cela reste bien sûr au conditionnel : au train où vont les choses, qui peut être décemment sûr de quoi que ce soit ?
Chacun s’est retroussé les manches
Mais cette petite renaissance, cette lueur d’espoir, a été saluée par tous, et c’est assez inédit pour être signalé. Pour le moment, point de critiques à repérer ou à formuler à l’adresse de l’UCI, la fédération internationale, ou d’ASO, l’organisateur du Tour, omnipotent sur la scène internationale. Chacun s’est retroussé les manches. Les équipes et les grands leaders ont unanimement salué l’initiative. Soulagés de croire à cette relance encore inespérée en fin de semaine dernière. Pour une fois, on ne peut évoquer la frileuse cohésion de groupe qui prévalait depuis des décennies. Avec le sauvetage des grands tours et des Monuments, les instances dirigeantes emmenées par les grands organisateurs ont fait leur travail.
Un moindre mal assurément, car le secteur, comme tant d’autres assurément, n’en restera pas moins en crise et devra lui aussi passer par le tamis du «plus jamais comme avant». Avant d’attendre le début du mois d’août, le départ du Dauphiné, l’organisation des championnats nationaux et le grand départ du Tour du côté de Nice, tout semble avoir été fait pour tenter de sortir du chaos des emmerdements. Pour raviver la flamme. Après, advienne que pourra…
Denis Bastien