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Reconnaissance faciale : à quoi joue le FC Metz ?


Selon le club messin, il ne s'agirait que de simples tests. (Photo le Républicain Lorrain)

Les réseaux sociaux se sont enflammés mercredi. Des supporters ont prêté au club messin une pratique de la reconnaissance faciale à l’entrée du stade, hors de tout cadre légal. Le club s’en défend.

De la reconnaissance faciale à Saint-Symphorien? L’étincelle a fait des ravages dans la poudrière des réseaux sociaux. Et les premières réponses du FC Metz ont attisé les flammes en ce mercredi de grand emballement…

L’étincelle? Une interview d’Olivier Tesquet accordée à Streetpress et consacrée aux «nouveaux territoires de surveillance». Ce journaliste, auteur du livre À la trace, expliquait qu’une start-up messine, Two-I, avait «testé un dispositif (de reconnaissance faciale) au stade de football de Metz ».

Ni une ni deux, la toile s’est embrasée et plusieurs supporters ont exhumé de récents souvenirs. Untel a été invité par les services de sécurité à ôter son bonnet. Un autre a dû enlever lunettes et casquette… Le grand emballement était lancé. Chaque individu, fouillé devant le stade ou invité à se découvrir, s’est senti concerné. Fliqué. Certains ont même convoqué George Orwell.

«On n’a pas fait de tests dans le stade»

Soucieux d’éteindre la polémique, le club a vite réagi sur Twitter mais insuffisamment développé sa pensée. «Dans le cadre de la loi Larrivé, uniquement afin de faire respecter les interdictions commerciales de stade, une solution de comparaison faciale a été testée», justifiait-il. «Si la solution devait être mise en œuvre (…), elle le serait bien évidemment dans le cadre légal et réglementaire.» Problème, le soupçon avait déjà fait son chemin.

«On n’a pas fait de tests dans le stade mais avec nos employés, chez nous et avec leur consentement», explique Guillaume Cazenave, dirigeant de Two-I. «En aucun cas, on ne cherche à démocratiser la reconnaissance faciale sur les foules, de manière automatique. C’est contre la loi.»

«Moi, je suis surpris que ce soit assumé publiquement par le FC Metz», rebondit Me Pierre Barthélémy, avocat de l’Association nationale des supporters (ANS). «On peut donner tous les noms qu’on veut. Dans tous les cas, on va se retrouver sur un système de fichiers contenant des données personnelles avec un croisement entre des données nouvelles et des données collectées par les caméras par exemple. La loi n’interdit pas, par principe, la reconnaissance faciale mais elle exige des procédures préalables dans un cadre très strict.»

De nombreux détracteurs

Hélène Schrub ne dit rien d’autre. «Déjà, en aucun cas, on n’a de fichiers sur nos abonnés», répond la directrice générale du club qui évoque des «tests techniques» menés sur des «personnels volontaires de la start-up en vue d’une éventuelle application ultérieure».

«Et si on décide de l’appliquer», poursuit-elle, «on fera tout ce qu’il faut d’un point de vue juridique et cela ne s’appliquera qu’aux personnes interdites de stade».

Fin de la polémique ? Pas sûr… Car la méthode ne manquerait pas de détracteurs. «Encore une fois, on va prendre les supporters pour des rats de laboratoire et ce sport comme terrain d’expérimentation», se désole Ronan Evain, directeur exécutif de Football Supporters Europe. «On est en train de jouer les apprentis sorciers avec une technologie perfectible, dans un cadre légal encore flou. Si c’est pour vérifier que 50 personnes ne sont pas en tribune, je trouve que c’est disproportionné.» Ce sera un autre débat. On n’y est pas. Pas encore…

Christian Jougleux (Le Républicain Lorrain)