Gent Dinaj, 22 ans, est le nouvel avant-centre de l’US Mondorf. Un petit jeune culotté passé par le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille.
Au Luxembourg, on croise de plus en plus de joueurs ayant évolué avec des joueurs qui font aujourd’hui frissonner l’Europe. C’est leur carte de visite : un jour, ils ont joué avec un garçon qui n’était pas encore une star. Cela fait de belles histoires à raconter.
On n’en avait par contre pas encore vu qui ont marqué au Stade de France. Gent Dinaj, nouvel attaquant de Mondorf, si. Le 28 mai 2017, Marseille affronte Montpellier en finale de la Coupe Gambardella et en lever de rideau de celle de la Coupe de France (PSG – Angers). Le petit Franco-Kosovar va surgir pour égaliser (1-1) dans les arrêts de jeu de la première période. À ce moment-là, les supporters parisiens n’ont pas encore commencé à remplir les travées de l’enceinte dionysiaque. Ils sont là en nombre, par contre, au moment de la séance de tirs au but. Une réminiscence irritante pour Dinaj : «Forcément, ils criaient pour supporter Montpellier ! Et ils ont applaudi quand ils ont fini par gagner.»
Gent Dinaj en garde quand même un pas trop mauvais souvenir, car il est, il faut le dire, du coin. Né à Peja, au Kosovo, en 1998, il a grandi à Argenteuil, 10 kilomètres plus à l’ouest du Stade de France. Et a passé une saison chez les jeunes… du PSG, génération Jonathan Ikoné (Lille). «Le Qatar venait d’arriver. J’ai croisé Zlatan et marqué 30 buts, terminant meilleur buteur de ma génération. Mais en vrai, j’ai toujours préféré l’OM au PSG, à cause de l’international albanais Lorik Cana (NDLR : il a joué pour les espoirs albanais et kosovars).» Dinaj s’exfiltre illico à Dijon (20 buts et 10 passes décisives), qui est sur le chemin pour gagner le Sud, y passe une saison puis une autre blanche à cause d’un souci au genou, avant d’atterrir sur la Canebière.
Aké n’a marqué que 16 buts sur la saison. Moi, j’en avais inscrit le double !
Un Titi parisien qui débarque à Marseille, c’est douloureux, non ? Il faut serrer les dents ? «On n’en a jamais vraiment trop parlé avec mes coéquipiers. La rivalité, elle est surtout chez les pros.» Se sentant plus à la maison au centre d’entraînement Robert-Louis-Dreyfus qu’au camp des Loges, Dinaj va sortir deux saisons de haute volée. Meilleur buteur de la Gambardella, il plante 30 buts sur une saison, dont 12 en 34 matches de N2, dans la foulée et commence à se rapprocher de l’effectif pro, où Michel, le coach espagnol, vient d’être limogé. «Frank Passi (NDLR : l’adjoint, qui reprend l’intérim) me kiffait. Son staff avait validé mon passage chez les pros, mais voilà, ils ont recruté Rudi Garcia, qui a fait venir un autre attaquant, Valère Germain. Donc Garcia n’a pas voulu de moi. Il ne me l’a pas dit directement, il me l’a fait dire. C’est ça le foot pro, ça tient à un fil. Chaque année, c’est des histoires de fous.» Dinaj aura eu le temps de jouer deux amicaux avec les pros, encadré par deux futurs champions du monde, Thauvin et Mandanda. «C’était magnifique, mais le plus fort, c’était quand même Maxime Lopez !» De quoi se former de jolis regrets. D’autant que, depuis, l’OM a enfin décidé de faire primer son centre de formation sur le recrutement. Cet été, le jeune Marley Aké a signé son premier contrat pro, bougonne Gent Dinaj, «alors qu’il n’a marqué que 16 buts sur la saison… Moi, j’en avais inscrit le double.»
C’est donc Mondorf qui bénéficiera de ses facilités devant le but. Arrivé un peu en retard à l’entraînement pour un problème de passeport plus valable, il garantit n’avoir jamais «marqué moins de 15 buts sur une saison», ce qui laisse augurer de belles choses pour les Angry Goats dans la course au maintien. «Ce qu’on a recruté, c’est un profil complémentaire de Biedermann, qui est grand, athlétique, travaille dos au but, assure Serge Wolff, ravi. Gent est passé par un centre de formation, ce qui suppose une culture tactique et des qualités techniques. Les échos de mes contacts à Marseille sont très favorables. On ne prend pas qu’un CV.» Rudi Garcia aurait peut-être pu se renseigner…
Julien Mollereau