Grégoire Munster vit une première saison compliquée en WRC. Mais le Luxembourgeois compte sur les quatre derniers rendez-vous pour montrer de quoi il est capable. Et ça commence dès aujourd’hui, avec le Rallye de l’Acropole.
Il y a un mois, vous participiez au Rallye de Finlande. Et ça ne s’était pas bien passé pour vous. Que vous est-il arrivé ?
Grégoire Munster : J’ai fait un tonneau. J’ai freiné trop tard. La voiture était bien pétée de tous les côtés, mais les mécaniciens ont réussi à réparer en moins de quatre heures et j’ai pu repartir le dimanche. Les conditions étaient compliquées, il pleuvait, il y a eu pas mal de sorties de route.
Et maintenant, place à la Grèce. Qu’est-ce que ça vous évoque ?
C’est compliqué. On l’appelle le Rallye des dieux. Il est connu pour être très cassant. Ce n’est pas comme au Kenya, où il y a des saignées. Mais le terrain est très rocailleux. Avec des plaques de roche ensevelies. Et au fur et à mesure qu’on creuse, on va chercher ces pierres et ces rochers. C’est très dur pour la mécanique, car le terrain est particulièrement défoncé.
Vous le connaissez ?
Oui. Je l’ai fait deux fois. La première, j’ai cassé un bras de direction et on a fini dans le ravin. La deuxième, j’ai fait 5e en WRC2.
On sait qu’en Grèce il fait souvent très chaud. Comment sont les conditions ?
Il y a une semaine et demie, lors de la journée de tests, on était autour de 38-40 degrés. Maintenant c’est plutôt 32-34. Ça reste très chaud, mais c’est plus supportable. Ce qui est dur, c’est que les spéciales sont très longues. Autour de 20 km. Et au fur et à mesure que tu produis ton effort, la température augmente, si bien que les cinq derniers kilomètres sont très éprouvants. On souffre vraiment.
Vous avez expliqué que la première partie de la saison était faite pour l’apprentissage et que, lors de la seconde, vous iriez chercher la performance. Il reste quatre rallyes, on imagine que vos objectifs sont élevés en Grèce ?
L’apprentissage se fait pendant toute l’année. Mais oui, sur ces quatre dernières épreuves, les objectifs sont plus élevés. Je n’ai pas de pression particulière. Mais j’ai hâte d’être au départ. Sur des rallyes qu’on connaît mieux. Où on a plus d’expérience. Le but, c’est de montrer plus de pointe de vitesse. Même si, en Grèce, au vu du terrain, ce n’est peut-être pas la stratégie la plus évidente à adopter.
J’aimerais bien viser des tops 5 sur les quatre derniers rallyes
Avec quel résultat seriez-vous satisfait ?
J’aimerais bien viser des tops 5 sur les quatre derniers rallyes de l’année. Maintenant ce n’est pas évident de se fixer de tels objectifs. La Grèce, on l’a dit, c’est ultrapété. Central Europe et Japon, ça dépend beaucoup des conditions météo. Mais on veut essayer de montrer notre pointe de vitesse. Et signer des tops 3-4 dans les spéciales. On veut être performants.
D’autant plus qu’on arrive en fin de saison. Comment la jugez-vous jusqu’à présent ?
Je m’en veux pour les petites erreurs. En Finlande, si je ne fais pas un tonneau, je peux être cinquième. Au Kenya, si je ne tape pas le rocher, même chose. Dans d’autres courses où on a moins attaqué, on fait huit. À chaque fois, c’est tombé au mauvais moment.
Vous vous inquiétez pour votre place la saison prochaine ? Notamment avec l’émergence de Martins Sesks ?
Je m’attendais à ce que le Letton soit rapide. On dit souvent que le passage entre le Rallye 2 et le Rallye 1 est compliqué. Mais je pense que ce qui joue, c’est bien sûr le manque d’expérience avec la voiture, peut-être pour 10 ou 15 %. Mais surtout le manque d’expérience du terrain, à 80 %. Lui fait le championnat d’Europe depuis cinq ans. La Pologne (NDLR : où il a terminé 5e), il a dû la faire cinq ou six fois. Chez lui, il participe au Rallye de Lettonie depuis qu’il a 14 ans. C’était sa 11e participation. Dans ce cas, tu joues devant, tu sais où tu vas. Maintenant, il est annoncé au Chili. Et j’attends de le voir sur un terrain qui lui est moins familier. Là, on va vraiment pouvoir voir son potentiel. Et clairement, mon objectif sera d’être devant lui.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Le mien, il dépend beaucoup des autres. De ce que les constructeurs vont faire. S’ils décident d’aligner une voiture de plus. S’ils restent ou non dans le championnat. Si Adrien (Fourmaux) part, cela ouvrira une place chez Ford. Dans ce cas, prendront-ils quelqu’un d’autre? Feront-ils confiance au Letton? Me donneront-ils ma chance pour une deuxième saison? Il y a plein de questions qui se posent. On dit souvent qu’il y a très peu de places en Formule 1. Ils sont une vingtaine. Alors qu’en WRC, des pilotes qui font un programme complet, on doit être sept ou huit seulement.
Comment vivez-vous cette situation ?
Je peux seulement faire de mon mieux et après on verra. En tout cas, j’ai hâte de démarrer en Grèce. J’ai vraiment envie de bien faire sur ces quatre derniers rallyes.
Avec des reconnaissances interminables, si j’ai bien compris ?
Oui. Elles sont parmi les plus éprouvantes de la saison. Elles durent trois jours. Et par exemple, lundi, on avait quatre spéciales à reconnaître, donc environ 80 km, on les fait deux fois, donc 160 km. Mais au final, entre les liaisons, les reconnaissances, les routes lentes et tortueuses, le fait de passer d’un côté à l’autre de la montagne, on est partis à 7 h le matin, on était de retour à 20 h et on avait fait 700 km! Il faut dire qu’on va assez loin dans le pays. Les communes veulent nous voir. C’est un peu comme si en Belgique, on allait à Spa, mais aussi à Bruxelles et à la mer! Et la spécificité en Grèce, c’est que si on reconnaît deux fois les spéciales, on ne les fait qu’une seule fois. Le terrain est beaucoup trop défoncé pour en faire deux!